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Que faut-il dire et ne pas dire lors d’un premier rendez-vous? © Getty Images

Comment réussir un premier rendez-vous: «Dire ceci fait fuir l’autre à coup sûr»

Comment un premier rendez-vous peut-il mener à quelque chose de sérieux? La psychologue et coach de vie Eva Wlodarek évoque les questions essentielles qui devraient accompagner chaque début de relation.

Aujourd’hui, beaucoup de couples se trouvent grâce aux plateformes de rencontre. Et parfois, le premier rendez-vous est un sans-faute. Puis, soudainement, tout change –l’un des deux ne donne plus signe de vie. «Il est possible que vous soyez tombé(e) sur quelqu’un simplement incapable de s’engager», explique la psychologue Eva Wlodarek, auteure de plusieurs ouvrages de coaching de vie. «Ou sur quelqu’un qui ne sait pas exprimer son manque d’intérêt. Mais il se peut aussi que votre comportement ait effrayé l’autre.»

Existe-t-il une faute capitale lors d’un rendez-vous amoureux?

Eva Wlodarek: Oui, bien des choses peuvent mal tourner. Le pire, c’est de laisser transparaître un grand besoin d’affection. Cela fait fuir l’autre à coup sûr. Dire à son interlocuteur: «Je suis tellement heureux(se) de t’avoir rencontré(e)» ne passe jamais bien. Ce genre de phrase fait perdre toute assurance.

Cela arrive-t-il souvent?

Autrefois dans mon cabinet, et aujourd’hui encore lors de mes séances de coaching, je rencontre régulièrement des personnes qui, après un divorce ou une rupture, vivent seules depuis longtemps. Leur désir intense d’une relation est compréhensible. Mais lors d’un rendez-vous, ce sentiment doit absolument être dissimulé, car il repousse immanquablement les partenaires potentiels.

Qu’est-ce qui peut encore mal se passer?

Beaucoup de personnes se présentent sous un faux jour pour plaire, et cela commence souvent par le choix des vêtements. Certains s’habillent de manière ostentatoire, avec l’idée: «Je veux paraître chic» ou «Je veux avoir l’air sexy». Je me souviens d’une femme qui venait toujours à ses rendez-vous vêtue de robes très moulantes et lourdement maquillée. Elle attirait ainsi constamment des hommes qui ne correspondaient pas à ses attentes. Dès qu’ils découvraient qu’il s’agissait en réalité d’une femme sérieuse, en quête d’autre chose qu’une simple aventure, ils se détournaient. Elle se retrouvait chaque fois désemparée, incapable de comprendre la raison de ces échecs.

«Ne prétendez surtout pas partager des centres d’intérêt que vous n’avez pas.»

Quelles autres erreurs avez-vous pu observer?

Ne prétendez surtout pas partager des centres d’intérêt que vous n’avez pas. Imaginons que votre date soit passionné de football ou de littérature, et que vous affirmiez aimer aller au stade ou assister à des conférences. L’autre finira tôt ou tard par comprendre que c’est feint. A force de trop s’adapter, on se rabaisse. Les femmes, en particulier, y sont souvent enclines, par désir de plaire.

Jusqu’où peut-on être franc lors du premier rendez-vous, et à partir de quand cela devient-il excessif?

Quand le courant passe bien, on a vite l’impression d’être sur la même longueur d’onde. Cela peut pousser à livrer trop tôt des confidences très personnelles ou intimes. C’est risqué, car la confiance se construit avec le temps. Ceux qui s’ouvrent trop vite constatent souvent que l’autre prend ses distances. Après coup, cela devient gênant pour les deux et il n’y a pas de second rendez-vous.

«Les préférences sexuelles n’ont pas davantage leur place lors d’un premier rendez-vous que des informations financières ou des drames familiaux.»

Trop franc sur ses préférences sexuelles, par exemple?

Pas seulement. Mais les préférences sexuelles n’ont pas davantage leur place lors d’un premier rendez-vous que des informations financières ou des drames familiaux. De petites faiblesses personnelles peuvent être admises: «Pour être honnête, je suis plutôt désordonné(e)». Mais les problèmes sérieux doivent être évités lors de la première rencontre. En cas de bonne entente, il sera toujours temps plus tard d’aborder ce type de sujets.

Qu’est-il, au contraire, essentiel d’aborder?

Demandez rapidement l’état civil et si la personne a des enfants. Découvrir seulement au troisième rendez-vous que l’autre est marié(e) est évidemment désagréable. Les sujets en apparence anodins du bavardage –loisirs, voyages, livres ou séries– sont étonnamment révélateurs. Ils permettent de percevoir beaucoup de traits de personnalité et de goûts.

Qu’est-ce qu’il faut absolument éviter?

Deux points sont particulièrement importants. Premièrement: ne proposez pas d’emblée de grands projets communs. Si votre date dit aimer partir le week-end en camping-car, il ne faut pas répondre aussitôt: «Super, allons camper ensemble le week-end prochain.» C’est intrusif. Laissez l’autre prendre l’initiative.

Et le deuxième point?

Eviter de trop parler de soi. Un rendez-vous n’est pas un entretien d’embauche. Il faut écouter, maintenir un équilibre dans l’échange et, surtout, ne pas négliger les signaux d’alerte.

A quels signaux d’alerte pensez-vous?

Par exemple, si une personne boit beaucoup d’alcool, critique sans relâche un ex ou affirme être constamment à court d’argent. Souvent, dès la première rencontre, l’intuition signale un problème. Ce que l’on tolère au début devient fréquemment un véritable obstacle plus tard. Pourtant, beaucoup préfèrent l’ignorer ou se disent: je pourrai changer cela. C’est risqué, car il ne faut jamais tomber amoureux d’un potentiel.

Comme acheter un vêtement trop petit en pensant qu’il ira plus tard?

Exactement. On surestime souvent sa capacité à transformer quelqu’un. Soit on accepte une personne telle qu’elle est –avec ses faiblesses– soit on ne l’accepte pas. Celui ou celle qui n’aime pas un trait et croit pouvoir le corriger se trompe généralement. Une personne ne change que si elle le veut vraiment.

Quelle est la meilleure façon de conclure un premier rendez-vous?

Trois cas de figure. Le premier: le moment a été agréable pour les deux. L’un peut dire: «J’ai passé un bon moment, revoyons-nous.» Si l’autre est d’accord, mieux vaut convenir immédiatement d’un nouveau rendez-vous. Le deuxième: l’envie de poursuivre est là, mais l’autre hésite. Dire simplement: «C’était agréable, j’aimerais te revoir.» Observer la réaction. Des réponses vagues comme «On s’appellera un de ces jours» indiquent le plus souvent un manque d’intérêt. Un sourire forcé ou un regard qui se dérobe sont tout aussi révélateurs. Et enfin, le troisième: l’autre souhaite continuer, mais pas soi. Rester poli et ramener la décision à soi: «C’était une conversation agréable, mais je ne pense pas que nous soyons compatibles.» Ou: «Je ne suis pas prêt(e) pour une relation.» Si la personne insiste, répéter au maximum trois fois: «Je ne veux pas.» Ainsi, le message est clair.

Der Spiegel

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