Entre traditions nationales, sagesse populaire et formules convenues, difficile de s’y retrouver. Pourtant, il y a finalement des points communs dans le contenu des enveloppes mises dans l’urne lors d’un mariage.
Si l’instant n’est pas sacralisé, il est pourtant inévitable. Généralement, on le rencontre quelque part entre le dernier passage devant le miroir et la quête des clés dans le hall d’entrée. Tirés à quatre épingles, sur le point de prendre la route, les invités mettent la main sur une enveloppe, y glissent un mot griffonné à la hâte et quelques billets. Mais lesquels?
Sur le chemin d’un mariage, la question s’est inévitablement posée aux convives. Elle est si fréquente qu’un site spécialisé, mariages.net, a pris la peine de créer un calculateur qui estime quel montant il faut placer dans la traditionnelle urne préparée par les mariés. Le tout en fonction de critères comme la durée de l’invitation (toute la journée, uniquement le vin d’honneur ou la soirée) ou la proximité familiale et/ou affective avec les héros du jour. Le «prestige» de l’évènement jouerait aussi, parce qu’on aurait la main plus généreuse en cas de cérémonie luxueuse que lors d’un mariage où le t-shirt fait office de dresscode.
Même si aucune règle écrite n’existe sur la question, une loi tacite de l’invitation au mariage explique que chaque convive doit mettre dans l’enveloppe l’équivalent de ce qu’il consomme. Un coup d’œil au rapport rédigé en 2025 au sujet du secteur nuptial en France indique toutefois qu’en moyenne, un mariage coûte aujourd’hui à ses organisateurs la somme de 205,37 euros par invité, bien plus que ce qu’on retrouve généralement dans les enveloppes.
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De retour en Belgique, la spécialiste flamande Brigitte Balfoort explique à 7sur7 que «150 euros par couple est un montant courant. On peut descendre à 100 si on n’est pas invité à toute la journée, ou si on n’est pas vraiment proche des mariés.» Là aussi, les traditions nationales jouent un rôle, parce qu’un tel montant glissé dans l’urne d’un mariage espagnol ou italien ferait irrémédiablement passer pour radin.
De 50 à 100 euros, la tradition belge
Si certains glissent parfois des enveloppes vides et anonymes dans l’urne, pour sauver la face devant la foule mais préserver leurs économies, dans les faits, les organisateurs de mariage qui accompagnent les couples tout au long du processus dégagent toutefois une tendance. Louise, à la tête de la société «Un jour en couleurs», confirme: «Il y a toujours de bonnes surprises, hélas parfois aussi des mauvaises, mais on peut dire qu’en moyenne, le Belge met 50 euros par personne dans son enveloppe s’il est uniquement invité pour le vin d’honneur, et 100 euros en cas de présence tout au long de la journée.»
C’est moins codifié qu’en Inde, où la tradition veut que l’urne soit garnie avec un montant qui se termine par le chiffre 1 -censé porter bonheur- ou qu’en Chine, où la somme doit obligatoirement être un nombre pair. Le convive belge est plus libre de faire ce qu’il veut, tout comme les mariés qui peuvent sans problème ajouter leur numéro de compte bancaire à l’invitation, liberté jugée comme une hérésie dans les pays du sud de l’Europe et même en France.
«Pour que la participation soit plus concrète, je conseille toujours aux mariés de mentionner un projet, qui est généralement leur voyage de noces», explique Louise, alors que les cadeaux matériels se font plus rares. «Par contre, il est évident que de nombreux couples utilisent désormais ces sommes pour couvrir une partie des frais du mariage. Je constate que contrairement à ce qui se faisait par le passé, quand les parents se chargeaient de l’addition, ce sont presque systématiquement les mariés qui paient eux-mêmes l’organisation de l’évènement.»
Concertation, humour et hasard
Souvent, l’hésitation se fait collective. C’est la magie des groupes WhatsApp sur lesquels les invités qui se connaissent échangent parfois sur l’idée d’un cadeau commun, plus fréquemment sur le montant à glisser dans l’enveloppe. Histoire qu’à l’heure d’ouvrir l’urne, les mariés ne puissent pas les classer en fonction de leur générosité. Une question d’apparences, sans doute, avec laquelle certains aiment jouer.
Il y a la blague traditionnelle, qui consiste à glisser une enveloppe vide ornée du nom de la cible de la plaisanterie, ou l’invocation du coup de chance, résumée ainsi lors d’un échange de messages survenu entre l’ajustement du nœud papillon et celui des lacets: «Mets des billets à gratter. Tu seras le plus gros radin de la terre s’ils ne gagnent rien mais s’ils gagnent, ils te remercieront toute leur vie.»
Après tout, à chaque cérémonie, il y a toujours quelqu’un avec un verre à la main et plusieurs autres dans le nez pour expliquer que le mariage est une loterie.