Alors que la Belgique étendra dès 2026 les paquets neutres aux cigares, cigarillos et tabac chauffé, les e-cigarettes échappent toujours à la mesure. Un angle mort qui inquiète la Fondation contre le Cancer face à l’explosion du vapotage chez les jeunes.
Si la Belgique n’est pas pionnière en la matière, elle fait néanmoins partie des rares pays à travers le monde à avoir imposé des paquets de cigarettes neutres. Selon le neuvième rapport international sur les avertissements sanitaires et l’emballage neutre réalisé par la Société canadienne du cancer, seuls 27 pays et territoires ont franchi le pas.
C’est le 1er janvier 2020 que le Royaume a officiellement rendu obligatoire les paquets neutres pour les cigarettes. Dès janvier 2026, la mesure sera renforcée par l’arrêté royal du 28 juillet 2025, ajoutant à la liste des produits tabagiques dont l’emballage devra être neutre les cigares, les cigarillos et le tabac chauffé. Une décision que salue la Fondation contre le Cancer, qui regrette toutefois que les autorités ne légifèrent pas en ce sens pour les cigarettes électroniques.
Elle ne désespère pas, estimant que la Belgique a un rôle important à jouer. La fondation appelle donc les décideurs à étendre la mesure aux e-cigarettes, dont les emballages colorés et les appellations des arômes rappelant des sucreries sont «fortement attractifs pour les jeunes».
Les jeunes, le cœur de cible
Selon la dernière enquête de santé de Sciensano, le nombre de Belges ayant essayé au moins une fois une cigarette électronique est passé de 15,5% en 2018 à 21,7% sur la période 2023-2024. Cette augmentation à l’échelle nationale s’explique notamment par une forte hausse de la consommation auprès des jeunes de 15 à 24 ans, d’après le rapport. 11,1% d’entre eux en font un usage occasionnel, tandis que 6,3% en fument quotidiennement.
Ces cigarettes 2.0 attirent aussi des personnes encore plus jeunes. Selon le Centre flamand d’expertise sur l’alcool et les autres drogues (VAD), près de 10% des élèves de 12 à 18 ans consomment ainsi régulièrement des cigarettes électroniques, et 6% en consomment tous les jours. «Des chiffres qui ont doublé en seulement deux ans, et quadruplé en cinq ans», alerte la Fondation contre le Cancer, qui parle de «faille préoccupante».
Des saveurs trop gourmandes
Outre des emballages neutres, la fondation plaide pour une réduction drastique des arômes attractifs disponibles sur le marché. Une demande qui rejoint celle du Conseil supérieur de la santé. «Plus de 7.000 saveurs sont disponibles pour les cigarettes électroniques. Ces saveurs se composent de centaines de substances aromatisantes. Même si ces dernières sont autorisées dans l’alimentation, les risques qu’elles représentent pour la santé en cas d’inhalation ne sont pas suffisamment connus», expose-t-il. Selon plusieurs études, complète-t-il, certaines de ces substances peuvent dégrader l’ADN, entraîner des maladies pulmonaires et, à long terme, contribuer au développement de cancers.
Le CSS demande dès lors au ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, d’instaurer au «plus vite une limitation drastique du nombre de saveurs». Le Conseil fait en outre deux propositions.
Premièrement, d’interdire complètement les saveurs d’e-liquides, à l’exception de la saveur tabac. Le CSS entend ainsi aider les fumeurs souhaitant «arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique», tout en évitant les tentations pour les jeunes. «Les Pays-Bas ont décidé cette interdiction l’an passé. Les premiers résultats sont encourageants et montrent un fort recul du vapotage», commente le Conseil supérieur de la santé.
Il concède toutefois que limiter le choix à la saveur tabac pourrait déforcer l’e-cigarette en tant qu’aide au sevrage tabagique. C’est pourquoi le CSS propose d’autoriser un maximum de trois saveurs supplémentaires, «dont les substances aromatisantes devraient d’abord faire l’objet d’une évaluation toxicologique».