Salvatore Curaba fêtait déjà une montée il y a un an. L’ascension de la RAAL, c’est en grande partie grâce à lui. © BELGA

La chronique de Guillaume Gautier | Curaba, un président si différent?

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Salvatore Curaba est l’homme clé de la résurrection du football de haut niveau à La Louvière. Peut-être parce qu’il aime ne pas être comme les autres.

Le football belge est une mine à histoires. Dans sa bibliothèque, il existe une large section de récits consacrés à des hommes d’affaires qui se prennent les pieds dans le tapis vert. Des patrons qui brillent dans leur secteur, mais sont incapables de transposer ce succès dans un monde du ballon rond dont les codes sont si particuliers. Pourtant, certains sont issus du milieu sportif où y ont déjà trempé avant de plonger dans la matière footballistique. Rien n’y fait: le football est trop différent, et aime cultiver cette particularité au point d’admirer avec un sourire narquois les échecs de ceux qui pensent venir d’ailleurs et régner avec leurs propres règles.

Dans les divisions inférieures belges, les rêves de grandeur de Salvatore Curaba depuis une dizaine d’années intriguent souvent. Font rire, parfois. Presque symboliquement, le duel de toujours pour gravir les divisions se fait avec les Francs Borains. Un club resté longtemps sans réelle structure de haut niveau, avec un personnel réduit et un agent de joueurs qui se démultiplie pour le club de son père et de son cœur. Une histoire d’amour aux limites du règlement qui semble alors bien plus efficace que le récit entrepreneurial livré par la RAAL La Louvière. Chaque année, les Francs Borains montent plus vite, jusqu’au tournant représenté par l’arrivée dans le football professionnel. Là aussi, les fleurons du Borinage sont arrivés en premier, mais ils ont fini par être doublés. La première à atteindre l’élite du football belge est bien l’équipe de Salvatore Curaba. Un président qui affirme aujourd’hui à la DH avoir été «persuadé dès le début qu’on allait y arriver. La seule incertitude, c’était le timing.»

La différence avec les autres patrons est peut-être là. Parce que Salvatore Curaba, ancien joueur du Sporting de Charleroi entre 1983 et 1988, a vécu sur le terrain l’incertitude du football qui rebute tant les entrepreneurs venus d’ailleurs. Qu’il sait qu’un plan parfait sur le papier peut échouer à cause d’un tir sur le poteau et un ballon qui s’échappe vers l’extérieur ou d’un hors-jeu au millimètre mal calibré. S’il rêvait de monter jusqu’à la Jupiler Pro League en dix ans, il aurait pu vivre avec le fait de le faire en douze et fanfaronne à peine de l’avoir accompli en neuf. Jamais de panique, même quand son coach Frédéric Taquin ne semble plus trouver la bonne formule. Salvatore Curaba a construit un club différent, et il aime le rappeler à la moindre occasion.

Le voilà désormais à la tête du club avec l’étiquette la plus sympathique du pays. Parce que dans l’organigramme de la RAAL, on trouve des personnages comme Nicolás Frutos, Silvio Proto ou Swann Borsellino, habitués des plateaux télévisés et attirant donc naturellement l’empathie de leurs confrères et consœurs. Parce que le projet semble clair et net, sans débordement, même si les habitués des divisions inférieures se rappellent avoir vu Salvatore Curaba monter sur la pelouse après un match pour une confrontation verbale avec l’arbitre.

Le président a souvent évoqué son rêve de voir son club monter sur la pelouse avec onze joueurs issus de son centre de formation. Actuellement, l’équation est plutôt inversée. Les premiers Louveteaux de la Wolves Academy se font logiquement attendre. Là aussi, Salvatore Curaba semble avoir le temps.

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