A peine est-elle éliminée qu’une autre vient la remplacer. Voici pourquoi les mites alimentaires sont les véritables «ninjas» des insectes de cuisine. Et surtout, comment les chasser.
Des filaments semblables à des toiles d’araignée qui envahissent les rigatonis? Des larves qui pendent au plafond? Il s’agit sans doute de mites alimentaires. Ces papillons de nuit sont malheureusement bien connus pour leur ténacité. «Ces mites sont comme des ninjas, explique le biologiste spécialisé dans la criminalistique Mark Benecke. On croit qu’elles ont disparu depuis longtemps et soudain l’une d’elles apparaît à nouveau. Dans les villes, elles pullulent toute l’année.»
«Mais pas de raison de s’alarmer, précise-t-il. Rien n’est plus simple, en vérité, que de se débarrasser des mites alimentaires.» Les insectes sont son domaine de prédilection. Cet entomologiste médico-légal (l’étude des spécimens qui colonisent les cadavres pour déterminer l’heure ou les conditions de la mort) étudie généralement les créatures rampantes qui colonisent les corps en décomposition. Mais depuis plus de 25 ans, il reçoit des demandes régulières sur ce parasite. Que recommande-t-il en cas d’infestation et pourquoi n’est-il pas nécessaire de jeter toutes les denrées?
D’où viennent les mites alimentaires?
Les mites alimentaires ne sont pas le signe d’un manque d’hygiène. En général, ce sont déjà des produits contaminés qui arrivent dans la cuisine avec les courses. A température ambiante, les insectes poursuivent leur reproduction dans la farine, le muesli et d’autres denrées. Certains spécimens se déplacent et se nymphosent dans des plinthes sombres, des recoins ou derrière les lambris. Si l’on en découvre dans un paquet de nourriture, il convient d’en informer calmement le magasin, car il s’agit souvent du symptôme d’une invasion plus vaste.
«On identifie leur présence aux fils soyeux, aux traces de grignotage ou aux larves fraîchement écloses, parfois visibles au plafond ou autour des aliments.»
Ces mites sont de petits papillons discrets. Actives la nuit, elles restent immobiles le jour sur les murs et passent facilement inaperçues. On identifie leur présence aux fils soyeux, aux traces de grignotage ou aux larves fraîchement écloses, parfois visibles au plafond ou autour des aliments. Ce sont elles le véritable problème d’une invasion. Après un certain délai (selon la température et l’espèce, de quelques jours à plusieurs mois), elles éclosent et s’attaquent aux réserves, avec une prédilection pour les denrées riches en amidon et en sucre. Une espèce particulière se nourrit même de tabac. Leurs œufs mesurent moins d’un demi-millimètre et ressemblent à de minuscules grains presque invisibles. Une seule mite peut pondre plusieurs centaines d’œufs.
Comment s’en débarrasser au plus vite?
«Vous savez, pour nous, ce sont des animaux plutôt ennuyeux», explique Adam Tesmer, spécialiste de la désinsectisation qui reçoit chaque jour des appels à ce sujet. La plupart du temps, il renvoie les clients chez eux pour qu’ils tentent de combattre les mites alimentaires eux-mêmes. «Si l’élimination ne fonctionne pas du tout, c’est qu’il traîne encore quelque part une barre de muesli oubliée et ouverte», souligne-t-il. Ce n’est qu’après six semaines, si le problème persiste, que lui et ses collègues interviennent avec des insecticides pour prêter main-forte. Mais le poison n’agit que de manière limitée. Pour éliminer toutes les générations, le travail minutieux des personnes concernées est indispensable.
La méthode est simple, mais exige de la rigueur. Elle se divise en cinq points:
1. Ne pas perdre son sang-froid
Ces nuisibles mettent la patience à rude épreuve par leur persistance, mais leur impact sur la santé demeure limité: le risque réel se situe bien plus dans d’autres sources que dans la présence de mites alimentaires dans la cuisine. Certes, ces insectes peuvent à l’occasion introduire des champignons ou des acariens et provoquer des troubles gastro-intestinaux. Mais le danger n’est pas particulièrement élevé, souligne le biologiste Mark Benecke.
2. Nettoyer l’environnement
Le remède le plus efficace consiste à vider entièrement la cuisine et à nettoyer à fond chaque placard et compartiment, recommande Adam Tesmer. Toutes les surfaces résistantes peuvent être essuyées avec un mélange d’eau et de vinaigre. Si l’infestation dure depuis longtemps, les mites se sont peut-être logées dans des endroits inattendus: une plinthe, des livres ou un tapis. Pour repérer un éventuel «nid», il est possible de disposer des pièges adhésifs en divers points, de préférence dans les coins, les recoins ou les fentes étroites. Ces pièges n’attirent toutefois que les mâles et ne servent qu’à évaluer la situation, non à éliminer les insectes. En règle générale, ils ne parcourent pas de longues distances: les femelles fécondées volent seulement sur de très courtes trajectoires.
«Tout jeter, tout vider, tout essuyer!»
3. Eliminer les sources de nourriture
«Contrôlez tous, vraiment tous les aliments!», insiste Adam Tesmer. Les denrées contaminées doivent être jetées. «Tout jeter, tout vider, tout essuyer!», ajoute Mark Benecke. Attention: des emballages fermés peuvent aussi être infestés. Aux premiers stades, les minuscules larves passent par les fissures et ouvertures les plus fines. Les produits situés à proximité peuvent également contenir des œufs sans en montrer la moindre trace visible. Dans ce cas, les aliments peuvent être placés à -18°C pendant au moins une journée pour détruire tous les œufs. Les fentes et rainures peuvent être chauffées avec un sèche-cheveux afin d’éliminer les mites et larves restantes. «Vous pouvez aussi cuire les aliments puis les congeler. Ainsi, vous n’avez pas besoin de tout jeter», conseille Mark Benecke. L’essentiel, rappellent les deux experts, est de nettoyer absolument chaque tiroir, chaque surface, et de vérifier l’ensemble des aliments. Dans la majorité des cas, l’échec résulte d’un manque de rigueur.
4. Faire preuve de patience
Il ne reste plus qu’à attendre. Il est difficile de prévoir quand la génération suivante éclora, explique Mark Benecke. Tout dépend étroitement de la température et de l’environnement. En attendant, toutes les sources possibles de nourriture doivent être placées dans des récipients hermétiques, de préférence en verre, en céramique, en plastique épais ou en métal.
5. Chercher du renfort
Avant de solliciter un professionnel, il est possible de recourir à une aide naturelle. Dans les magasins de bricolage ou via Internet, on peut se procurer des guêpes parasitoïdes. En pondant leurs œufs dans ceux des mites alimentaires, ces ennemis naturels bloquent leur reproduction. Ces auxiliaires doivent être renouvelés environ trois à quatre fois sur une période d’une dizaine de semaines. Mais cela n’est réellement nécessaire que dans de très rares cas, précise Mark Benecke. Lorsque la génération suivante éclot et que toutes les sources de nourriture ont été enfermées dans des boîtes, les larves ne peuvent pas survivre longtemps.
Et comment éviter un retour?
Les hivers étant désormais moins rigoureux de ce côté-ci de l’Europe, les mites alimentaires peuvent apparaître tout au long de l’année. Leur population tend toutefois à diminuer, comme celle de nombreuses espèces d’insectes, précise Mark Benecke, qui reçoit en tout cas moins de demandes à ce sujet.
Pour écarter tout risque, il suffit de placer les denrées sèches dans des boîtes hermétiques, conservées au frais et au sec ; une véritable infestation ne pourrai ainsi pas s’installer. Et surtout: garder son calme. «Il n’existe vraiment aucun problème plus simple à résoudre sur cette terre que les mites alimentaires dans la cuisine», conclut Mark Benecke.
