pape
Le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, surnommé «Le François asiatique», est cité comme l’un des favoris pour devenir le nouveau pape. © AFP via Getty Images

Le nouveau pape pourrait bien venir d’Asie: «Le conclave sera bouclé avant la fin du week-end»

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Ils sont 133 cardinaux électeurs à se réunir ce 7 mai pour désigner le nouveau pape. Dans la Chapelle Sixtine, le conclave, coupé du monde, débattra autant que nécessaire pour élire le successeur de François. A quel profil peut-on s’attendre?

L’identité du nouveau pape sera connue dans les heures ou les jours qui viennent. Le chef de l’Eglise catholique sera désigné parmi les 133 cardinaux électeurs qui se réunissent dès ce 7 mai au Vatican, dans le plus grand des secrets. Coupé des communications extérieures, le conclave, composé à 80% par François et donc à forte tendance progressiste, ne se réunit cependant pas dans une atmosphère sereine.

«Le futur pape devra apaiser les esprits»

Car si le pape François avait une assez bonne réputation à l’extérieur, au Saint-Siège, «sa position restait très discutée», rappelle Rik Torfs, professeur en droit canon (KU Leuven).  L’Argentin Jorge Bergoglio laisse derrière lui une assemblée tendue, tiraillé entre progressistes et ultraconservateurs. «Le futur pape devra apaiser les esprits.»

«L’ambiance actuelle au sein de la Curie romaine n’est pas bonne du tout.»

Rik Torfs

professeur en droit canon (KU Leuven)

Pour parvenir à la majorité des deux tiers, le futur pape devra logiquement adopter une position rassembleuse. Peu de chances, donc, de voir un profil ultraconservateur ou «trop» progressiste émerger. «Les 80% du conclave pensent comme François: progressistes sur les questions socio-économiques, mais conservateurs sur les questions éthiques, distingue Tom Zwaenepoel, spécialiste du Vatican (UGent). L’objectif des ultraconservateurs sera de dissuader les cardinaux de choisir les candidats les plus progressistes.»

Mais, aussi, le cardinal ne pourra pas ignorer les critiques formulées à propos de l’ambiance actuelle au sein de la Curie romaine, «qui n’est pas bonne du tout», insiste Rik Torfs.

«Dans un conclave, il y a toujours des surprises»

Il demeure très difficile de désigner un favori. Parolin, Zuppi et Pizzaballa (Italie), Tagle (Philippines), Erdo (Hongrie) ou encore Turkson (Ghana) et Abomgo (Congo) sont régulièrement cités par les bookmakers, parmi d’autres.

«Dans un conclave, il y a toujours des surprises. Le favori ne gagne presque jamais, remarque Rik Torfs. Dans l’histoire récente, seul Benoît XVI était pressenti avant son élection. Pour le reste, le nom le plus cité gagne rarement.»

La suite de l’article après l’infographie

«Le moment est peut-être venu pour le premier pape asiatique des temps modernes»

Pour Tom Zwaenepoel, «il y a de fortes chances que le nouveau pape vienne d’Asie», assure-t-il. Et de fait, par rapport au conclave de 2013, le nombre de cardinaux asiatiques a plus que doublé. «En Asie, l’Eglise catholique romaine connaît une forte croissance. Et on dit souvent qu’une église locale produit un pape. Le moment est peut-être venu pour le premier pape asiatique des temps modernes.» Par ailleurs, la Corée du Sud, entre autres, apporte un financement grandissant au Vatican.

«En Asie, l’Eglise catholique romaine connaît une forte croissance.»

Tom Zwaenepoel

spécialiste du Vatican (UGent)

Dans de nombreux pays asiatiques, l’Eglise catholique romaine est minoritaire. Ainsi, leur identité est très marquée. «Les catholiques d’Asie doivent également consulter et dialoguer avec, par exemple, les musulmans. Et point positif, de nombreux cardinaux asiatiques sont pro-occidentaux», argumente Tom Zwaenepoel.

Pour le spécialiste du Vatican, le groupe ultraconservateur voudra empêcher le nouveau pape d’être encore plus libéral, ouvert et progressiste que François. «Mais cette discussion est superflue car la question de savoir s’il s’agit d’une bataille entre catholiques, orthodoxes et hérétiques (NDLR: comme l’a dit le cardinal allemand Müller dans une interview) n’est pas pertinente pour ce conclave.»

«On ne dépassera probablement pas le week-end»

Le conclave recherchera donc «un pape ouvert, qui communique bien, qui a du charisme, qui lance un appel clair à la paix dans le monde et qui est un bon administrateur, décrit Tom Zwaenepoel. Cette position déterminera dans quelle mesure l’Eglise devra embrasser la modernité. L’aile conservatrice, elle, estime que le monde devrait embrasser l’Eglise…»

«Le conclave recherchera un pape ouvert, qui communique bien, qui a du charisme, qui lance un appel clair à la paix dans le monde et qui est un bon administrateur.»

Tom Zwaenepoel

spécialiste du Vatican (UGent)

Les 133 cardinaux viennent de 72 pays. Et 55 pays n’ont qu’un seul cardinal. «Le Collège des cardinaux est donc profondément divisé.»

Malgré tout, le conclave ne va pas nécessairement s’éterniser. «Il n’est pas exclu qu’il finisse dès jeudi ou vendredi. On ne dépassera probablement pas le week-end», prédit enfin Rik Torfs.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire