La ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, a été interrogée en commission du parlement wallon sur sa position en faveur des pesticides, malgré de nombreux appels du secteur de la santé qui demande une réduction de leur utilisation.
«Je ne suis sous l’influence d’aucun lobby. Depuis ma prise de fonction, chacune de mes actions est guidée uniquement par l’intérêt public. Insinuer le contraire est à la fois intellectuellement malhonnête et factuellement inexact», a affirmé lundi la ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq (MR).
Elle était interrogée en commission du parlement wallon par Mélissa Hannus (PS) et François Huberty (Les Engagés) sur l’appel du secteur de la santé à une réduction de l’usage des pesticides.
«Dans le cadre de ma fonction, je reçois, sur sollicitation, différents acteurs qui œuvrent de près ou de loin avec le monde agricole. Ces échanges permettent de mieux comprendre les enjeux et d’écouter les positions de chacun. Cela ne signifie pas que ces rencontres influencent mes décisions. Celles-ci sont prises en toute indépendance, sur base des faits, dans une logique d’intérêt général», a insisté la ministre MR. Depuis le début de l’année, seules deux rencontres ont eu lieu dans ce cadre.
«Je ne suis pas naïve du jeu politique auquel certains se prêtent autour de cette question! Je remarque à regret que la caricature et l’instrumentalisation deviennent la marque de fabrique de certains. Étant donné l’importance de cette question et des enjeux, pour moi une telle instrumentalisation n’a pas sa place dans un débat politique respectueux de nos concitoyens», a-t-elle encore fait remarquer.
«J’ai entendu des propos tenus dans la presse par la représentante de la Société Scientifique de Médecine Générale, indiquant qu’elle n’a jamais été reçue par les différents décideurs publics sur la question des pesticides. Je le regrette, d’autant plus qu’à aucun moment une demande de rencontre n’a été adressée à mon cabinet. Un dialogue constructif et direct aurait pourtant été le bienvenu sur un sujet aussi important», a par ailleurs souligné Anne-Catherine Dalcq, dont la porte «reste évidemment ouverte pour un échange fondé sur les faits et les responsabilités partagées.»
«Je comprends l’émotion que peuvent susciter les pesticides et je mesure bien les risques qu’ils représentent. Sans quoi je n’organiserais pas les États généraux de la protection des cultures pour trouver des alternatives à leur utilisation, et pour en diminuer l’usage, avec tous les acteurs, y compris les scientifiques», a ajouté la ministre. Selon elle, «le même objectif de protection de la santé et de l’environnement est partagé, mais pas nécessairement la même temporalité.»
«Viser un risque zéro immédiat, sans disposer de solutions alternatives crédibles, peut entraîner d’autres risques tout aussi préoccupants, notamment en matière d’autonomie alimentaire et de sécurité sanitaire des produits. Il est donc essentiel de laisser le temps aux agriculteurs d’adopter des solutions efficaces, tout en renforçant activement la recherche et l’innovation pour développer davantage d’alternatives durables et crédibles», a-t-elle répété.
«Il s’agit de trouver un équilibre entre la réduction des risques et le maintien d’une production agricole viable. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’action du gouvernement», a résumé la ministre Dalcq, alors que plus de 2.000 professionnels de la santé ont récemment signé une carte blanche pour interpeller l’exécutif régional à ce sujet.
Ces derniers y regrettent notamment de ne pas être associés aux discussions sur le plan anti-pesticides que prévoir la ministre, tandis que «les lobbies de l’industrie agroalimentaires, eux, pèsent sur les discussions politiques.»