Par temps chaud, la maladie veineuse chronique –plus communément appelée «jambes lourdes»– peut souvent donner l’impression que du plomb coule dans les veines. Afin de combattre cette sensation, la phlébologue Sarah Thomis a un bon conseil: «Allez nager!»
Une sensation de lourdeur, un gonflement des pieds, des douleurs dans les jambes, des varices et des crampes nocturnes sont des symptômes typiques de la maladie veineuse chronique (MVC), également connue sous le nom de «jambes lourdes».
La MVC est une affection progressive, généralement localisée dans les jambes, au cours de laquelle les valvules des veines ne fonctionnent plus correctement ou les parois veineuses sont affaiblies. Les veines se dilatent, le sang ne remonte pas correctement vers le cœur et stagne dans les jambes. Avec les températures élevées, les veines se dilatent encore davantage, ce qui accentue la sensation de jambes lourdes. Une gêne importante pour de nombreuses personnes.
«Cette affection est très fréquente, indique la phlébologue Sarah Thomis (UZ Leuven). Plus de 70% de la population belge présente des symptômes de MVC. Et l’âge est un facteur important. Avec le vieillissement, l’élasticité des parois veineuses diminue. En raison de l’augmentation de l’espérance de vie, nous nous attendons à ce que la MVC soit plus fréquente à l’avenir.»
«Cette affection est très fréquente. Plus de 70% de la population belge présente des symptômes de MVC.»
D’autres facteurs entrent en jeu: le surpoids, les hormones, le manque d’activité physique et le fait de rester longtemps debout ou assis. «Rester debout pendant son travail amène beaucoup de pression sur les veines, qui subissent la gravité. L’hérédité est également un autre facteur de risque. Si les deux parents souffrent de MVC, le risque de développer la maladie est d’environ 90%.»
Cela peut apparaître dès l’âge de 30 ou 40 ans, parfois même plus tôt en présence de facteurs de risque. La maladie touche aussi bien les femmes que les hommes. Chez les femmes, le diagnostic est souvent posé plus tôt, car elles accordent plus d’attention à l’état de leurs jambes. Les hommes attendent souvent que les symptômes s’aggravent, ce qui nécessite parfois un traitement plus invasif.
Toute varice n’indique cependant pas une MVC avancée. «Les petites varices rouges naissantes –appelées « spider veins » ou « varicosités« – sont un signe que vos jambes refoulent peut-être le sang dans la mauvaise direction à certains moments, mais cela ne mène pas systématiquement à une insuffisance veineuse sévère», explique Sarah Thomis. A l’inverse, l’absence de douleur dans les jambes ne signifie pas toujours que la maladie n’est pas grave.
«Nous voyons parfois des patients traités pendant des années par un dermatologue pour de l’eczéma, alors qu’en réalité, le problème vient des veines.»
Complications
Pourtant, de nombreuses personnes attendent trop longtemps avant de consulter lorsqu’elles ressentent de façon persistante une fatigue ou des douleurs dans les jambes. Cela peut entraîner des complications. «Les varices ne sont pas uniquement un problème esthétique, souligne Sarah Thomis. A un stade avancé, la MVC peut provoquer des problèmes cutanés tels que de l’eczéma ou une décoloration de la peau. Parce que le sang stagne momentanément, certaines cellules quittent la circulation sanguine pour se retrouver dans les tissus. S’il s’agit de globules rouges, la peau présente des taches de coloration brune. Les globules blancs, eux, déclenchent une réaction inflammatoire avec pour conséquence une peau rouge, dure, ou de l’eczéma. Nous voyons parfois des patients traités pendant des années par un dermatologue pour de l’eczéma, alors qu’en réalité, le problème vient des veines.»
Les plaies ouvertes (ulcus cruris) sur la face interne de la jambe inférieure, souvent au niveau de la cheville, cicatrisent également lentement et difficilement en cas de MVC. D’autres complications –heureusement rares– d’une MVC non traitée sont la phlébite (inflammation d’une veine dans la jambe) ou l’embolie pulmonaire (obstruction d’une artère pulmonaire par un caillot sanguin).
Traitement
Etant donné que la MVC est une pathologie chronique à évolution progressive, Sarah Thomis recommande de consulter son médecin généraliste dès les premiers signes d’alerte. «Il peut donner des conseils pour prévenir les symptômes. Si les varices deviennent vraiment proéminentes, mieux vaut consulter un spécialiste, qui effectuera une échographie pour examiner ce qui se passe en profondeur. Le traitement ne doit d’ailleurs pas toujours être chirurgical. Nous pouvons aussi éviter une aggravation avec des moyens moins invasifs. Les gens pensent souvent qu’il n’y a rien à faire contre leurs symptômes et ne consultent qu’à un stade avancé. Après une opération, ils sont nombreux à regretter d’avoir attendu aussi longtemps.»
Et d’ailleurs, l’idée que les varices reviennent toujours après une opération est fausse. Si l’intervention est bien réalisée et combinée à un mode de vie adapté, le soulagement peut être durable.
Que faire en cas de canicule? «Portez des bas de contention», conseille la phlébologue, même si ce genre de textile donne évidemment l’impression, par 30°C, d’être un sauna pour les pieds. «Vous pouvez vaporiser les bas avec un peu d’eau froide pour une sensation de fraîcheur. On peut aussi passer les jambes sous la douche, ou prendre un bain avec juste un peu d’eau froide sur la fin. Des médicaments peuvent aussi offrir un soutien en été à la place des bas de contention. Le meilleur conseil? Allez nager. Ainsi, vous alliez fraîcheur et mouvement.»
Quelques conseils pour contrer la maladie veineuse chronique
– Bouger chaque jour. Même une marche modérée fait déjà une différence.
– Eviter le surpoids afin de réduire la pression sur les jambes.
– Porter des bas de contention si cela est recommandé, surtout lors de longs vols.
– Boire suffisamment d’eau, surtout en voyage.
– Eviter les talons hauts (>4 cm) et porter des vêtements amples.
– Consulter son médecin ou son pharmacien dès l’apparition des symptômes: un traitement peut être recommandé pour améliorer le confort veineux.