Faut-il respirer mieux pour vivre mieux? Le lien entre la respiration et le bien-être physique et mental s’affirme toujours plus, entre exercices de cohérence cardiaque et expiration profonde. Agir sur cette fonction automatique produit une série d’effets discrets ou plus importants sur la vie quotidienne. Inspirant.
De douze à 20 fois par minute, sans s’en rendre compte, l’air rentre et sort. Respirer fait partie des fonctions automatiques du corps, permettant sa bonne oxygénation. Mais bien plus que ça. Les bienfaits sur le corps et l’esprit d’une respiration maîtrisée sont aujourd’hui mieux connus. Les études sur le sujet confirment toujours plus l’importance de ces 22.000 inspirations et expirations quotidiennes.
La respiration offre en premier lieu un potentiel apaisant évident, confirmé notamment par les exercices de cohérence cardiaque, une respiration rythmée et lente. Elle permet de mettre en phase le rythme du cœur et celui de la respiration, apportant une forme de relaxation. Un essentiel en matière de gestion du stress.
«On respire comme on vit, explique Sahar Lahabi, sophrologue et thérapeute psycho-corporelle à la clinique Saint-Jean à Bruxelles. Certaines personnes n’ont pas conscience quelles sont parfois en apnée, tendue, à bout de souffle. En pleine crise d’angoisse, on peut avoir l’impression de ne plus parvenir à respirer. Les exercices de respiration sont une des bases pour reprendre le contrôle. Cela permet de se mieux ressentir son corps, de s’ancrer dans l’instant présent, de se relâcher. L’idée est de se reconnecter à ce qu’on ressent, ce qu’on vit.»
D’autres exercices, comme le soupir physiologique, associant deux inspirations à une longue expiration, ou la respiration en boîte, découpant en quatre phases de quatre secondes la respiration, avec des pauses entre l’inspiration et l’expiration, dévoilent également des effets bénéfiques.
Du bien au cerveau
Prendre le contrôle sur la fonction respiratoire permet de retrouver une détente corporelle et mentale. Sortir de l’étouffement, en quelque sorte. L’effet thérapeutique va même bien au-delà d’une simple gestion du stress. «L’utilisation de ces techniques peut venir en prévention de certaines dépressions ou dans les suivis de syndromes de stress post-traumatique. Pour traiter des traumatismes, il faut reprendre une forme de contrôle. Prendre le temps de retrouver un calme intérieur par la respiration peut aider. En matière de sommeil, des exercices de respiration peuvent améliorer l’endormissement. Il y a un volet important sur le plan cognitif et la concentration également», détaille Mireille Monville, cheffe du pôle humanisation au CHU de Liège, spécialiste de la clinique du trauma et maître de conférences à l’ULiège.
Le lien entre la respiration et le cerveau se retrouve en effet dans plusieurs études, appuyant l’impact positif des exercices respiratoires sur le bien-être cognitif global mais également la mémoire. Certaines techniques de respiration «améliorent ainsi la communication entre les hémisphères droit et gauche du cerveau et augmentent les niveaux d’oxygène. Le cerveau fonctionne mieux», explique dans le National Geographic Patricia Gerbarg de l’université de médecine de New York, co-autrice d’une dizaine d’études sur le travail respiratoire.
«Nous sommes tellement stimulés dans le monde actuel, sollicités en permanence, que parfois il devient impossible se recentrer, de se concentrer. En cherchant à retrouver le contrôle par la respiration, on dégage de nouvelles ressources. Cela permet de travailler sur ce bouillonnement psychique, parfois étouffant, en s’apaisant», complète Mireille Monville.
D’autres fonctions
Le relâchement se répercute également sur d’autres systèmes et fonctions du corps. Effet sur la digestion, l’énergie, jusqu’à la réduction de la pression artérielle: bien respirer permet de favoriser un équilibre global, un mieux-être général, une harmonie. «Il suffit de réaliser la tension, la contraction du corps qu’on peut ressentir parfois pour envisager les effets bénéfiques de cette reprise de contrôle par le souffle. Respirer, c’est gratuit et c’est un levier important de travail sur soi, sur son corps et son esprit. Autant en profiter», ajoute la sophrologue.
Le yoga, la méditation ou l’auto-hypnose s’appuient également sur l’inspiration et l’expiration. Idem pour certaines applications pour smartphone. Elles misent directement sur la respiration comme base de travail, promettant parfois monts et merveilles. «Il y a à boire et à manger dans ces applications, mais certaines sont très correctes. Il faut juste rester dans la mesure, cela ne doit pas devenir une forme d’injonction, pour être meilleur, rechercher à mieux performer avant tout. On perd l’effet bénéfique de la recherche d’apaisement intérieur si on se met la pression pour réaliser son exercice quotidien», prévient la psychologue du CHU de Liège.
Les exercices de respiration peuvent également être utile dans le cadre d’une intervention chirurgicale. Sur son site, l’UZ Leuven partage des exercices de respiration à réaliser avant et après une intervention sous anesthésie générale de longue durée. Ils doivent permettre au patient d’ouvrir correctement les poumons, notamment pour cracher les mucosités qui s’y trouvent. De quoi favoriser un meilleur rétablissement, en évitant aussi les infections.
Les enfants trouveront également de l’utilité à prendre le temps d’observer leur respiration. «Certaines institutrices utilisent parfois des exercices simples pour aider les enfants à gérer leur stress. Dans certains pays, scandinaves notamment, on a compris que cela pouvait être des outils intéressants. Ils ont une vision dès le départ holistique de ce que pourrait être une qualité de vie collective. Cela fait partie des apprentissages, car ils voient le bénéfice pour la collectivité. Se sentir mieux améliorera les qualités relationnelles», ajoute Mireille Monville.
Prendre le temps de mieux respirer, de souffler, c’est facile et accessible, avec des bienfaits parfois insoupçonnés. L’air de rien.