Non, sur l’autoroute, la bande de droite n’est pas réservée aux camions dont la vitesse est limitée à 90 km/h. Tout automobilise est tenu de tenir sa droite ou de se rabattre après un dépassement, sous peine de recevoir une amende… du moins, quand l’infraction est attestée.
Les comportements inciviques sur la route ont le don d’énerver les Belges. A la première place des mauvaises habitudes les plus irritantes: la monopolisation de la bande du milieu. Selon une enquête de Vias sur l’agressivité au volant (2022), 25% des Belges (28% des Wallons, 17% des Bruxellois et 25% des Flamands) en ont assez des automobilistes qui restent sur la bande du milieu malgré une bande de droite libre de tout véhicule.
«Dans certains cas, c’est de la distraction. En revanche, quelques automobilistes estiment que la bande de droite est réservée aux camions, ce qui n’est pas le cas. D’autres encore estiment que s’ils sont sur la bande du milieu à 120 km/h et qu’ils sont dépassés, c’est que ces conducteurs vont trop vite, explique Benoit Godart, porte-parole de Vias. C’est difficilement compréhensible, car la loi est claire.» En effet, sur l’autoroute comme en agglomération, l’usager de la route ne doit pas rester sur la bande du milieu, ou même la bande de gauche, sauf pour suivre les indications des panneaux de signalisation. En soi, En soi, rester sur la bande du milieu n’est pas une infraction, mais enfreint deux règles: il faut tenir la droite de la chaussée (Art. 9.3.1.al.1 et 2) et il faut se rabattre après un dépassement (Art. 16.6.al.1).
Rester sur la bande du milieu: de 58 à 116 euros d’amende
En fonction de l’article de loi qui a été enfreint, les automobilistes en faute peuvent être verbalisés. «Ne pas tenir le bord droit de la chaussée de façon générale est une infraction de premier degré, donc l’amende s’élève à 58 euros, expose la porte-parole de la police fédérale. Le fait de faire un dépassement sans se rabattre est une infraction de deuxième degré, et donc sanctionné d’une amende de 116 euros.»
Cependant, le contrôle du respect de ces articles de loi est difficile, car ce sont les policiers en patrouille qui sont chargés de constater. Or, la police fédérale est en sous-effectif, et «les agents ont d’autres choses à faire, commente le porte-parole de Vias, Benoit Godart. Pour sanctionner quelqu’un qui reste sur la bande centrale, il faut quand même le suivre pendant un certain temps, la police ne peut se contenter de constater sur le bord de la route. Cela nécessite d’importants moyens.» L’Institut pour la sécurité routière suggère plutôt d’utiliser des caméras, ce qui n’est toutefois pas possible actuellement, «car cette infraction n’est pas reprise dans la liste de celles qui peuvent être verbalisées sur base de caméras», précise Benoit Godart.
Il n’empêche que 1.031 automobilistes ont été verbalisés pour ne pas avoir tenu leur droite, en 2023, selon la police fédérale. Soit davantage qu’un an auparavant (926), mais bien moins qu’en 2019 (1.726). Toujours en 2023, 865 conducteurs ont reçu un P.-V. pour ne pas s’être rabattus après un dépassement, contre 527 en 2019 et 1.182 en 2022.
Les Français et les Allemands, pires que les Belges?
Certains automobilistes diront que ce sont surtout les Français qui ne tiennent pas leur droite, d’autres les Allemands. En réalité, il n’y a pas une nationalité qui respecte moins bien la règle que d’autres. Seulement, l’Allemagne et la France étant limitrophes, ces conducteurs sont plus nombreux que les Espagnols, les Italiens ou les Portugais à emprunter les autoroutes belges. Ils se font simplement plus vite remarquer… surtout lorsqu’ils commettent l’infraction la plus agaçante selon les Belges.
Or, dans chacun des pays d’Europe, et même au Royaume-Uni, la règle est immuable, souligne le porte-parole de Vias: l’automobiliste doit serrer le plus à droite de la chaussée (à gauche au Royaume-Uni) et se rabattre immédiatement après avoir effectué un dépassement.