Avec 50 milliards de bactéries au centimètre cube comptabilisées, l’éponge fait partie des objets du quotidien les plus sales. © Getty Images

Cet objet que tout le monde utilise et qui abrite… 50 milliards de bactéries par cm³

Derrière leur propreté apparente, certains objets du quotidien sont de vrais nids à bactéries, parfois bien plus sales qu’une cuvette de toilettes. Cette semaine: les éponges.

Avec 50 milliards de bactéries au centimètre cube comptabilisées par une étude publiée en juillet 2017 dans le journal scientifique Nature, l’éponge fait partie des objets du quotidien les plus sales. D’un point de vue hygiénique, détenir une éponge sale dans sa cuisine équivaudrait à ne pas changer quotidiennement de sous-vêtement. Les mêmes germes y seraient présents. Si, dans la plupart des cas, ils ne sont pas dangereux, mieux vaut en réduire la dispersion car certains demeurent pathogènes.

La même année, une analyse du microbiome des éponges de cuisine relayée dans la revue Scientific Reports a en effet démontré une présence massive de microbes dont l’un dénommé «Acinetobacter pittii» est de plus en plus associé à plusieurs types d’infections nosocomiales sévères. Les chercheurs ont également mis en évidence des pathogènes de la famille des Enterobacteriaceae, dont Escherichia coli; une bactérie issue des excréments provoquant des troubles intestinaux. Si ces dernières représentent 1,18% de l’ensemble des bactéries trouvées dans les éponges, cela équivaut à un peu plus de 637 millions de micro-organismes par centimètre cube pouvant causer des infections alimentaires et cutanées. Un potentiel danger aggravé par un risque de contamination croisée. Professeur à la Faculté de médecine de l’ULB, Eric Muraille décrypte: «Utiliser une éponge gorgée de microbes pour nettoyer des surfaces contaminera ces dernières.» Qui elles-mêmes infecteront les objets, voire les aliments, posés dessus.

En nettoyant un saladier au bord duquel des œufs ont été cassés, des salmonelles sont récupérées par l’éponge. Lorsqu’après un passage aux toilettes, une personne ne se lave pas les mains et fait la vaisselle, elle peut y transférer la bactérie E. coli.

Poreuse et humide, l’éponge demeure un environnement favorable au développement des micro-organismes. «La richesse en microbes dépendra du type de surface. Si elle est rugueuse, il y aura davantage de bactéries que si elle demeure lisse. De même si elle est mouillée», décrit Eric Muraille. C’est ce qu’a pu observer testachats en 2009 à travers l’analyse du degré de contamination des lavettes et éponges après une utilisation allant de un à cinq jours. «Le nombre de bactéries se multiplie considérablement entre le premier et le deuxième jour d’utilisation», indique l’association de consommateurs. Des bactéries parfois pathogènes, comme Campylobacter, qui pourraient survivre un jour dans une éponge et jusqu’à une semaine pour Salmonella. «Plus l’éponge sèche lentement, plus la bactérie Salmonella atteindrait des niveaux plus élevés», rapporte le Service pathogènes alimentaires du laboratoire de référence en microbiologie alimentaire de Sciensano.

Pourtant, 80% des personnes changent d’éponge seulement lorsqu’elle est sale et sent mauvais, et 16% la remplacent toutes les deux semaines; soit le minimum afin de limiter la prolifération des bactéries, précise testachats. Tous les deux, voire jusqu’à sept jours si elle est nettoyée convenablement, est préférable. Pour ce faire, Eric Muraille conseille d’utiliser «de l’eau chaude avec du détergent, puis de rincer, surtout si l’éponge est utilisée pour ôter du gras» et de «ne pas laisser macérer». Du vinaigre blanc ou du bicarbonate de soude peut également faire l’affaire. Quant à la machine à laver, testachats a montré qu’à 60 °C, une grande partie des bactéries est éliminée. Autres solutions: la brosse en bois, la lavette en silicone, en microfibre ou le grattoir en cuivre.

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