Anne-Sophie Bailly

La manifestation a été un test de mobilisation, le budget sera un test de cohésion

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Une manifestation fait toujours office de test, elle prend le pouls de la société sur une thématique, une revendication, un état de fait. La manifestation nationale qui a rassemblé entre 80.000 et 140.000 personnes dans les rues de Bruxelles, le 14 octobre, n’a pas fait exception. Le budget fera office de test pour l’Arizona.

Une mobilisation, citoyenne ou syndicale, fait toujours office de test, en ce sens qu’elle prend le pouls de la société sur une thématique, une revendication, un état de fait. La manifestation nationale qui a rassemblé entre 80.000 et 140.000 personnes dans les rues de Bruxelles, le 14 octobre, n’a pas fait exception.

Elle a testé la mobilisation. Le chômeur en voie d’exclusion et le malade de longue durée, l’enseignant francophone et le pilote maritime flamand, le fonctionnaire et l’artiste bientôt pensionnés allaient-ils tous se munir de calicots pour arpenter les boulevards de la gare du Nord à celle du Midi? Visiblement, oui. Le besoin de faire bloc pour exprimer une colère partagée semble toujours rassembler, même si ce sont des valeurs ou des revendications individuelles qui sont portées. Test réussi à cet égard pour les syndicats et associations à l’initiative du rassemblement, donc.

Elle a aussi permis de tester les messages. Car derrière les slogans parfois matamoresques, que dénoncent en effet les organisateurs de la manifestation? Pas tant que les coalitions au pouvoir aient décidé de porter un grand coup pour tenter d’assainir les finances du pays et des Régions –que ce constat soit partagé entre partenaires sociaux et politiques est d’ailleurs plutôt une bonne nouvelle–, mais que cet effort budgétaire pèse trop lourdement sur les épaules des citoyens. Et trop peu sur les entreprises. Et de prendre comme preuve tant les mesures déjà décidées –défiscalisation partielle du travail de nuit, ouverture des magasins le dimanche, extension des flexijobs– comme celles actuellement en débat –réforme des allocations familiales, révision de l’indexation automatique des salaires, hausse de la TVA. De pointer la hausse régulière des soutiens et subventions accordées aux entreprises au détriment d’autres pans de la société.

Pour les syndicats, la manifestation a été un test de mobilisation, pour l’Arizona, le budget sera un test de cohésion.

Bref, ce que demande la rue, c’est davantage de justice fiscale.

Message déjà parfaitement intégré par les partenaires de la coalition fédérale qui, depuis le début du conclave budgétaire, mettent cette répartition équitable des efforts à l’avant-plan de leur communication. Chacun le répète. Reste à voir ce que chacun entend par équitable. Un saut d’index? Inenvisageable car trop préjudiciable aux travailleurs, possible s’il est limité aux allocations sociales, souhaitable dès lors qu’en soutenant la compétitivité des entreprises, il sauvegarde l’emploi local.

Si pour les organisations syndicales, la manifestation a fait office de test de mobilisation, pour l’Arizona, les négociations budgétaires feront, elles, office de test de cohésion.

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