Le grimage en noir de Zwarte Piet est de moins en moins populaire aux Pays-Bas, les jeunes en particulier estimant que la pratique du « blackface » n’a pas sa place dans la société actuelle.
« Zwarte Piet », signifiant « Pierre noir » en français, est l’acolyte de Sinterklaas, ou Saint-Nicolas, célébré début décembre avec des cadeaux et des fêtes de famille – mais son apparence est de plus en plus contestée.
Un tiers (33%) des 1.457 adultes néerlandais sondés par I&O Research estiment aujourd’hui que le personnage devrait garder son apparence traditionnelle : un visage intégralement grimé en noir de jais, des lèvres rouges, une perruque afro et des boucles d’oreilles clinquantes.
Il y a six ans, 65% des Néerlandais interrogés dans une première enquête jugeaient que « Zwarte Piet » devait garder cette apparence, ont souligné les chercheurs.
Le soutien pour le grimage en noir a même diminué par rapport à l’année dernière (38%), ont-ils ajouté.
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Quatre pour cent des sondés ont jugé que « Zwarte Piet » devrait être complètement aboli tandis que 55% ont déclaré que son apparence devrait changer – progressivement ou immédiatement en un « Piet » arborant des traces de suie sur le visage au lieu du grimage en noir.
Des manifestations contre le racisme ont lieu chaque année aux Pays-Bas au moment des défilés marquant « l’arrivée » de Sinterklaas et de ses acolytes fin novembre.
Bien qu’il y ait eu une augmentation notable des « Piet » se contentant d’un peu de maquillage imitant la suie, on peut toujours apercevoir des personnages « blackface » défiler dans les grandes villes. « Zwarte Piet » fait également partie du folklore de la Belgique.
L’enquête a aussi révélé que les jeunes Néerlandais étaient particulièrement opposés à la tradition « blackface » : le soutien de celle-ci chutant de 34% en 2018 à 19% cette année chez les 18-34 ans. « Avant, je ne voyais rien de particulier chez Zwarte Piet, mais, rétrospectivement, c’est assez étrange », a déclaré un jeune adulte cité dans l’enquête.
Les Néerlandais issus des anciennes colonies néerlandaises des Caraïbes et d’Amérique du Sud sont également fortement opposés au personnage, avec 25% en faveur de Zwarte Piet contre 17% en faveur de l’abolition complète.
Le soutien dépend également des opinions politiques : une large majorité (79%) des électeurs des partis d’extrême droite de l’homme politique anti-islam Geert Wilders et du conspirationniste pro-Kremlin Thierry Baudet veulent garder le grimage noir du personnage.
Ces dernières années, les Pays-Bas ont commencé à regarder en face l’héritage de leur histoire coloniale et leur rôle dans l’esclavage, pour lequel ils devraient de présenter des excuses officielles en décembre.