Ils sont dans toutes les mains, dans toutes les poches: les miniventilateurs portables sont devenus LE gadget presque indispensable pour lutter contre la canicule. Alors que le réchauffement climatique inquiète les scientifiques, ces gadgets, fruits de l’ultraconsommation, ressemblent à des aberrations.
La Belgique fait à nouveau face à une vague de chaleur estivale, avec des températures qui, selon les prévisions de l’IRM, atteindront 34°C ce mercredi. Dans le sud de la France, c’est pire encore: cinq départements sont placés en alerte rouge pour la canicule, le mercure pouvant atteindre 40°C.
Pour lutter contre ces chaleurs étouffantes, les solutions ne manquent pas. L’une d’elles a particulièrement le vent en poupe. Couleurs attrayantes, design «mignon», prix dérisoire –certains se vendent un euro à peine–, avec brumisateur intégré: bienvenue dans l’ère des miniventilateurs portables. 7,1 millions d’unités de ce gadget ont été écoulées au Royaume-Uni, l’an dernier, selon l’ONG Material Focus.
Auparavant disponible exclusivement sur les sites d’e-commerce (chinois), ce produit de la FastTech (terme anglophone désignant des objets électriques de mauvaise qualité) se trouve désormais dans les rayons de certains magasins, d’Action à MediaMarkt en passant par Hema.
Du consommable jetable
Bienheureux les propriétaires de ces miniventilateurs qui luttent comme ils peuvent contre la fournaise. Néanmoins, l’achat de l’un de ces petits objets reste une mauvaise idée pour une raison au moins: l’écologie.
Outre le fait que ces produits sont bien souvent importés de Chine, ils sont fabriqués avec des matériaux très peu durables, à commencer par le plastique. Boîtier cassé, lames tordues, bouton d’activation qui ne fonctionne plus… Les causes possibles de panne sont nombreuses. Le prix étant dérisoire, les utilisateurs ont sitôt fait de jeter l’objet à la poubelle plutôt que de tenter de le réparer. Selon l’ONG britannique, près de la moitié de ces gadgets (3,4 millions) ont trouvé une place au fond de la poubelle aussi vite qu’ils se sont retrouvés entre les mains de leurs utilisateurs. Par ailleurs, lorsque ces objets ne sont pas rechargeables via une prise USB, plusieurs piles sont nécessaires pour les faire fonctionner. Et autant finissent dans les boîtes et les collecteurs Bebat.
En outre, ces miniventilateurs sont fabriqués avec des métaux stratégiques pour certains secteurs (électriques, numériques, transition écologique…), à l’instar du lithium, du nickel et du cobalt. Ou encore du cuivre, dont la demande mondiale «devrait augmenter de plus de 40% d’ici 2040», avance l’ONU Commerce et développement (CNUCED). «Pour répondre à ces besoins estimés, il faudrait 80 nouvelles mines d’ici 2030.» Des lieux où les conditions de travail sont souvent déplorables pour les mineurs, et où l’extraction de matériaux peut être très polluante.
Exit les miniventilateurs, c’est le tour de l’éventail?
Plutôt que d’acheter des ventilateurs à la durée de vie éphémère, pourquoi ne pas miser sur des objets moins polluants, plus durables et potentiellement réparables? Par exemple, un bon vieil éventail. Comme les miniventilateurs, ils ne refroidiront pas vraiment l’atmosphère, mais donneront au moins une impression de fraîcheur en déplaçant l’air chaud qui colle à la peau, ce qui permettra d’accélérer la perte de chaleur corporelle… à condition de jouer du poignet lentement et sans fatiguer.