470 accidents ont été enregistrés lors du premier trimestre 2025, contre 291 à la même période un an plus tôt: les accidents de trottinettes n’ont jamais été aussi élevés. Vias pointe plusieurs facteurs, dont la présence d’engins chinois qui ne respectent pas la législation belge.
Le nombre d’accidents corporels impliquant une trottinette électrique a bondi de 62% en Belgique au premier trimestre de cette année par rapport à la même période de l’an dernier, selon le premier baromètre de la sécurité routière pour 2025 de l’institut Vias. Cela représente 470 accidents avec blessés ou décès enregistrés par la police entre janvier et mars, soit en moyenne cinq par jour, contre 291 sur les trois premiers mois de 2024.
Toutes les Régions sont concernées par cette hausse, mais l’augmentation est particulièrement marquée en Wallonie (+95%), où le nombre d’accidents est passé de 42 à 82. Dans la Région de Bruxelles-Capitale, la progression atteint 44%, avec 127 accidents recensés contre 88 l’an dernier. En Flandre, les chiffres passent de 161 à 261 (+62%). Ces données ne tiennent pas compte des accidents où la police n’est pas appelée, comme dans de nombreux cas où un utilisateur seul est blessé et transporté directement à l’hôpital.
Pour Benoît Godart, porte-parole de Vias, plusieurs facteurs expliquent cette tendance, mais il insiste sur l’un d’eux: « Un shift s’est opéré. Pour plusieurs raisons, les utilisateurs se sont tournés vers l’achat de leur propre trottinette. C’est plus économique que d’utiliser des engins partagés. Et à Bruxelles, la baisse du nombre de véhicules en free floating (libre partage) a aussi été un vecteur d’achat », observe-t-il.
Deux marques chinoises particulièrement problématiques
Mais cette évolution entraîne aussi de nouveaux risques. Selon Vias, deux marques chinoises en particulier posent un grave problème de sécurité: « Alors que la législation fixe un maximum de 25 km/h, il est très facile pour ces modèles de dépasser les 45 km/h, voire bien plus. Ce qui augmente le risque d’accidents. Et on en voit énormément dans nos rues. »
En mai dernier, dans le cadre de la campagne de sensibilisation « 2 Wheels », la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles (PolBru) avait intercepté une trottinette roulant à 106 km/h. Lors de cette même campagne, Vias avait démontré que de nombreux Belges connaissent mal la réglementation encadrant l’usage des trottinettes électriques, notamment les règles de circulation et les limitations techniques.
L’une de ces marques, Kukirin, avait été impliquée dans l’accident mortel de Fabian, survenu à Bruxelles en juin dernier. Le parquet de Bruxelles avait, dans la foulée, fait sceller un magasin vendant ces trottinettes ultra-rapides. Ces engins, qui ne respectent pas les normes belges, ne sont pas vendus officiellement dans le pays, même s’ils l’étaient frauduleusement dans ce magasin. « Comme ils sont importés directement via des sites internet étrangers, estimer leur nombre est difficile, voire impossible », regrette Benoît Godart.
Cinq recommandations pour la sécurité
Pour enrayer la hausse des accidents, l’institut Vias formule cinq recommandations: interdire l’importation des modèles dépassant 25 km/h; accélérer l’homologation d’un appareil, le « curvomètre« , permettant aux policiers de mesurer la vitesse réelle des trottinettes; rendre le port du casque obligatoire, sachant qu’une étude a montré que 60% des blessés graves hospitalisés souffraient d’un traumatisme crânien; imposer le port d’un gilet fluo la nuit pour améliorer la visibilité des usagers; et durcir les normes techniques, notamment en matière de taille minimale des roues. Vias insiste aussi sur la nécessité de renforcer les contrôles, alors que certains modèles non conformes circulent déjà à grande vitesse dans l’espace public, au risque d’accroître le nombre d’accidents graves.
Si cela n’a pas de rapport direct avec le côté accidentogène de ces modèles chinois, le porte-parole de Vias souligne un autre grave problème, lié à leurs batteries: « Ce sont ces mêmes marques qui, lorsqu’on les laisse en charge toute la nuit, peuvent prendre feu« .