Pour les Saoudiennes, il est temps de goûter aux frissons de la vitesse après la levée en juin de l’interdiction de conduire.
Les passionnées étaient loin de penser pouvoir un jour s’adonner à ce loisir dans un royaume musulman ultraconservateur que le prince héritier Mohammed ben Salmane dit vouloir réformer.
« J’adore la vitesse » et « je rêve d’une voiture de plus de 500 chevaux », explique Rana Almimoni, 30 ans, en faisant hurler le moteur.
Elle dit attendre à présent une décision autorisant les femmes à obtenir des « permis de course », ce qui leur ouvrirait la porte des compétitions de sport automobile.
Cela inclut les exercices de dérapage, une pratique évidemment illégale sur les routes du royaume mais qui est un grand classique dans l’environnement contrôlé du parc Dirab, dont les propriétaires insistent sur la sécurité.
Désormais, les Saoudiennes veulent accéder à ce privilège masculin. « La plupart des questions des femmes portent sur le dérapage contrôlé: comment apprendre à le faire? Quelles voitures utiliser? Combien de temps pour le réussir? », indique l’instructeur Falah al-Jarba en regardant Mme Almimoni tournoyer sur le circuit.
A la nouvelle clientèle féminine, les concessionnaires automobiles proposent de petits modèles, mais certaines Saoudiennes préfèrent les bolides de fabrication américaine. « C’est un mythe » d’imaginer que les Saoudiennes préfèrent les petites voitures, dénonce Rana Almimoni, en faisant hurler le moteur de la berline sport qu’elle conduit.
Beaucoup ont trouvé l’inspiration grâce à Aseel al-Hamad, la première Saoudienne membre de la fédération nationale automobile du royaume, qui a pris le volant d’une Formule 1 en France en juin pour marquer la fin de l’interdiction de conduire dans son pays.
Aseel al-Hamad, la première Saoudienne membre de la fédération nationale automobile du royaume.
Aseel al-Hamad avec David Coulthard
Aseel Al-Hamad
Aseel Al-Hamad
A l’approche de la levée de l’interdiction, les autorités saoudiennes avaient préparé le terrain en installant des simulateurs, afin d’aider les femmes totalement novices à s’habituer au volant.
« Je ne me sens plus en Arabie saoudite », commente à ce jour Nagwa Mousa, professeure d’université de 57 ans. Cela dit, « je ne m’attends pas à voir beaucoup de femmes faire des dépassements et rouler à toute vitesse sur les routes », tempère-t-elle.
Pour certains, la levée de l’interdiction de conduire libère la femme de la dépendance à l’égard des chauffeurs. Mais beaucoup d’entre elles se tiennent encore à l’écart des routes.