Noyades
© Getty Images

Les noyades tuent encore trop d’enfants chaque année: comment prévenir les accidents?

Les noyades ont entraîné les décès de 72 Belges en 2022, tandis qu’en France, 100 personnes sont mortes noyées en un mois à peine, entre le 1er juin et le 2 juillet 2024. Les dangers de l’eau ne doivent pas être minimisés, insiste la Ligue Francophone Belge de Sauvetage.

Chaque année, 300.000 décès sont causés par des noyades dans le monde, rapporte l’Organisation mondiale de la santé. Les enfants sont les plus concernés. En effet, les jeunes «de moins de 5 ans représentent près d’un quart de l’ensemble des décès par noyade», souligne l’OMS. Par ailleurs, 92% des noyades mortelles surviennent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.

La Belgique est donc peu touchée, mais pas épargnée. En 2022, 72 personnes sont mortes par noyade. Un chiffre en baisse par rapport à 2021 (79) ou encore 2015, année qui a comptabilisé un record de noyades par rapport aux dix années précédentes (98); mais en augmentation par rapport à la période de Covid-19.

Sept morts par noyade ont été enregistrées chez les enfants de 0 à 19 ans, en 2022, selon les chiffres de la Ligue Francophone Belge de Sauvetage, contre huit pour la tranche 30-44 ans, et 17 pour les 45-64 ans. Des chiffres qui ne prennent en compte que les noyades ayant entraîné la mort, or, comme le souligne Alexis Rondeau, coordinateur pédagogique de la LFBS, toute noyade n’est pas nécessairement fatale. En outre, si les jeunes de moins de 18 ans ne représentent pas la tranche d’âge la plus touchée par les noyades mortelles, «ils font néanmoins partie de l’un des groupes les plus à risque».

Aptitudes, alcool, canicule: les causes de noyade sont multiples

D’après Alexis Rondeau, la plupart des noyades enregistrées en Belgique ont eu lieu à domicile. «Dans une baignoire ou un jacuzzi, mais rarement dans les piscines de particuliers, expose-t-il. Ou dans des lieux qui ne sont pas surveillés ou peu surveillés, et où le risque d’accident est accru. Par exemple dans un lac, ou dans les piscines privées qui poussent un peu partout en Belgique.» Le manque de surveillance n’expliquerait pas tout. Selon le coordinateur de la LFBS, la baisse des aptitudes natatoires des plus jeunes, parfois privés de cours de natation faute de piscines disponibles, aurait aussi un rôle à jouer dans les cas de noyades juvéniles. Tandis que chez les personnes en âge de boire, «25% des noyades sont dues à une consommation d’alcool», ajoute Alexis Rondeau.

Les fortes chaleurs ont aussi une incidence sur le nombre de noyés. Ainsi, Santé publique France a enregistré, entre le 1er juin et le 2 juillet, 400 noyades, dont 100 mortelles, sur l’ensemble de l’Hexagone. Cela représente une hausse de 58% par rapport à la même période l’année précédente. La canicule n’est en réalité qu’une cause indirecte de ces accidents. Lorsque les températures sont élevées, l’afflux de population vers les points de baignade tels que les cours d’eau et les lacs non surveillés, ou la mer, est plus important. Les risques de noyade augmentent alors. Notamment chez les jeunes, qui représentent 19 cas de noyades fatales enregistrées en France au début de l’été.

«Il ne s’agit pas de faire des enfants des futurs Léon Marchand, mais de leur apprendre les comportements à adopter en cas de difficultés.»

Comment prévenir les accidents?

Le plus important, selon Alexis Rondeau, est d’apprendre à nager dès le plus jeune âge. «Il s’agit d’une compétence de sécurité de base, souligne-t-il. Il ne s’agit pas de faire des enfants des compétiteurs ou des futurs Léon Marchand, mais de leur apprendre les comportements à adopter en cas de difficultés, à se débrouiller dans l’eau.» Le coordinateur de la LFBS évoque, par exemple, l’apprentissage de la flottaison, l’un des points clefs d’un ensemble d’outils sur lesquels il travaille pour ensuite les mettre à disposition des écoles et des clubs de natation: «Comment se positionner de manière sécurisée dans l’eau et rejoindre le bord avant même de savoir pratiquer la brasse ou le crawl, ou encore identifier les zones propices à la baignade et celles qui, au contraire, peuvent se révéler dangereuses».

Lutter contre les noyades passe aussi par la sensibilisation de la population, non seulement concernant l’importance des cours de natation scolaires ou extrascolaires, mais aussi sur les bons gestes à adopter. «Les campagnes de sensibilisation provoquent, aujourd’hui, très peu de réactions. La noyade n’est pas perçue comme un danger, regrette Alexis Rondeau. J’ai failli me noyer dans une piscine, quand j’étais petit. Des bulles d’eau remontaient à la surface, les adultes ont compris ce qu’il se passait et sont intervenus. A quelques secondes près, et si mes parents n’avaient pas bien réagi, l’accident aurait pu être dramatique

A destination des parents, la Ligue Francophone Belge de Sauvetage partage quelques conseils pour surveiller correctement leurs enfants dans les zones de baignade:

– Etre présent physiquement;

– limiter les distractions et établir des règles claires et compréhensibles par l’enfant;

– prévoir des dispositifs de flottaison (bouée, brassards, gilet…);

sensibiliser les enfants aux dangers de l’eau;

– apprendre les techniques de sauvetage.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire