Les guêpes sont loin de faire leur «retour en force» cet été en Belgique, malgré certaines impressions. Plusieurs raisons l’expliquent. Pour s’en protéger, inutile d’employer les remèdes de grand-mère. Ou de détruire chaque nid de façon systématique. Une dose de bon sens et de nuance suffit.
Elles viennent ruiner le samedi après-midi au parc, en terrasse, en festival. Comme durant chaque saison estivale, les guêpes sont de retour. Et butinent des peurs plus ou moins rationnelles. Si l’insecte jaune et noir apparaît comme plus que familier, ses quinze espèces présentes en Belgique demeurent souvent méconnues du grand public.
Guêpes: comment apparaissent-elles?
Quand et comment apparaissent-elles, d’ailleurs? En substance, les guêpes-reines, nées l’année dernière (les seules survivantes du nid), passent l’hiver à l’abri du froid et de l’humidité. Au printemps, elles sortent de leur cachette (compost, tas de bois, grenier, armoire, etc.) et redémarrent leur colonie seules: très peu nombreuses, elles passent donc presque inaperçues.
Au mois de juillet, les nids se développent à leur vitesse de croisière. Ils hébergent entre 30 et 100 guêpes ouvrières, en moyenne. Les insectes deviennent alors bien plus visibles en raison de leur nombre accru.
L’année 2025 n’est pas une année à guêpes
Mais cette année 2025 n’est pas le théâtre d’une «invasion». Loin de là. En réalité, les guêpes sont plus nombreuses lors d’années «normales». «Etant donné qu’actuellement, le climat est plus anormal que normal, les guêpes sont moins nombreuses, constate Philippe Wegnez, naturaliste et président du cercle des Entomologistes Liégeois. Il y a quatre ou cinq ans, les pompiers étaient submergés par les appels. Les gens ont tendance à l’oublier.»
Désormais, les guêpes pâtissent des effets du dérèglement climatique: des printemps maussades ou des gelées tardives les font mourir précocement. «Il est donc faux de parler de retour en force, ce n’est pas du tout le cas, poursuit Philippe Wegnez. En 2024, elles étaient encore moins nombreuses.»
Il existe environ quinze espèces de guêpes différentes en Belgique. Parmi elles, seules deux nous «embêtent» (les guêpes «vulgaires» et «germaniques», qui peuvent perdurer jusqu’en fin d’année), alors que les autres se font de plus en plus rares. La faute aux destructions systématiques des nids, «alors que la majorité d’entre eux ne dérange pas l’homme», regrette l’entomologiste.
Les guêpes sont opportunistes
Il n’est pas juste, non plus, de penser que les nids se rapprochent de plus en plus des habitations. «Cela a toujours été comme ça. Les guêpes sont des opportunistes. Dès qu’elles trouvent une bonne planque pour faire leur nid, elles le font.»
Abri de jardin, nichoir d’oiseau, toitures, arbres,… tout est bon à prendre. Et pas toujours en hauteur. «On trouve régulièrement des nids de guêpes dans le sol, sous d’anciens terriers de rongeurs, par exemple.»
Il n’existe pas, non plus, de possibilité d’empêcher un nid de s’installer. «Avant de détruire un nid de guêpes, il faut regarder s’il est réellement dérangeant, insiste Philippe Wegnez. Ce n’est pas parce que deux ou trois guêpes tournent autour de votre table qu’elles proviennent forcément d’un nid visible à proximité. Les gens ont tendance à faire de faux raccourcis.» Les nids suspendus dans les arbres, par exemple, sont rarement sources de guêpes qui viennent déranger en terrasse. «Souvent les gens, y compris les pompiers, détruisent sans savoir de quelle espèce il s’agit.»
Compétition alimentaire
Car, faut-il le rappeler, les guêpes sont des prédatrices naturelles d’insectes: elles se nourrissent de mouches et de chenilles. Et sont dès lors très utiles, notamment aux cultivateurs. «Les guêpes ne sont pas agressives par nature. Mais elles s’inscrivent dans la compétition alimentaire. La guêpe doit s’alimenter elle-même, mais aussi ses larves», explique le naturaliste.
Le sucre, particulièrement, les attire. «On ne peut pas y échapper.» Pas de miracles donc: manger à l’intérieur reste le meilleur remède. Il y a cependant deux règles d’or à respecter: ne pas attaquer leur nid, et ne pas faire de mouvements brusques, au risque sinon d’être considéré comme un prédateur. «Après avoir identifié l’espèce, je peux faire des photos à 20 centimètres du nid, sans protection, sans jamais être attaqué», raconte Philippe Wegnez.
Marc de café, sauge, huiles essentielles: les remèdes de grand-mère ne fonctionnent pas, assure le spécialiste. Poser un piège à bouteille au milieu de la table est encore pire. «Vous les attirez davantage dans votre zone, avec d’autres insectes en prime.»
Carnivores
Tenter de tolérer les guêpes –dans la mesure du possible– est donc la meilleure option, même si, «à leurs yeux, nous sommes de la viande.»
Les guêpes sont en effet carnivores, et notre peau, même résistante, est perçue comme de la nourriture potentielle. «Vous pouvez d’ailleurs sentir la morsure de ses mandibules, à ne pas confondre avec une piqûre. En revanche, la peau de la lèvre étant très fine, la guêpe peut facilement en découper un morceau.»
Les parfums ou déodorants pourraient (même si ce n’est pas prouvé) les attirer davantage. Surtout ceux qui sentent la fleur. «Ce serait l’explication: les guêpes restent des butineuses et, intriguées par l’odeur, elles croient s’approcher d’une fleur pour polliniser.»
Enfin, et dès lors qu’elles ont besoin d’eau, les piscines ou les mares sont d’autres éléments séduisants à leurs yeux.
Prudence, nuance et intérieur: voilà donc le trio gagnant pour ne pas tomber dans un «guêpe-apens.»