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Réseaux sociaux en vacances : jusqu’où un employeur peut-il surveiller ses employés et quels risques?

Photos de plage, commentaires critiques ou stories en télétravail depuis l’étranger : les publications de vacances sur les réseaux sociaux peuvent avoir des conséquences professionnelles. Une enquête du prestataire RH Group S révèle que les employeurs belges scrutent de plus en plus les réseaux sociaux de leurs salariés. Dans certains cas, cela mène à des sanctions, voire à un licenciement.

Chaque été, les photos de plage, les cocktails en terrasse et les commentaires spontanés refont surface sur les réseaux sociaux des travailleurs en vacances. Mais ces publications échappent rarement aux regards du bureau. D’après une enquête menée par le prestataire de services RH Group S, les employeurs sont nombreux à consulter les profils sociaux de leurs collaborateurs, et dans certains cas, à réagir. Car la liberté d’expression et le droit à la vie privée ne protègent pas contre tout, surtout lorsqu’il est question de publications visibles en ligne.

«Les réseaux sociaux ont estompé la frontière entre vie professionnelle et vie privée, observe Frank Verbruggen, Legal Manager chez Group S. Autrefois, quand un employé partait en vacances, personne ne savait ce qu’il faisait. Aujourd’hui, c’est différent. Les juges peuvent considérer des éléments tels que le ton des publications, leur portée ou encore la fonction de l’employé comme justifiant un licenciement pour motif grave

La jurisprudence belge confirme que certains contenus postés durant les congés peuvent avoir des conséquences. Une collaboratrice en incapacité de travail, partie quelques jours dans le sud de la France, a été licenciée après avoir publié des photos de vacances sur Instagram. «Le Tribunal du travail de Bruxelles a estimé que ces publications constituaient une provocation à l’égard de l’employeur », rapporte Frank Verbruggen.

Dans un autre cas, un salarié en télétravail depuis l’étranger a publié sa localisation sur une plage au Portugal. Malgré l’accord de son supérieur pour travailler à distance, son employeur a considéré que cette publication jetait un doute sur la réalité de son activité. Pour Frank Verbruggen, «dire que vous travaillez de chez vous alors que vous êtes en vacances peut avoir de lourdes conséquences

Attention aux réseaux sociaux en vacances

L’enquête de RH Group S nuance toutefois l’ampleur du phénomène. Parmi les 400 employeurs interrogés, seuls 6% déclarent avoir déjà interpellé un travailleur à propos de ses publications estivales. Et seuls six cas de licenciements pour des faits liés aux réseaux sociaux ont été recensés. Cela n’empêche pas une forme de surveillance passive: 49% des employeurs sont amis ou abonnés aux comptes sociaux de leurs salariés, et 15% de ceux qui ne le sont pas reconnaissent faire des recherches ponctuelles sur ce que publient leurs collaborateurs.

Les publications à teneur critique restent les plus sensibles. Frank Verbruggen prend un exemple concret pour expliquer les conséquences possibles: «Dans un groupe Facebook privé réunissant une dizaine de collègues, un salarié s’est exprimé de manière virulente contre son supérieur. L’un des membres a transféré la capture au service RH, déclenchant une convocation à son retour de congé. Si une grande partie des « amis » sont aussi des collègues, le message n’est alors plus privé, mais devient public .»

Le manager RH insiste aussi sur les signaux visuels associés au travail: «S’amuser en vacances n’est absolument pas interdit. Mais attention aux éléments qui rappellent le travail, comme un badge, un uniforme ou le logo de l’entreprise.» Ces détails suffisent parfois à justifier une sanction si la publication nuit à l’image de l’entreprise.

Dans un précédent litige, un employé avait critiqué son entreprise dans un groupe Facebook qui portait son nom et son logo. La Cour du Travail de Bruxelles a toutefois estimé qu’il ne pouvait pas avoir conscience du caractère public du groupe et a considéré qu’il ne s’agissait pas d’injures répréhensibles. En revanche, les propos discriminatoires ou illégaux, comme une remarque raciste sur un profil personnel, peuvent mener à un licenciement sans discussion. «Sur ce point, la jurisprudence est sans ambiguïté», tranche Frank Verbruggen.

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