Derrière leur propreté apparente, certains objets du quotidien sont de vrais nids à bactéries, parfois bien plus sales qu’une cuvette de toilettes. Comme le smartphone.
Un téléphone portable compterait davantage de bactéries qu’une barre de métro, selon une étude menée par la société d’audit Deloitte. Au total, au moins 7.000 bactéries y seraient présentes. En cause? Son transport permanent et les postillons projetés lors des appels téléphoniques passés et des vocaux enregistrés. Mais surtout, les mains qui, pour certaines, le manipulent quasiment en permanence. En Europe, les 16-24 ans passent en effet 168 minutes par jour en moyenne sur leur smartphone, les 35-44 ans 78 minutes et les 55-64 ans 30 minutes, rapportait le département de recherche Statista en 2015. Résultat? Le GSM serait sept fois plus sale qu’une cuvette de toilettes, selon les conclusions d’une étude britannique publiée en 2018.
En 2011, des chercheurs de la London School of Hygiene & Tropical Medicine et de l’Institut Queen Mary, ont mis en évidence la présence de matières fécales sur un téléphone sur six analysés, dont la bactérie E. coli. «Le GSM est manipulé par nos mains qui demeurent la partie de notre corps avec le plus de bactéries car la plus en contact avec le milieu extérieur. Au-delà du fait qu’on l’emmène aux toilettes, il est déjà contaminé par tout ce qu’on rencontre, touche», rapporte Eric Muraille, professeur à la Faculté de médecine de l’ULB.
La plupart des bactéries sont inoffensives. «Seules les bactéries pathogènes peuvent présenter un risque pour la santé», rassure le Service pathogènes alimentaires du Laboratoire de référence en microbiologie alimentaire de Sciensano. «Le développement d’une infection va dépendre de l’état de santé et de l’hygiène de son propriétaire», complète Aline Van den Broeck, porte-parole de l’Afsca, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire.
Pour éviter de contaminer son téléphone ou d’y transmettre des bactéries qui se trouvent sur d’autres surfaces, se laver les mains régulièrement est primordial. Mais pas à outrance. «Des études ont montré que des enfants ayant grandi dans un environnement aseptisé présentaient un système immunitaire plus faible que les autres et développaient notamment plus d’allergies», insiste la Dr. Surbhi Malhotra-Kumar, professeure de microbiologie médicale au Laboratoire de microbiologie médicale (LMM) de l’UAntwerpen. Pour nettoyer un GSM, la membre de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (Escmid) recommande de l’essuyer régulièrement. Une lingette désinfectante, un chiffon en microfibres avec éventuellement quelques gouttelettes de gel hydroalcoolique, de vinaigre blanc ou d’alcool à 70 °C dessus peuvent permettre de désinfecter la surface. Mais mieux vaut éviter l’utilisation de tout liquide ou de spray directement sur l’appareil. «Il n’est pas indiqué de mettre trop de produits sur son téléphone. Il peut certes y avoir un transfert de microbes à d’autres personnes si on le prête, mais tout comme lorsqu’on se salue. Ces micro-organismes ne sont pas forcément dangereux. Notre corps est rempli de bactéries», relativise la docteure.