Soins à domicile ordonnances
© Getty Images

Certains soins à domicile ne nécessiteront bientôt plus d’ordonnances du médecin: faut-il encore que l’infirmier en ait les compétences

Frank Vandenbroucke annonce que certains soins pratiqués par des infirmiers à domicile ne nécessiteront bientôt plus d’ordonnances. Cette décision de rendre les infirmiers plus autonomes est une bonne chose, selon Edgard Peters, de la FASD… à condition toutefois qu’ils soient compétents.

D’ici septembre prochain, les infirmières à domicile n’auront plus besoin d’ordonnances pour de nombreux types de soins à dispenser à domicile, a annoncé, mercredi, le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke (Vooruit). Il s’agit notamment des injections intramusculaires, sous-cutanées et hypodermiques, de l’administration de pommades ou de gouttes pour les yeux, de sondages vésicaux, ou encore de soins des plaies.

La mesure présente un triple objectif: rendre les infirmiers et infirmières à domicile plus autonomes, faciliter le suivi des patients pendant le traitement et, enfin, éviter les consultations inutiles chez le médecin traitant. En effet, à l’heure actuelle, ce sont les patients qui doivent demander une ordonnance à leur médecin avant qu’eux-mêmes, ou un proche, ne récupère la prescription en pharmacie, expose Edgard Peters, directeur des soins infirmiers à la Fédération de l’Aide et des Soins à Domicile (FASD). Sans cette prescription, le patient ne peut prétendre à un remboursement.

Une charge supplémentaire pour les infirmiers?

Un autre cas de figure est également possible. L’infirmier à domicile contacte lui-même le médecin du patient pour lui demander une ordonnance. «Cela peut prendre du temps, car les médecins ne répondent pas toujours rapidement aux sollicitations des infirmiers», souligne Edgard Peters. C’est donc une bonne chose, selon lui, que cette mesure, «en continuité avec la réforme de la profession infirmière de mai 2024», entre en vigueur. «Car elle améliorera la qualité et sécurité des soins à domicile.»

L’infirmier admet toutefois que certains professionnels pourraient la regretter, jugeant qu’il s’agit pour eux d’une charge de travail supplémentaire. Le représentant de la FASD balaie cependant la critique. «Pour moi, ce n’est pas le cas, bien au contraire. Contacter un médecin et attendre sa réponse, ça, c’est une charge de travail supplémentaire», estime-t-il. En outre, le ministre de la Santé publique argue que cette possibilité donnée aux infirmiers de pouvoir prescrire permettra de «réduire davantage la charge administrative» et «la pression du temps».

Autonomes, mais surtout compétents

Cette évolution permettrait donc aux infirmiers et infirmières à domicile d’être reconnus dans leur indépendance, d’être plus autonomes… à condition qu’ils en aient les compétences et les connaissances, insiste Edgard Peters. «Un infirmier doit maîtriser une importante liste de prestations. Mais il est possible, qu’au fil des années, certaines compétences ne soient plus au niveau», admet le directeur des soins infirmiers. «Il en va alors de la responsabilité des professionnels de se former

Or, ces formations ne sont pas gratuites. Si l’Inami intervient à hauteur de 175 euros (ou cinq heures) par an pour permettre aux infirmiers et infirmières de se former, cela n’est pas suffisant, estime le professionnel. En outre, si les infirmiers salariés peuvent bénéficier de formations payées par leur employeur, ce n’est pas le cas des indépendants, qui doivent payer eux-mêmes leurs mises à niveau.

Si Frank Vandenbroucke avance une activation de la mesure pour le mois de septembre 2025, Edgard Peters se montre plus prudent. «J’aimerais qu’elle entre en vigueur à cette date-là, mais il reste plusieurs étapes à franchir avant qu’elle ne devienne effective.»

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire