L’adolescent italien Carlo Acutis a été canonisé ce 7 septembre. Voici les conditions à remplir pour être reconnu comme saint.
Le jeune Carlo Acutis, décédé en 2006 à l’âge de 15 ans, a été canonisé ce dimanche 7 septembre par le pape Léon XIV. Autrement dit, il est désormais reconnu comme saint par l’Eglise catholique. Relevant de la décision du pape, la canonisation consacre l’exemplarité de l’individu choisi et sa conformité aux valeurs de l’institution. Carlo Acutis, cet adolescent milanais décrit par le cardinal Agostino Vallini comme «un garçon normal, qui jouait au football et était passionné d’informatique», est le premier saint enregistré au XXIe siècle. Qualifié de geek de Dieu ou de cyber-apôtre, il avait mis ses talents informatiques au service de l’Eglise en créant notamment une exposition en ligne consacrée aux miracles. L’adolescent, qui se rendait quotidiennement à la messe, est mort d’une leucémie foudroyante le 12 octobre 2006.
La procédure de canonisation de Carlo Acutis a commencé en 2013 à Milan. Son cœur, considéré comme une relique, se trouve aujourd’hui dans la Basilique Saint-François d’Assise. Le culte des saints, qui existe depuis le premier siècle, va en effet souvent de pair avec la vénération de leurs reliques, soit des objets qui leur ont appartenu, soit des parties de leur corps. La chapelle Carlo Acutis de l’église Sainte-Julienne de Salzinnes accueille ainsi une mèche de cheveux de l’adolescent décédé, révèle la RTBF.
La conservation de ces reliques attire de nombreux fidèles et peut également générer des recettes pour l’Eglise et les commerces qui s’appuient sur ces figures de référence. Le diocèse d’Assise, où est exposé le corps de l’adolescent dans un stupéfiant état de conservation, voit ainsi gonfler le rang de ses pèlerins. En 2024, près d’un million de visiteurs s’y sont présentés.
Les conditions à cocher
A quelles conditions faut-il répondre pour pouvoir prétendre à la canonisation, c’est-à-dire pour pouvoir être reconnu comme saint?
1. De manière générale, un délai de cinq ans est requis entre le décès du candidat à la sainteté et sa reconnaissance comme saint. Ce délai permet de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement d’admiration passager et temporaire à l’égard du candidat.
2. Le candidat doit avoir accompli au moins deux miracles. La béatification, qui constitue l’étape préliminaire à la canonisation, ne nécessite d’en avoir réalisé qu’un seul. Le 14 novembre 2019, la guérison miraculeuse d’un enfant atteint d’une grave maladie, au Brésil, a été officiellement attribuée à Carlo Acutis. «Le Conseil médical de la Congrégation pour la cause des Saints a exprimé une opinion positive au sujet d’un prétendu miracle attribué à l’intercession du vénérable Carlo Acutis», avait annoncé Nicola Gori, postulateur de la cause de canonisation du jeune italien. Les parents de l’enfant avaient invoqué l’intercession de Carlo Acutis.
3. Avoir mené une vie chrétienne exemplaire.
4. Depuis 2017, à l’initiative du pape François, une autre voie permet d’accéder à la béatification et/ou à la canonisation: avoir sacrifié sa vie pour en sauver une autre.
La procédure de canonisation, qui consiste à édifier une personnalité en modèle, débute avec la demande, formulée par des fidèles auprès de l’évêque du diocèse où est mort le candidat, d’ouvrir un dossier pour demander la reconnaissance de ce dernier au titre de saint. Tout catholique est théoriquement susceptible de devenir un jour saint. C’est d’abord au niveau du diocèse que les recherches et récoltes de témoignages pour attester cette sainteté sont réalisées, sous la houlette d’un postulateur. Ce dernier doit obligatoirement être diplômé en droit canonique, théologie ou histoire. Si ces démarches, qui peuvent s’étendre sur plusieurs années, permettent d’obtenir suffisamment d’indices positifs concordants, le dossier est ensuite envoyé à la Congrégation pour les causes des Saints, au Vatican.
Un premier pas est franchi dans la procédure lorsqu’un collège de cardinaux et d’évêques, au Vatican, s’accorde sur un décret dit d’héroïcité des vertus, après un examen approfondi du dossier. Ce document, signé par le pape, confirme que le candidat a fait preuve de fidélité à l’Eglise, s’est conformé à l’évangile et a pratiqué la charité.
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Vient ensuite le temps de la béatification, qui n’est possible qu’après la reconnaissance d’un miracle accompli par le candidat saint. Ce miracle doit être reconnu comme tel par une commission d’experts, dans laquelle siègent des cardinaux, des évêques, des théologiens et des médecins. La condition du miracle n’est pas nécessaire pour un candidat qui serait mort en martyr. Une fois béatifié, l’individu concerné peut être appelé serviteur de Dieu et faire l’objet, officiellement, d’une vénération au niveau local. Des exceptions existent toutefois: le pape Jean XXIII a ainsi été canonisé sans répondre au critère des miracles, sur simple décision du pape. Il s’agit dans ce cas d’une béatification équipollente.
Le passage à la canonisation nécessite d’avoir réalisé un deuxième miracle. Dans le cas de Carlo Acutis, le Vatican lui a reconnu, outre la guérison d’un enfant brésilien, celle d’une étudiante costaricienne grièvement blessée dans un accident. Là encore, ses proches s’étaient adressés à l’adolescent italien pour qu’il la sauve. A ce stade de la procédure, le dossier de candidature passe entre les mains d’un promoteur de la foi dans un esprit de débat contradictoire. Ce dernier vérifie en effet que rien n’a été oublié, en particulier un élément qui ne plaiderait pas en faveur du candidat. En bout de procédure, c’est le pape qui prononce la béatification. Dès lors, le saint nouvellement déclaré peut être vénéré universellement. Plus prosaïquement, un jour de célébration dans le calendrier liturgique lui est réservé.
Sous le règne du pape François, 1.540 personnes ont été béatifiées, dont 1.128 martyrs de la guerre d’Espagne. Le défunt pape détient ainsi un record. Il a également procédé à 929 canonisations, dont 800 concernent les martyrs d’Otrante, tués en 1490 pour avoir refusé d’abjurer leur foi au profit de l’islam.
Elu le 8 mai dernier, son successeur Léon XIV a déjà procédé à 21 béatifications et neuf canonisations.
Selon la RTBF, entre 2.000 et 3.000 dossiers de candidatures à la béatification et à la canonisation sont actuellement ouverts.