Les patients devront compter sur plusieurs changements dès le 1er janvier, avec notamment une augmentation du ticket modérateur sur les médicaments et la mise en place de la Vaccicard.
Voici tout ce qui va changer en matière de santé à partir du 1er janvier.
1. Baisse du remboursement Inami
L’intervention de l’assurance soins de santé pour certains médicaments délivrés à l’hôpital diminuera à compter du 1er janvier prochain, passant de 85% à 78%. Les hôpitaux devront désormais financer eux-mêmes 22% du coût de ces médicaments, contre 15% auparavant.
Le système du remboursement de référence reste d’application, et la modification ne change pas, en principe, le ticket modérateur payé par les patients.
Ce changement de tarification concerne les médicaments pour lesquels il existe une alternative générique ou biosimilaire et auxquels le système du remboursement de référence s’applique, ainsi que les produits de contraste utilisés lors d’examens médicaux.
Le système permet à l’Inami de récupérer une partie des ristournes consenties par les grossistes et les entreprises pharmaceutiques dont bénéficient les hôpitaux lorsqu’ils achètent ces médicaments.
2. Augmentation du ticket modérateur
Le coût minimum d’un médicament en pharmacie sera d’un euro par boîte pour les personnes bénéficiant d’une intervention majorée (BIM) et de deux euros par conditionnement pour les autres. Le ticket modérateur du médicament ne changera pas s’il était déjà supérieur à un ou deux euros.
Seuls les médicaments délivrés dans les officines publiques sont concernés, la mesure ne vaut donc pas pour les médicaments délivrés à l’hôpital.
Les ressources générées par cette mesure permettront notamment de financer l’accès plus rapide à de nouvelles thérapies innovantes.
3. Mult-eMediatt
Les médecins généralistes devront obligatoirement utiliser Mult-eMediatt pour transmettre par voie électronique aux mutualités les certificats d’incapacité de travail de plus de quatorze jours ainsi que les prolongations.
Cette mesure, pour laquelle une phase de transition était en cours depuis juin 2024, s’inscrit dans le cadre de la simplification administrative en matière de soins de santé. Le patient, lui, pourra toujours recevoir un certificat papier à destination de son employeur s’il en a besoin. Le certificat papier vers la mutualité reste d’application pour les incapacités de travail inférieures ou égales à quatorze jours.
4. Extension du maximum à facturer
Les soins psychiatriques de longue durée seront également soumis au plafond maximum à facturer (MAF) afin de mieux protéger les patients chroniques. Jusqu’à présent, ce bouclier tarifaire ne valait que pour un an.
Le maximum à facturer (MAF) est un mécanisme de sécurité sociale qui limite les frais de santé annuels par ménage. Dès que ces coûts dépassent un plafond fixe, la mutuelle rembourse automatiquement les frais suivants. Jusqu’à présent, cette protection pour les patients psychiatriques ne valait que pendant les 365 premiers jours d’une hospitalisation. Ensuite, ceux-ci devaient prendre en charge eux-mêmes une grande partie des coûts, créant ainsi un fossé avec les patients nécessitant un traitement de longue durée pour des affections physiques.
De même, tous les médicaments remboursables seront couverts par le maximum à facturer afin de mieux protéger les patients contre des dépenses de santé élevées. Jusqu’ici, les médicaments appartenant aux catégories de remboursement Cs (contre les allergies) et Cx (contraceptifs) en étaient exclus.
5. Accès aux médicaments innovants
Les médicaments innovants seront remboursés plus rapidement. Cette mesure vise à offrir de nouveaux traitements prometteurs aux patients, dans les plus brefs délais, avant même qu’ils ne soient approuvés par l’Agence européenne des médicaments (EMA) ou l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS).
Concrètement, l’assurance soins de santé interviendra pour les nouveaux médicaments innovants avant l’autorisation de mise sur le marché (early) et/ou dès que celle-ci sera octroyée (fast), explique l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami). Les firmes pharmaceutiques recevront une rémunération forfaitaire.
Grâce aux nouvelles règles, un médicament aura accès au marché belge dès que des études cliniques auront démontré son potentiel pour une affection contre laquelle aucun traitement n’est encore disponible. La procédure permet également aux thérapies innovantes qui ont déjà reçu une recommandation positive d’être rapidement remboursées, résume le cabinet Vandenbroucke.
6. Remboursement des statines et IPP
Le remboursement des médicaments de type statine (utilisés pour réduire le taux de cholestérol) et IPP (employés pour réduire la production d’acide dans l’estomac, comme Pantomed ou Nexiam) sera réduit à partir du 1er janvier 2026. Cette décision a pour but de «mieux encadrer leur utilisation et de limiter les consommations excessives», explique le cabinet de Frank Vandenbroucke, alors que près d’un Belge sur cinq consomme des IPP «parfois simplement pour un confort passager».
«Les IPP restent remboursés, mais de manière intégrale uniquement pour les affections graves, comme le syndrome de Barrett. Pour les autres usages, le coût à charge du patient augmentera», précise le cabinet.
En ce qui concerne les statines, elles restent remboursées pour toutes les personnes à qui elles sont prescrites, mais le remboursement passe de la catégorie B à la catégorie C, ce qui augmente légèrement le ticket modérateur à charge du patient. Un remboursement complet est toutefois garanti pour les enfants avec hypercholestérolémie familiale, les patients avec hypercholestérolémie familiale hétérozygote ou homozygote, ou toutes autres formes de dyslipidémie héréditaire ainsi que pour les patients ayant subi une transplantation cardiaque.
7. Vaccicard
Le décret portant sur la mise en place de Vaccicard –comprenant un carnet vaccinal électronique sécurisé– en Wallonie entre en vigueur ce 1er janvier. A Bruxelles, ce texte est d’application via l’ordonnance santé du 16 mai 2024.
Certaines données de vaccination étaient déjà consultables via le portail masante.belgique.be ou via l’espace personnel du Réseau Santé Wallon et du Réseau Santé Bruxellois, mais avec Vaccicard, le système va plus loin. Dès janvier, toutes les données vaccinales seront centralisées dans un coffre-fort numérique sécurisé, offrant une alternative aux versions papier du carnet.
Les vaccinateurs ou leurs délégués encoderont donc systématiquement les informations vaccinales (type de vaccin, date, lieu, etc.) via la plateforme Vaccicard ou leur logiciel intégré. Vaccicard permettra le suivi individuel des vaccins administrés pour assurer la continuité des soins par les professionnels de santé, l’accès personnel du citoyen à son historique vaccinal, ainsi que des statistiques sur la couverture vaccinale par les autorités sanitaires.
L’accès aux données sera strictement réglementé, conditionné par le consentement du patient et une relation thérapeutique. Les données seront conservées jusqu’au décès du patient, et les données anonymisées pourront être exploitées pendant 30 ans à des fins statistiques et scientifiques dans le respect du RGPD.
8. Nouveaux CPVS
Trois nouveaux centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) ouvriront leurs portes le 1er janvier 2026 à Jette, Tournai et Ottignies. Avec ces trois ouvertures, chaque province du pays disposera d’au moins un centre de ce type.
Les nouveaux centres seront implantés au sein de l’UZ Brussel (Jette), de l’hôpital CHwapi (Tournai) et de la Clinique Saint-Pierre d’Ottignies. Ces établissements avaient été sélectionnés sur la base de critères géographiques, d’infrastructure et d’expertise, un choix validé par le Comité de l’assurance de l’Inami.
Ces trois nouveaux venus porteront à treize le nombre total de CPVS en Belgique. Actuellement, dix centres sont déjà opérationnels. Accessibles en permanence, ils offrent aux victimes un soutien psychologique et un suivi médical, ainsi que la possibilité de déposer plainte. Selon les estimations, plus de 20.000 personnes ont bénéficié de l’accueil de ces centres multidisciplinaires en 2025.
Retrouvez également ce qui changera pour les Belges en matière de travail et de mobilité, mais aussi pour leur portefeuille, dès le 1er janvier 2026.