astaxanthine
De nombreux articles font la promotion de l'astaxanthine.

6.000 fois plus puissante que la vitamine C: pourquoi tant de monde s’emballe à propos de l’astaxanthine

L’astaxanthine est présentée comme un antioxydant aux multiples bienfaits pour la peau ou le cœur. Mais derrière les superlatifs et les vidéos sur les réseaux sociaux, qu’en est-il réellement?

«Roi des caroténoïdes», «antioxydant star»… Les superlatifs concernant l’astaxanthine ne manquent pas sur le web. Derrière ce nom un peu complexe se cache un antioxydant du groupe des caroténoïdes (colorants naturels biologiques jaunes et rouges), que l’on retrouve notamment dans une microalgue d’eau douce, la Haematococcus pluvialis. L’astaxanthine est produite quand celle-ci est exposée à des conditions extrêmes (sécheresse, ensoleillement trop important, manque de nutriments…), prenant alors une couleur rougeâtre. Cette algue est notamment consommée à l’état naturel par les homards, les saumons, les crevettes ou encore les truites, ce qui explique leur couleur.

Jusqu’à 6.000 fois plus active que la vitamine C

Ce n’est pas cette particularité qui est soulignée par de nombreuses marques de cosmétiques ou de produits de bien-être, mais tous les bienfaits de l’astaxanthine, consommable en gellules ou sous forme de poudre. «Des essais contrôlés randomisés chez l’humain montrent que cette substance présente des bienfaits potentiels pour la peau, le cœur, le cerveau et l’inflammation dans l’organisme», explique à Knack Eric De Maerteleire, bioingénieur et auteur de Veroudering afremmen via voeding («Ralentir le vieillissement par l’alimentation»). Sa structure lui permettant de circuler dans le sang et de pénétrer les membranes cellulaires, il évoque aussi son efficacité contre «le vieillissement cutané», les «dommages cutanés causés par les rayons UV» (sans pour autant remplacer la crème solaire), ou encore un effet bénéfique sur l’augmentation du «bon cholestérol».

C’est surtout sous sa forme naturelle, lorsqu’elle est extraite directement de l’algue Haematococcus pluvialis, et non lorsqu’elle est synthétique, à partir de sources pétrochimiques, que l’astaxanthine serait plus efficace. Dans des vidéos comptant pour certaines plus de 100.000 vues sur les réseaux sociaux, il est aussi question de bienfaits pour les yeux, contre l’apparition de rides, ou pour améliorer les performances sportives. Eric De Maerteleire appelle à la prudence sur ce dernier point, évoquant des résultats mitigés des études en question, quand d’autres évoquent des résultats positifs sur la mémoire et l’attention, «mais les données sont limitées et la taille de l’échantillon modeste». Une étude citée par plusieurs articles assure que l’astaxanthine s’est révélée jusqu’à 6.000 fois plus active que la vitamine C et 500 fois plus que la vitamine E dans des tests effectués en laboratoire contre le stress oxydatif, même si son efficacité dépend de sa forme et de sa qualité.

L’astaxanthine, simple effet de mode?

«Cela a été réalisé dans des études in vitro. Cela ne veut pas dire que c’est nécessairement vrai in vivo», tempère Joël Pincemail, docteur en sciences biomédicales au CHU de Liège. Pour cela, il faudrait faire des études cliniques en étudiant en même temps l’effet des deux produits sur les mêmes sujets, ce qui est difficile à réaliser.» Ce spécialiste ne nie pas les bienfaits potentiels de l’astaxanthine, mais refuse de céder à l’emballement, voyant plutôt un effet de mode. «Il a été beaucoup question à un moment donné du bêta-carotène, que l’on trouve par exemple dans les carottes, ou du lycopène, un pigment qui donne sa couleur rouge à la tomate. Ici, de nombreux caroténoïdes possèdent les mêmes vertus.»

Il rappelle qu’il existe plusieurs milliers d’antioxydants, présents surtout dans notre alimentation. Ces molécules sont importantes pour permettre à l’organisme de faire face au côté oxydant de l’oxygène, afin d’éviter de graves problèmes de santé (cancers, maladies neurodégénératives…). «Les antioxydants sont efficaces pour la prévention des maladies cardiovasculaires ou du diabète, pour la protection de la peau… Mais en évoquer un seul plus efficace que les autres, c’est impossible», explique-t-il, soulignant qu’ils agissent en synergie les uns avec les autres : «N’en prendre qu’un en pensant que cela va tout améliorer, c’est un peu utopique». Avant d’en prendre en complément de votre alimentation quotidienne, il est recommandé d’effectuer une prise de sang afin de détecter d’éventuelles carences. «On sait qu’une carence en vitamine C ou E est associée aux risques de développer des maladies cardiovasculaires, par exemple», précise-t-il, déconseillant l’automédication et appelant à la prudence sur le dosage.

Pour l’astaxanthine, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) recommande, pour un adulte, un apport journalier maximal de 8 mg par jour sous forme de compléments alimentaires. «Les compléments alimentaires ne doivent pas être considérés comme un substitut à une alimentation saine et équilibrée», souligne l’EFSA, ajoutant : «Seule une certaine quantité de chaque nutriment est nécessaire au fonctionnement de notre organisme, et des quantités plus élevées ne sont pas nécessairement meilleures. Au contraire, à doses élevées, certaines substances peuvent avoir des effets néfastes et même devenir nocives.» D’éventuelles allergies à certains de ces compléments ne sont pas à écarter, et des associations avec des médicaments sont parfois à éviter.

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