A 17 voix pour et 4 abstentions, le budget santé 2026 de Frank Vandenbroucke a été validé. Des changements pour les patients et les professionnels de la santé sont à prévoir dès ce 1er janvier 2026.
Le Conseil général de l’Inami a approuvé lundi, à 17 voix pour et 4 abstentions, le budget des soins de santé pour 2026, d’un montant de 41,3 milliards d’euros. Le gouvernement fédéral veut contenir la progression des dépenses tout en maintenant l’accès aux soins. Pour y parvenir, plusieurs décisions entreront en vigueur dès le 1er janvier. Elles concernent à la fois les patients, les médecins et les hôpitaux.
Médicaments plus chers et remboursements réduits
Certains médicaments coûteront un peu plus cher au patient. Un ticket modérateur minimum de deux euros par boîte sera introduit, ramené à un euro pour les personnes bénéficiant de l’intervention majorée. Cette contribution touchera les médicaments actuellement remboursés à un niveau très élevé. Dans le même temps, plusieurs spécialités verront leur remboursement revu à la baisse. Les antiacides, utilisés contre les brûlures d’estomac, ne seront plus remboursés que pour les pathologies graves. Les traitements contre le cholestérol seront réservés aux patients présentant un risque cardiovasculaire important. L’objectif est de décourager les prescriptions de confort et d’encourager un usage plus ciblé des traitements.
Rationnement des antibiotiques
Les pharmaciens devront désormais remettre les antibiotiques selon la durée exacte prescrite par le médecin. Le patient ne recevra plus une boîte complète si celle-ci dépasse la posologie nécessaire. Ce nouveau mode de délivrance vise à réduire les restes de médicaments et les traitements inachevés, deux causes importantes de résistance bactérienne. L’Etat investira plusieurs millions d’euros pour permettre aux pharmacies d’adapter leurs systèmes de distribution lorsque les emballages actuels ne correspondent pas à la durée des cures.
Examens médicaux et actes techniques plus encadrés
Le gouvernement veut réduire les actes jugés redondants ou peu pertinents. Les CT-scans de la colonne vertébrale ne pourront plus être prescrits que par un nombre restreint de spécialistes, notamment les orthopédistes et neurochirurgiens. En biologie clinique, les remboursements seront ajustés pour limiter les examens systématiques de laboratoire. Le système d’aide opératoire sera réformé afin d’éviter la facturation automatique d’une assistance chirurgicale quand elle n’est pas médicalement nécessaire. Les économies dégagées seront réinvesties dans les interventions où cette aide reste indispensable. Les radiographies panoramiques dentaires seront quant à elles remboursées une fois tous les trois ans, au lieu de deux actuellement.
Extension du plafond annuel des dépenses de santé
Le maximum à facturer, qui limite la part des frais médicaux à charge du patient, sera élargi. Les hospitalisations psychiatriques seront désormais intégrées dans le dispositif. Certaines catégories de médicaments, comme les antihistaminiques, seront également prises en compte. Ce changement «renforcera la protection financière des patients chroniques et des ménages aux revenus modestes.»
Pression accrue sur les hôpitaux
Le secteur hospitalier devra participer à l’effort collectif. Le financement des hôpitaux de jour sera revu d’ici 2027 pour générer 47 millions d’euros d’économies. Cette réduction sera déjà appliquée en 2026, en attendant la nouvelle formule. Par ailleurs, le taux de remboursement des médicaments en pharmacie hospitalière passera de 85 à 78%. La fédération patronale Santhea redoute «un impact direct sur la santé financière des établissements et sur leur capacité d’investissement. Ces mesures risquent d’affaiblir encore des structures déjà sous pression.»
Pas de hausse chez le généraliste
Le ticket modérateur pour une consultation chez le médecin généraliste restera inchangé. Le gouvernement a toutefois décidé de réintroduire la consultation téléphonique dans les postes de garde. Cette mesure permettra aux médecins d’évaluer la gravité d’un cas avant de se déplacer, ce qui pourrait désengorger les urgences.
En 2026, les économies prévues atteindront environ 470 millions d’euros, dont près de la moitié dans le secteur pharmaceutique. Les mutualités saluent un équilibre fragile qui préserve en partie la sécurité tarifaire pour le patient. Elles avertissent toutefois que la trajectoire budgétaire restera tendue dans les prochaines années et que le système de soins devra encore se transformer pour rester soutenable.