La vidéo de l’échevine voilée de Molenbeek Saliha Rais disant « Dégagez! » aux racistes a été tronquée. Malgré tout, certains, sur ces sujets, refusent de voir la vérité.
La Belgique traverse une crise de foi, à cause de la bonne qui manque et à cause de la mauvaise qui pullule.
Et Molenbeek est au centre de cette crise.
Aujourd’hui, la mauvaise foi cimente les piliers du nouvel ordre du monde, jusqu’à Elon Musk, cet universel ordonnateur de la pseudoscience du bien et du mal. Toujours en train de valider le faux pour étouffer le vrai, il a placé la Belgique francophone au centre momentané de son autodafé de la vérité, en diffusant une vidéo tronquée.
Car qui, de bonne foi, pourrait croire qu’une Molenbeekoise qui répond à ceci:
– «Plus besoin d’aller en vacances au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, j’y suis. Sans oublier le Congo et compagnie. Et le nombre ridicule de mecs en robe le vendredi et les femmes complètement voilées en majorité.»
Ou à ceci:
– «La bourgmestre faisant fonction a une tenture sur sa tête, 🤮, une honte.»
répond en fait à une interpellation courtoise sur la question du port de signes convictionnels dans l’administration, et pas à des insultes racistes, tout cela parce qu’elle est voilée?
Hein, qui?
D’une part, des ignorants, qui n’ont pas pris connaissance des commentaires qui ont suscité le «dégagez!» administré aux racistes, et pas aux Belges. Eux, peut-être, et jusqu’à Elon Musk, peuvent éventuellement avancer l’excuse de la bonne foi, et prétendre qu’ils ne savaient pas. Mais en Belgique, il y en a en fait peu. Car tous les Belges ou presque ont eux accès aux nombreux rectificatifs et aux innombrables explications, qui ont démontré que le propos de Saliha Rais a été tronqué.
Oui, mais qui d’autre?
Et d’autre part, des intéressés, qui ont tronqué la séquence afin de faire croire à un électorat volontairement maintenu dans l’ignorance que ce «dégagez» antiraciste était un «foutez le camp» raciste.
Lesquels sont les plus nocifs?
Pas ceux qui savaient, en réalité. Parce que ceux-là agissent toujours par intérêt. Ils savaient, ils ont trompé les gens pour les séduire, c’est leur métier et même leur raison d’exister. La mauvaise foi est leur tactique. Elle les légitime. Elle est compréhensible tout en étant très facilement démontable.
Mais lesquels sont alors les plus dangereux?
Eh bien ceux qui ignoraient d’abord, puis qui ont pu savoir, mais qui ont souhaité refuser de savoir. Ceux-là qui, connaissant le vrai, ont voulu continuer à croire le faux, et répétaient que la vraie raciste, dans cette histoire, était l’antiraciste. Puis que les racistes qu’elle invitait discourtoisement à dégager étaient, eux, les vrais antiracistes de cette histoire, même après avoir découvert la vérité. Ceux-là ont choisi de bonne foi d’ignorer parce que cette ignorance correspondait, non pas à leurs intérêts, mais à leurs valeurs, donc à un idéal. Ils sont des centaines de milliers à le partager, si nombreux qu’en Belgique presque aucun politique, très peu de médias, et à peine une poignée d’influenceurs, ont osé les contredire formellement, alors que c’était si simple.
Ces ignorants volontaires, mis au service des sachants qui trompent, scellent ainsi l’alliance électoralement invincible des dominants les plus hautains et des malheureux les plus modestes dans une haine du vrai, haï conjointement de mauvaise et de bonne foi, dès lors qu’il les dérange.