autorité de l'état
De plus en plus d’initiatives tentent de rapprocher le producteur du consommateur. © Getty Images

Comment vivre en harmonie sans l’autorité de l’Etat

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Spécialiste des questions écologiques et économiques, Juliette Duquesne souligne l’intérêt des expériences de vie basées sur le collectif et l’autonomie.

«Les habitants de La Bigotière et de Bel-Air en avaient tous assez de se plaindre d’une société qui ne leur convenait pas et de ne pas appliquer leurs revendications dans leur quotidien.» Ainsi sont nés deux lieux de vie fondés sur le collectif et l’autonomie, le premier situé entre Rennes et Saint-Malo, le second à Priziac, en Bretagne. Avec d’autres, ils ont inspiré à l’autrice et journaliste Juliette Duquesne le livre-enquête Autonomes et solidaires pour le vivant (1) dont l’objectif est de montrer «qu’il est possible de s’organiser, pas forcément sans l’Etat, mais sans son autorité, en dehors de son initiative» afin de «vivre davantage en harmonie avec tout ce qui nous entoure: le vivant dans toute sa biodiversité».

Parmi les expériences de collectifs autonomes que la spécialiste des thématiques écologiques et économiques donne à découvrir au lecteur, on en retiendra quelques-unes moins connues que la Zad (zone à défendre) de Notre-Dames-des-Landes, près de Nantes, rendue célèbre pour son combat victorieux contre l’implantation d’un aéroport, et que le projet, plus ancien encore, des Zaparistes au Mexique. Deux autres écolieux, Les Lentillères à Dijon, et Les Vaîtes, à Besançon, ont la particularité de s’être constitués en opposition à la construction d’écoquartiers, ce qui traduit des visions différentes des problématiques environnementales. Plus thématiques que géographiques, la chambre d’agriculture du Pays basque Euskal Herriko Laborantza Ganbara est une alternative au modèle de la surpuissante Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (Fnsea) pour «soutenir un autre modèle agricole qui préserve le vivant», et la Sécurité sociale de l’alimentation associe, dans plusieurs lieux de l’Hexagone, producteurs agricoles et consommateurs par abonnements pour proposer des produits bio selon trois catégories de prix: le juste, le solidaire augmenté de 25% et l’accessible diminué de 35% pour les plus défavorisés.

«Plus on fait du collectif, plus on a du pouvoir d’agir.»

De son enquête, Juliette Duquesne tire les enseignements que «changer son rapport à l’argent» est la condition de la réussite de ces initiatives et que «plus on fait du collectif, plus on a du pouvoir d’agir». «Ces militants placent davantage leur espoir en ces luttes locales en faveur de la terre afin de créer des interstices capables de faire craquer le capitalisme plutôt qu’en un éventuel et improbable grand soir.» Pour elle, cela passe par l’anarchisme, soft pas façon Black bloc, mais anarchisme quand même.

(1) Autonomes et solidaires pour le vivant. S’organiser sans l’autorité de l’Etat, par Juliette Duquesne, Le Bord de l’eau, 216 p.
© DR

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