A l’appel de plusieurs syndicats, une partie du corps médical belge entame une grève ce 7 juillet pour dénoncer une réforme qu’ils jugent précipitée et déséquilibrée.
Un peu partout dans le sud du pays et à Bruxelles, des centaines de médecins sont en grève ce lundi pour protester contre les réformes portées par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), jugées menaçantes pour l’autonomie des soignants et la stabilité financière des hôpitaux.
En Flandre, le syndicat de médecins ASGB a aussi mené des actions, sans pour autant paralyser les soins, alors que l’association flamande de médecins généralistes, Domus Medica, ne soutenait pas l’arrêt de travail.
En début d’après-midi, l’Absym estimait que le mouvement avait été très bien suivi partout dans le pays, tant dans les hôpitaux que pour les soins ambulatoires. De manière générale, les soins de santé n’étaient pas paralysés grâce au maintien des services de garde et d’urgence. La plupart des consultations non urgentes ont été reportées et les patients en avaient été informés.
Qu’elles soutiennent ou non la grève, toutes les organisations sont d’avis qu’une réforme du système de soins de santé en Belgique est nécessaire, mais doit être menée avec soin. « Des changements fragmentés, isolés ou précipités risquent d’aggraver les tensions sur le terrain sans répondre aux véritables besoins des patients ni aux défis quotidiens des professionnels de la santé », avertit Gibbis, une fédération regroupant plus de 70 institutions de soins bruxelloises, publiques et privées.
Les acteurs se retrouveront encore autour de la table ces prochaines semaines. Une réunion des médecins, mutuelles et dentistes est prévue vendredi à 16h00 au cabinet du ministre Frank Vandenbroucke.
Le gronde dans les hôpitaux bruxellois
A l’Hôpital Delta, environ 80 % des consultations ont été reportées, à l’exception des suivis oncologiques et cardiologiques. La quasi-totalité des interventions chirurgicales ont été annulées, sauf celles liées au cancer. La maternité fonctionne normalement et les urgences ont été renforcées.
Aux Cliniques de l’Europe, toujours à Bruxelles, 83 % des médecins ont voté en faveur de la grève. L’hôpital a adopté les procédures habituelles des jours de grève non-médicale, en annulant la majorité des consultations et actes techniques. Les services d’urgence, de chirurgie urgente, les traitements oncologiques et les dialyses sont toutefois maintenus.
Au CHU Saint-Pierre, la grève n’a pas été suivie massivement. Quelques consultations ont été annulées tout au plus, mais l’hôpital tourne normalement dans l’ensemble.
A l’UZ Brussel, la situation est restée calme. « La pression sur les urgences n’est pas plus élevée que d’habitude », a précisé la porte-parole Karolien De Prez. Moins de 5 % du personnel est en grève. Le recours direct aux urgences par les patients bruxellois explique en partie cette stabilité, selon elle.
Près de 400 médecins en grève à Namur
Entre 350 et 400 médecins, soit un peu moins de la moitié des médecins actifs au sein des trois hôpitaux du CHU UCL Namur (Dinant, Mont-Godinne et Sainte-Elisabeth) sont en grève, ce lundi, indique-t-on au CHU UCL Namur. Ils protestent contre les réformes portées par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), jugées menaçantes pour l’autonomie des soignants et la stabilité financière des hôpitaux
Les consultations, interventions et rendez-vous sont maintenus autant que possible. Les patients concernés par des reports ont été personnellement contactés. L’hôpital assure que la grève se déroule dans le calme, sans réaction particulière des patients. Pour les patients hospitalisés, « l’hôpital tourne normalement ». Les prélèvements non urgents des médecins généralistes, des laboratoires externes, des patients hospitalisés et des patients aux consultations seront pris en charge. Seuls les centres de prélèvement sont fermés.
Les secrétariats sont disponibles pour répondre à toutes demandes de rendez-vous. Le personnel en grève distribue par ailleurs des tracts sur les trois sites hospitaliers.
Le CHR de Huy également touché
Quelque 80 % des médecins du centre hospitalier régional (CHR) de Huy, en province de Liège, suivent le mouvement de grève entamé lundi, a indiqué le directeur médical de l’institution, Christophe Levaux, à l’agence Belga.
Au bloc opératoire et dans le service de radiologie de l’hôpital mosan, seuls les soins en oncologie et les urgences sont pleinement assurés. L’hôpital hutois fonctionne donc au ralenti. Selon ses responsables, la situation est comparable à un service de week-end.
« En raison de l’arrêt de travail de médecins généralistes de la région, nous constatons également que le service des urgences est un peu plus chargé que d’habitude », a encore précisé Christophe Levaux à Belga.
Les hôpitaux de Mons, Ath et Charleroi au ralenti
Les hôpitaux des régions montoise et athoise tournaient au ralenti lundi en raison de la grève des médecins. Comme ailleurs dans le pays, le mouvement avait été anticipé et les patients informés, évitant ainsi une situation trop chaotique.
Au sein du réseau Epicura (Ath, Baudour, Hornu, Beloeil, Dour, Enghien et Frameries), 25 % des quelque 450 médecins faisaient grève. La continuité des soins était assurée. Les consultations non urgentes ont été reportées. Le bloc opératoire est fermé ce lundi sauf pour les interventions qui sont maintenues. Les services d’urgences des sites à Ath et Hornu ainsi que les prises de sang ne sont pas concernés par le mouvement.
Au CHU Ambroise Paré à Mons, l’activité tournait comme un week-end, ont fait savoir les responsables de l’institution de soins. « Les consultations et interventions non urgentes ont toutes été reprogrammées dans les semaines à venir. Les urgences fonctionnent normalement. Les patients en oncologie sont bien pris en charge que ce soit en ambulatoire ou en cas d’intervention urgente. »
Plusieurs dizaines de consultations et d’interventions ont dû être reportées lundi au sein des hôpitaux de l’intercommunale Humani à Charleroi à la suite de la grève des médecins. Les établissements ont fonctionné grosso modo comme si c’était un dimanche, a indiqué son porte-parole.