Gérald Papy

Edito

Oubliés de Gaza: les otages moins importants aux yeux de Netanyahu que l’éradication du Hamas

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Face à l’urgence de faire libérer les otages, Benjamin Netanyahu privilégie l’option la plus dangereuse pour… les otages. Donald Trump est le dernier recours de leur famille et des Israéliens qui ne comprennent plus le sens de la guerre.

Quand s’arrêtera l’escalade de l’horreur à Gaza? Aux images des enfants squelettiques frappés par la famine qu’Israël a provoquée dans le territoire palestinien en restreignant depuis le 2 mars l’aide alimentaire acheminée, ont succédé celles de deux otages israéliens, le corps émacié, l’air épuisé, dans le tunnel où ils sont détenus. Une vision qui, en Israël, fait immanquablement penser au sort des Juifs dans les camps nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le caractère abject de la mise en scène qui a présidé à la réalisation de ces vidéos (Evyatar David, 24 ans, a été filmé creusant ce qui devrait être sa tombe; Rom Braslavski, 22 ans, se tord de douleur par terre) démontre qu’elles n’avaient pas pour objet de convaincre que les captifs subissaient les ravages de la famine au même titre que le peuple gazaoui. Elles visaient à instiller un sentiment d’humiliation et de peur parmi les Israéliens. Comment y répondront-ils? Par la vengeance, signifiant que l’objectif principal est l’éradication des groupes islamistes palestiniens, ou par l’intelligence, montrant que rien n’est plus urgent, au vu de la dégradation de leur état de santé, que le sauvetage de leurs compatriotes détenus?

Depuis le pogrom du 7-Octobre, les actions du gouvernement et de l’armée ont montré que Benjamin Netanyahu avait élevé l’éradication du Hamas au rang de priorité absolue d’Israël, le cas échéant au détriment de la libération des otages. Face à l’urgence réaffirmée, deux options s’offrent à lui: négocier et forger un accord, ou accroître les opérations militaires en espérant récupérer des captifs vivants. En près de deux ans de guerre, seule une très faible minorité de captifs ont recouvré la liberté après des interventions armées. La plupart l’ont retrouvée à la faveur de deux arrangements avec les Palestiniens, en novembre 2023 et en février-mars 2025. D’évidence, le meilleur moyen pour atteindre cet objectif est la négociation. Et pourtant…

«L’objectif de libération des otages ne peut être atteint que par un accord.»

A ce stade, tout indique que le gouvernement israélien, de nouveau poussé par ses composantes d’extrême droite, va privilégier la solution militaire, par l’occupation de toute la bande de Gaza, pour «régler» la question des otages. «Il est nécessaire de vaincre totalement l’ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s’assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël», a plaidé Benjamin Netanyahu le 5 août, rappelant «sa» hiérarchie des priorités. Une hiérarchie démentie par 500 anciens responsables des services de renseignement et de la diplomatie, qui dans une lettre adressée à Donald Trump, ont assuré que «Tsahal a […] atteint deux objectifs qui pouvaient être réalisés par la force: démanteler les formations militaires et le gouvernement du Hamas. Le troisième, et le plus important, ne peut être atteint que par un accord: ramener tous les otages chez eux.» Le président américain aura-t-il entendu le message comme il a perçu le 28 juillet le danger de famine à grande échelle en cours à Gaza, forçant Netanyahu à autoriser plus d’aide? C’est le dernier espoir des familles des otages.

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