«Bon» ou «mauvais» cholestérol, pics pendant les fêtes, et responsabilité exagérée de l’alimentation… Ces stéréotypes qu’il est urgent de déconstruire. © Getty Images

Pourquoi il n’existe ni «bon», ni «mauvais» cholestérol: «L’alimentation joue un rôle minime»

«Bon» ou «mauvais» cholestérol, explosion des taux pendant les fêtes, et responsabilité exagérée de l’alimentation… Ces stéréotypes qu’il est urgent de déconstruire pour surveiller correctement le taux de cholestérol.

Il faut le dire d’emblée, il n’y a pas, à proprement parler, de bon ni de mauvais cholestérol. Il existe du cholestérol, au sens large. Parfois il est utile, parfois il devient néfaste pour les artères et le cœur. Cette séparation en deux catégories est surtout une image, plus qu’une réalité scientifique.

«Mais elle a son utilité, explique Fabien Demeure, cardiologue-lipidologue au CHU de Namur. Le terme bon et mauvais cholestérol rend les choses plus faciles à comprendre pour le patient. Cette opposition rassure face à une réalité médicale plus nuancée et complexe. Cela permet d’expliquer, avec des mots simples, ce qui augmente ou diminue le risque cardiovasculaire. C’est ce qui compte.»

Ce qui se cache derrière le «bon» et le «mauvais»

Sur le plan biologique, le cholestérol est toujours le même. Il s’agit d’une graisse indispensable à l’organisme, nécessaire aux membranes des cellules et à la fabrication de certaines hormones. La différence entre «bon» et «mauvais» cholestérol ne vient pas de la molécule, mais du transporteur qui la véhicule dans le sang. Le cholestérol circule dans des particules faites de graisses et de protéines, comme des camions sur une autoroute.

Les particules LDL sont les routiers qui livrent le cholestérol vers les tissus, et quand il y en a trop pendant des années, une partie de la cargaison se dépose dans la paroi des artères. Ces dépôts épaississent la paroi et finissent par former des plaques qui gênent la circulation. C’est pour cela que le LDL a hérité du surnom de «mauvais cholestérol».

A l’inverse, les particules HDL ressemblent davantage à des navettes de retour. Elles récupèrent une partie du cholestérol en excès et le ramènent vers le foie, où il pourra être éliminé.

Fabien Demeure insiste sur ce caractère protecteur du HDL: «Tout ça fonctionne en équilibre. Le HDL, qui agit comme un système de récupération, a un rôle très important dans le nettoyage d’une partie du cholestérol qui circule en trop. Il est primordiale d’avoir un bon taux de HDL, mais ça ne règle pas tout.»

Une part génétique importante

Le niveau de cholestérol ne se résume pas à quelques repas trop gras. Une grande part est inscrite dans les gènes. Des travaux récents estiment que l’hypercholestérolémie familiale, une forme héréditaire où le LDL est très élevé dès l’enfance, touche environ une personne sur 250 dans la population belge.

«Dans beaucoup de dossiers, les patients arrivent avec un mode de vie correct, observe Fabien Demeure. Ils ne fument pas, bougent, font attention à ce qu’ils mangent, mais le LDL reste trop élevé. Dans ces cas, le facteur principal est génétique. L’hygiène de vie va aider, mais elle ne suffit pas pour ramener le risque à un niveau acceptable. L’alimentation joue un rôle minime.»

Pour la majorité de la population, même sans maladie génétique clairement identifiée, le mécanisme reste proche. L’organisme fabrique lui-même la plus grande partie du cholestérol, surtout au niveau du foie. L’alimentation joue un rôle réel, mais plus limité qu’on ne l’imagine souvent. «Les études de prévention montrent qu’en mangeant plus sainement et en bougeant de façon régulière, le mauvais cholestérol diminue, mais la baisse reste modeste, de l’ordre de 10%, ajoute le cardiologue du CHU de Namur. Mais qu’on me comprenne bien, cela ne retire rien à l’intérêt de ces mesures saines. Une alimentation plus riche en fibres, en fruits, en légumes et en produits céréaliers complets, la réduction des graisses saturées, la perte de quelques kilos et la marche quotidienne améliorent aussi la tension, la glycémie, le poids et le bien-être général. Le cholestérol s’inscrit dans cet ensemble, pas en dehors.»

L’hygiène de vie reste donc la base: «Elle reste utile, même quand un traitement est nécessaire, insiste Fabien Demeure. Mais il faut être honnête avec les patients, pour certaines personnes à haut risque, un changement de mode de vie ne fera pas passer un LDL très élevé à un niveau vraiment protecteur.»

Le cholestérol des fêtes?

Une question très concrète se pose plus facilement en sortant des fêtes de fin d’année, après plusieurs repas riches en gras et en sucre. Faut-il s’inquiéter pour son cholestérol, voire courir faire une prise de sang après Noël?

Les spécialistes rappellent que le risque ne se joue pas sur quelques jours mais sur des habitudes étalées sur des années. Un contrôle du cholestérol se fait à l’âge adulte, surtout à partir de 40 ans ou lorsque qu’il y a des facteurs à risques comme le tabac, le diabète ou l’hypertension… «Pas besoin d’être calé sur le calendrier des réveillons, rassure Fabien Demeure. Mais il est important de faire des prises de sang dès qu’on en a l’occasion.»

Une fois la prise de sang réalisée, le médecin ne se limite pas aux chiffres isolés du cholestérol. Il les replace dans l’ensemble du profil du patient, et étudie ses antécédents familiaux, sa tension artérielle, son poids, ses habitudes de vie… Les excès de fin d’année peuvent être l’occasion d’en parler en consultation, mais ce n’est pas le repas de Noël qui fait basculer le risque cardiovasculaire à lui seul.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire