Marc Wilmots est le nouveau directeur sportif du Standard. Un choix fort au niveau émotionnel, mais étonnant dès qu’on tente de le rationaliser.
Certains parlaient d’un feuilleton. D’autres, d’un running-gag. Question de sensibilité, sans doute. De crédibilité, aussi, accordée à un homme qui a inexorablement perdu la sienne dans un milieu où ses dernières réussites remontent à une décennie. Sur le banc de touche de la Côte d’Ivoire, de l’Iran puis du Raja Casablanca, Marc Wilmots n’a pas tenu un an. Pareil dans les tribunes de Schalke 04, club où son statut de légende ne lui a pas permis de tenir plus de huit mois dans le costume de directeur sportif, au sein d’une institution minée par les querelles internes.
Malgré les déconvenues, le retour de Marc Wilmots à Sclessin est resté un fantasme pour une partie des supporters locaux. A Liège, on en parle presque aussi souvent que de ceux de Lucien D’Onofrio ou d’Axel Witsel. Deux hommes dont la proximité avec «Willy» est d’ailleurs de notoriété publique, et que d’aucuns imaginent déjà liés à cette nouvelle vague teintée de couleurs locales. Parce que cette fois, Marc Wilmots est bel et bien là.
Médiatiquement parlant, Giacomo Angelini vise sans doute dans le mille. Après celle de Pierre François comme directeur général, l’arrivée du «Taureau de Dongelberg» dans le rôle de directeur sportif est un nouveau rappel des années de gloire du maillot rouge le plus célèbre du pays. Une coutume vieille comme le football, qui aime se tourner vers les réussites du passé pour résoudre les problèmes du présent. Songez à Marc Coucke qui rapatrie Pär Zetterberg à Anderlecht, à Wouter Vandenhaute qui en fait de même avec Besnik Hasi, à Charleroi qui relance Felice Mazzù ou, encore plus récemment, à Courtrai puis au Cercle qui confient leur opération maintien à Bernd Storck.
Partout, on dit que le football change, mais les têtes restent souvent les mêmes.
Au Standard, Marc Wilmots reste un visage qui rassure, dont on se dit qu’il n’aurait pas rouvert les grilles de Sclessin sans avoir des garanties. Ce qu’on se dit peut-être moins, c’est que personne n’aurait obtenu un poste d’un tel prestige avec un CV qui égrène tant d’expériences négatives. Bien sûr, le team manager de Schalke 04 lui savonnait soigneusement la planche, mais les Allemands n’ont pas apprécié de voir un agent belge se balader dans les couloirs du club comme s’il était chez lui. Quelles sont encore les connexions d’un homme débranché du milieu du football européen depuis près de dix ans, si ce n’est dans un rôle de consultant ou de parent de joueurs de divisions inférieures?
Si un homme avec un autre patronyme avait débarqué avec les mêmes états de service, Giacomo Angelini n’aurait probablement pas passé l’été à la tête du Standard. Là, ce sera très certainement le cas. Parce que l’ancien sélectionneur des Diables Rouges, quart de finaliste du Mondial 2014, a la gouaille et l’aura. Ce quelque chose d’indescriptible qui fait qu’une bonne partie des fans «rouches» semble avoir envie de lui faire confiance.
Avec l’espoir que le feuilleton devienne une série à succès. De préférence sans être une comédie dramatique.