Le conseil d’administration de la SNCB a validé l’attribution du « contrat du siècle » à l’entreprise espagnole CAF pour la fourniture de nouvelles automotrices, écartant ainsi la société Alstom dans le cadre du programme de renouvellement de la flotte ferroviaire.
Le conseil d’administration de la SNCB a confirmé le choix de l’Espagnol CAF, au détriment de l’entreprise Alstom, pour l’attribution d’un contrat de livraison de nouvelles automotrices dans le cadre du renouvellement de la flotte de la société ferroviaire, a-t-elle annoncé dans un communiqué.
Il s’agit d’un contrat-cadre estimé à plusieurs milliards d’euros. Il portera sur des trains offrant une capacité de 54.000 places assises, dans le cadre d’une première commande. Fin février, la SNCB avait déjà opté pour l’offre soumise par CAF mais la décision avait été suspendue par le Conseil d’État, qui avait estimé qu’elle n’avait pas été prise de manière suffisamment transparente.
Alstom Benelux, qui emploie quelque 3.000 personnes en Belgique dont plus de 600 à Bruges (ex-site Bombardier), était également en lice pour ce contrat qualifié par d’aucuns de « contrat du siècle », mais la filiale belge du groupe français n’avait pas été retenue, pas plus que le constructeur allemand Siemens.
Ce mercredi, le conseil d’administration de la SNCB a donc décidé de confirmer CAF comme soumissionnaire préférentiel pour la livraison de nouvelles automotrices et ce, « sur base d’une motivation qui tient compte de l’arrêt du Conseil d’État. » Le conseil d’administration de l’entreprise ferroviaire a constaté que les offres déposées par les trois soumissionnaires « mentionnent chacune le recours à des prestataires locaux ».
La SNCB invite dès lors le soumissionnaire préférentiel à concrétiser cette piste. Le conseil d’administration a également chargé le management, dans le cadre de la poursuite des discussions avec le soumissionnaire préférentiel en vue de la décision d’attribution définitive, de requérir auprès de CAF la confirmation que ses activités respectent le droit international et les droits humains.
Un choix critiqué
Le choix posé le conseil d’administration de la SNCB suscite les critiques de plusieurs élus.
« Alstom se retrouve privé du contrat et risque de compromettre gravement l’avenir de plus de 600 emplois à Bruges », déplore le député fédéral CD&V Franky Demon, qui s’interroge du manque de protection de l’emploi en Belgique. Selon lui, « Alstom était non seulement moins cher, mais aussi un partenaire reconnu dans notre pays ». Pour l’élu brugeois, « les règles européennes en matière de marchés publics ont été appliquées de manière trop stricte. » Le député demande une audition de la direction de la SNCB à la Chambre.
De son côté, le président du MR Georges-Louis Bouchez assure que les représentants des libéraux francophones au sein du conseil d’administration de la SNCB se sont opposés à cette décision. Selon lui, il s’agit « clairement d’un choix anti-Alstom tant les éléments de différenciation sont ridiculement minimes et sans fondement », a-t-il écrit sur le réseau X. « C’est un choix de la direction et un CA qui, pour une partie significative, n’a pas assumé ses responsabilités », a-t-il conclu.
Groen salue pour sa part l’exigence explicite de respect des droits humains par CAF. « La SNCB poursuivra les négociations avec le constructeur ferroviaire espagnol CAF, mais ne se verra attribuer le contrat que si l’entreprise se retire des colonies israéliennes illégales où elle est actuellement présente », soulignent les verts néerlandophones.