Des méduses jonchent le rivage près de la centrale nucléaire de Gravelines, dans le nord de la France, le 12 août 2025. © AFP

Pourquoi les méduses sont présentes en nombre en mer du Nord cet été

Des centaines de méduses échouées longent la côte de la mer du Nord cet été. Température de l’eau en hausse, surpêche et vents côtiers expliquent en partie leur présence accrue et plus précoce, sans pour autant représenter un danger majeur pour les baigneurs.

A l’arrêt pour cause de… méduses. Lundi, la centrale nucléaire de Gravelines (la plus grande d’Europe occidentale, située entre Dunkerque et Calais) a subi un arrêt forcé suite à la présence de grosses méduses dans les filtres des stations de pompage. Du jamais-vu depuis 40 ans.

Sur les plages de Dunkerque comme de Calais, la présence de méduses a été jugée particulièrement élevée, comme le montre la cartographie participative Meduseo. Cette base de données française a permis d’établir que la présence de méduses est en nette hausse ces derniers jours sur l’ensemble du territoire français, et supérieure à l’année dernière sur la même période.

En Belgique –cela n’aura pas échappé aux touristes–, les méduses échouées sur les plages de la Côte belge se comptent par centaines. Invasion en mer du Nord? Selon Kelle Moreau, biologiste marin, ce phénomène est «naturel durant les mois chauds». «Le nombre de méduses n’est pas anormalement élevé à la mer du Nord cet été», abonde Jan Seys, porte-parole de l’Institut flamand de la mer.

Effet du changement climatique? 

Si cette présence en nombre n’inquiète pas les scientifiques, ces derniers notent toutefois que les méduses débarquent plus tôt que prévu «en raison de la température de l’eau qui est plus élevée, du fait du réchauffement climatique», explique Kelle Moreau. Même si, pour l’heure, «il n’existe pas de preuve scientifique d’un impact quelconque du réchauffement climatique sur nos méduses». Et le porte-parole de l’Institut flamand de la mer d’ajouter: «Il est toutefois possible que les espèces méridionales et/ou exotiques finissent par trouver notre mer du Nord plus agréable, ce qui pourrait entraîner de nouvelles arrivées d’espèces».

La surpêche endosse aussi sa part de responsabilité. «Comme les pêcheurs sont de plus en plus nombreux, il y a moins de poissons, et donc plus de plancton. Les méduses en mangent en plus grande quantité, ce qui leur permet d’atteindre plus facilement les eaux côtières», détaille Kelle Moreau. 

«Il peut aussi arriver qu’on en voie un jour à une certaine heure, puis qu’elles disparaissent quelque temps après», ajoute le biologiste. C’est le fait du vent. «Le vent régulier soufflant vers la côte fait que les méduses présentes dans la mer atteignent à plusieurs reprises les eaux côtières et la plage. En effet, ces vents offshore (S, SE, E) soufflant de la terre vers la mer repoussent les eaux de surface, mais un contre-courant compensatoire –contenant les méduses– vient vers la côte. Une fois sur la plage, elles sèchent rapidement et meurent», explique Jan Seys. 

Pas d’espèces dangereuses

Les eaux belges contiennent quatre espèces de méduses. «Toutes piquent, mais deux d’entre elles (la méduse “lune” qui est la plus présente, et la méduse “baril” ou “rhizostome”) ne peuvent pas pénétrer la peau humaine et ne causent donc aucun dommage. Les deux autres (“cyanée” et “chrysaora”) provoquent tout au plus des irritations et des cloques sur la peau, et ne causent des complications médicales que chez les personnes hypersensibles», développe le porte-parole. 

L’Institut flamand de la mer note encore l’apparition ces dernières années d’une nouvelle espèce de méduses dans les eaux belges: «Une espèce exotique anatomiquement impossible à distinguer de la méduse lune commune (bien que génétiquement différente) et qui peut piquer les êtres humains». Elle est notamment à l’origine du blocage de la centrale nucléaire à Gravelines.

La méduse à l’origine du blocage de la centrale nucléaire à Gravelines est une méduse «lune asiatique», selon Jean Seys. AFP © AFP

En cas de piqûres de méduses, le meilleur moyen d’éviter les irritations n’est certainement pas de s’uriner dessus ni de se soulager avec de l’eau douce, mais bien d’appliquer de l’eau de mer et de gratter la peau avec une carte bancaire par exemple, afin de retirer les tentacules accrochées. Si nécessaire, un analgésique ou une crème apaisante peuvent être utilisés. 

Laura Dubois

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