Chikungunya: aucun cas transmis par le moustique tigre recensé en Belgique. © Geyres Christophe/ABACA

Déjà 90 cas de chikungunya cette année en Belgique, un record: faut-il s’inquiéter?

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Tous les records sont battus pour les épidémies de chikungunya. En Belgique, il n’y a jamais eu autant de cas recensés que cette année. Il ne faut néanmoins pas paniquer. Un vaccin est disponible.

L’information est donnée par Sciensano: il y a déjà 90 cas de chikungunya recensés en Belgique en 2025. C’est un record depuis que la surveillance de la transmission de cette maladie virale existe dans le pays. Les précédents datent de 2014 (75 cas) et 2019 (60). A l’institut national de santé publique, Javiera Rebolledo, l’épidémiologiste responsable de cette surveillance, précise: «A ce jour, tous les cas de chikungunya rapportés en Belgique sont des cas importés, c’est-à-dire contractés lors de voyages dans des pays ou le virus circule de façon épidémique. Aucun cas autochtone, à savoir lorsque le virus est transmis par un moustique tigre, n’a encore été observé chez nous.»

En France, c’est l’inverse: les cas autochtones ont explosé, cette année. On atteint les 800 personnes infectées dans l’Hexagone. Bien sûr, les cas importés y sont nombreux aussi et c’est d’ailleurs par là que cela commence. La première région d’importation des Français est l’île de la Réunion qui a souffert d’une épidémie active, avec près de 55.000 cas confirmés et 43 décès déjà répertoriés cette année. Cela ne devrait pas beaucoup augmenter, car l’épidémie semble toucher à sa fin. Les cas autochtones, qui sont donc dus aux moustiques tigres qui envahissent de plus en plus la France, s’observent non plus seulement dans les régions méridionales, mais désormais aussi plus au nord, en Ile-de-France, en Bourgogne, dans le Centre, le Val de Loire ou le Grand Est. Cela se rapproche petit à petit de la Belgique.

«Le moustique est un vecteur très compétent du chikungunya, davantage même que pour la dengue, un autre virus transmis par cet insecte invasif, explique Javiera Rebolledo. Il se réjouit du réchauffement global mondial et s’adapte très bien à nos conditions climatiques, y compris dans les zones urbaines. D’où l’importance de surveiller et de retarder le plus possible son établissement en Belgique.»

«A ce jour, aucun cas autochtone de chikungunya n’a été observé en Belgique»

Sciensano s’occupe d’ailleurs également de cette veille, grâce aux signalements de citoyens vigilants. En 2024, parmi les 1.289 signalements de potentiels moustiques tigres reçus par ces citoyens, 47 étaient réellement des signalements d’Aedes albopictus, soit des moustiques tigres. C’est deux fois plus qu’en 2023, mais cela reste tout de même encore relativement faible. Pour l’heure, le risque de contracter le virus se situe donc essentiellement au niveau des destinations de voyage. Le pic de 2019 était dû surtout à une épidémie épisodique en république démocratique du Congo et celui de 2014 à une épidémie dans les Caraïbes et en Amérique latine.

Depuis le début de cette année, près de 450.000 cas de chikungunya, dont 150 décès, ont été recensés dans 40 pays, notamment la Chine, la Thaïlande, le Brésil, l’Inde, le Pakistan, des îles de l’océan Indien comme la Réunion, Madagascar ou l’île Maurice, le Sénégal et Cuba où la situation est particulièrement dramatique actuellement. En Europe, en dehors de la France, un autre pays est touché par le chikungunya: l’Italie avec près de 400 cas répertoriés depuis le début de 2025, dont des cas de transmissions locales, donc autochtones. Les régions d’Emilia-Romagna et de Vénétie sont les plus touchées.

Pour l’instant, il n’y a pas de raison de paniquer pour les Belges. Ceux qui voyagent doivent juste se montrer vigilants. Depuis le printemps dernier, le Conseil supérieur de la santé (CSS) recommande la vaccination contre chikungunya pour les personnes âgées de 12 à 64 ans qui se rendent dans des zones en situation d’épidémie. En mai 2025, un vaccin, le Ixchiq, a été approuvé et recommandé par l’Agence européenne des médicaments. Ce vaccin récent a toutefois été temporairement suspendu par le CSS pour les personnes de plus de 65 ans. Comme cela a surtout été observé à la Réunion, il peut entraîner, chez ces personnes plus âgées, des effets secondaires similaires aux symptômes du chikungunya, comme des maux de tête, de la fatigue, des douleurs musculaires et articulaires.

Selon le site Pharmacovigilance, 47 cas d’effets indésirables ont été rapportés sur l’ensemble du territoire français, dont les trois-quarts à la Réunion, 18 (tous âgés de plus de 75 ans) ont été qualifiés de grave et un décès a pu être relié «de façon vraisemblable» à l’injection vaccinale. La balance risque-bénéfice a été réévaluée à la fin de l’été par les autorités sanitaires, y compris européennes, et la contre-indication pour les plus de 65 ans a été levée. Le vaccin reste cependant non recommandé chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli.

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