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Vitamines, comment bien les choisir: des prix qui varient sans raison, une qualité douteuse dans le haut de gamme… © Getty Images

Comment bien choisir ses vitamines? «Plus c’est cher, plus il faut se méfier»

Le Vif

Avec l’hiver qui s’installe, les vitamines regagnent du terrain. Si leurs prix varient entre produits «bons marché» de quelques euros à «haut de gamme» jusqu’à 50 euros, le gage de qualité n’y est parfois pour rien: «Plus c’est cher, plus il faut se méfier».

En plein automne, avec l’arrivée pressante de l’hiver, les réveils plus difficiles et les coups de mou en journée resurgissent. Avec eux, la popularité des vitamines en tout genre, avec en pole position les D pour leur apport en vitalité et leur participation à la bonne santé immunitaire. Sans oublier les C, puissants antioxydants, elles aussi alliées du système immunitaire, favorisent la circulation du sang et redonnent une santé à la peau, aux cheveux et aux ongles. Les rayons vitamines des supermarchés et des pharmacies mettent plus en avant ces produits, avec des gammes de prix qui vont de quelques euros jusqu’à plusieurs dizaines, voire une cinquantaine d’euros pour des marques «haut de gamme».

«Plus c’est cher, plus il faut se méfier. A l’inverse, si le prix est cassé, méfiez-vous tout autant, avertit d’emblée un pharmacien bruxellois. Dans ma boutique je ne propose que des produits milieu de gamme qui ont été validés par des instances scientifiques pour leur apport équilibré et raisonnable en vitamines et nutriments. Souvent, quand le produit affiche un prix exorbitant, le client paie davantage la marque qu’une efficacité révolutionnaire.»

En février 2025, Testachats a testé 37 produits à base de vitamine D destinés aux enfants. Seulement onze ont été validés, jugés en règle face aux critères de sélection. Vingt-six sont donc déconseillés par Testachats. «Le dosage conseillé pour les enfants était erroné, celui des adultes aussi alors que le produit s’adresse à « toute la famille », l’étiquetage de la dose ou le mode d’administration présentaient un manque de précision, le produit contenait un allergène non adapté aux nourrissons, des sucres ou édulcorants, et des allégations de santé interdites comme « renforce les os » ou « renforce l’immunité » figuraient sur l’emballage», conclut l’étude.

Côté usages, l’enquête nationale de Sciensano de 2022-2023 montre qu’environ un Belge sur deux consomme un complément au cours de l’année, 39% en prennent toute l’année, et parmi les utilisateurs de vitamines, trois sur quatre choisissent la vitamine D.

«Il apparaît que la consommation de compléments alimentaires n’est pas un acte anodin. Sa banalisation expose certains consommateurs à des risques pour un bénéfice incertain, explique Aymeric Dopter, chef de l’unité Nutrition à l’Anses. Un conseil revient comme un fil rouge chez les cliniciens. Avant de consommer un complément, la première question à se poser c’est « en ai-je vraiment besoin? » Il faut d’abord identifier le problème avant de s’automédiquer.»

Vitamines, nutriments, compléments, ce schmilblick

«Ce sont trois choses très différentes, tout en étant sensiblement la même chose, clarifie d’entrée un pharmacien. Les vitamines sont des nutriments. Les compléments alimentaires sont des produits qui en apportent sous forme concentrée. Les aliments enrichis sont des denrées courantes auxquelles on a ajouté des vitamines ou des minéraux.» Cette nomenclature change tout pour le consommateur belge, car le cadre, les contrôles et les risques, eux, ne se confondent pas.

Il est aussi compliqué d’en faire la distinction dans les rayons d’une pharmacie ou d’un supermarché. Ainsi, les marques jouent sur un certain schmilblick pour déterminer des prix qui fluctuent. Les vitamines concentrées sont vendues au même montant que des compléments qui contiennent parfois un panel d’autres molécules agissant entre elles.

Pour Aymeric Dopter, il est important de les distinguer: «Un manque de nutriments n’implique pas forcément une carence en vitamines. Cela peut aussi concerner d’autres éléments essentiels comme les minéraux, les oligo-éléments ou les acides gras et aminés essentiels. On pense souvent en premier à prendre des vitamines sous forme de compléments, comme en hiver avec la D, mais on oublie que dans le flacon il y a du zinc, du fer… Le corps n’a pas forcément besoin de ces éléments et le risque est d’exposer son corps à des excès. Je le répète, l’automédication est rarement une bonne idée.»

En Belgique, un complément notifié affiche un numéro NUT visible, une dose par prise et par jour, un public cible, des précautions et l’identité du fabricant. Ce balisage ne transforme pas un complément en médicament, il trace une route pour l’achat éclairé. «L’avant du flacon séduit, l’arrière raconte l’essentiel. L’étiquette doit répondre clairement à qui, combien et comment. Si ces infos manquent, évitez», ajoute le pharmacien.

Aymeric Dopter, lui, résume un point d’équilibre à respecter: «Les compléments peuvent rendre service dans des situations identifiées, précises. Ils ne remplacent ni un diagnostic ni une assiette qui couvre l’essentiel des besoins

L’habit fait le moine?

Le packaging rassure, la vérification protège. Mieux vaut décortiquer la forme, la dose et la traçabilité. Pour la vitamine D, de nombreuse études scientifiques privilégient la D3 plutôt que la D2. Un élément en plus à vérifier sur les flacons. Une autre règle à respecter évite des ennuis très concrets: ne pas superposer multivitamines, monovitamines et aliments enrichis sans calculer l’addition. «Je vois trop de clients cumuler trois vitamines sans le savoir. Ils s’étonnent des maux de tête alors que la dose quotidienne dépasse les repères et de loin», témoigne le pharmacien.

Les garde-fous existent et visent simple. Respecter les dosages, surtout avec des produits très concentrés. L’Union européenne a fixé des normes d’apports maximaux tolérables pour limiter les excès chroniques. Par exemple, pour la vitamine B6, le lien entre excès et neuropathies est établi. Il y a donc un dosage légal sur des produits en contenant. Côté biologie, la standardisation des marques progresse mais ne gomme pas toutes les différences entre méthodes de dosages et mixte de molécules. «Malgré les efforts de standardisation des produits, des variations dans les analyses persistent. Un flacon de vitamine D peut être très différent d’un autre. Notamment dans le dosage, souligne Aymeric Dopter. Le risque pour la population, c’est de s’exposer à des « overdoses » de vitamines. Cela se résume à des troubles digestifs, cutanés, neurologiques, hépatiques ou rénaux selon la molécule et la dose. Mais une surconsommation peut aussi perturber des traitements, fausser des bilans biologiques et masquer des carences.»

Au quotidien, trois gestes font la différence: identifier un besoin réel et documenté, choisir une forme adaptée et une dose lisible sur l’étiquette, puis demander conseil en pharmacie ou consulter un médecin si la situation se complique. «La pharmacie reste un lieu de tri et de conseils, pas une machine à vendre. Mon rôle consiste à sécuriser la prise et à éviter les doublons», résume le pharmacien. L’hiver peut arriver. Une assiette solide, des produits fiables et des dosages de vitamines justes tiennent la promesse qu’aucun prix d’aucune marque n’assure à lui seul.

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