Theo Francken a le droit de ne pas souhaiter que vive la Belgique le 21 juillet. Il peut s’agenouiller devant le mausolée d’un chef d’Etat étranger. Il peut tout faire, c’est son privilège devant l’ordre établi.
Un privilège est un statut accordé à une personne en fonction de ce qu’elle est, et non en fonction de ce qu’elle fait. Il est, à cet égard, «un droit, un avantage particulier accordé à un individu ou à une collectivité en dehors de la loi commune», définit Le Robert. Un privilège, donc, exonère l’individu concerné des conséquences éventuellement négatives d’actions néfastes qu’il aurait posées, parce que lui, il peut.
Un des plus grands paradoxes de notre temps fait qu’en Belgique, ce sont les plus grands prétendus pourfendeurs de l’ordre établi qui sont les plus protégés de l’impitoyable loi commune par leur privilège. Ce paradoxe, infailliblement, expose le nationaliste flamand Theo Francken en grand privilégié de la politique belge.
En Belgique, Theo Francken peut tout, et il le prouve.
Qui est en effet plus facialement hostile à la Belgique que Theo Francken, l’homme qui dit lui-même haïr sa nationalité, mais qui ne voit aucune incohérence entre cette haine et se vanter de compliquer l’accès à la nationalité qu’il hait?
Ces dix derniers jours, l’homme qui a pu uriner ivre dans l’espace public bruxellois tout à fait impunément tout en continuant à taxer de laxisme ceux qui gèrent la propreté de l’espace public de la capitale, a deux nouvelles fois démontré le théorème de son paradoxe, qui fait de lui l’homme politique le plus privilégié de Belgique.
Car Theo Francken, le jour de la Fête nationale, peut être un ministre de la Défense nationale qui ne veut pas que vive la Nation qu’il est censé défendre. Il faut imaginer comment réagiraient tous les gardiens pontifiants de l’ordre établi, les commentateurs, les éditorialistes, les présidents des partis dominants, si un Ahmed L. ou une Rajae M. refusaient de dire «vive la Belgique» tout en étant ministre de la Défense nationale un jour de Fête nationale. Eux, ils ne le pourraient pas. Personne en Belgique ne le pourrait. Mais Theo Francken, lui, il le peut.
Et car quelques jours plus tard, Theo Francken peut se prosterner devant le mausolée d’Atatürk, le fondateur d’une république autoritaire mais surtout étrangère, qui n’est ni la Belgique ni la Flandre. Il faut imaginer ce que seraient devenus Ahmed L., Rajae M., ou mieux encore Emir K. s’ils s’étaient pliés à une si servile génuflexion devant un leader étranger, très aimé dans une communauté particulière. Eux, ils ne l’auraient pas pu, et personne en Belgique n’aurait pu. Mais Theo Francken, lui, il peut.
Car il est le grand privilégié du pays qu’il veut détruire, il est de la race de ceux qui ne démissionnent jamais, ceux que les pires bêtises renforcent, ceux que la grande vague politiquement correcte exonère systématiquement de comptes à rendre. Ceux qui peuvent tout faire, et qu’on ne critiquera jamais. Ceux que la loi commune n’atteint pas, jamais, parce que la loi commune ne réprime jamais que ceux qui agissent aussi mal que lui mais qui ne sont pas lui, ou bien les dangereux hérétiques qui critiquent ses mauvaises actions.