Le verdict de procès de Gérard Depardieu en rejoint d’autres qui, successivement, permettent de prouver une chose: l’impunité des harceleurs et des agresseurs n’est pas une fatalité.
Le verdict est tombé le 13 mai 2025, en milieu de matinée. Gérard Depardieu a été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur deux femmes, Amélie, 54 ans, et Sarah*, 34 ans, respectivement décoratrice et assistante réalisatrice sur le film Les Volets verts. Cette condamnation à 18 mois de prison avec sursis, assortie d’une peine complémentaire de privation des droits d’éligibilité de deux ans et d’une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles, dissipera peut-être partiellement l’amertume laissée par la tenue de ce procès médiatique.
Car si le verdict est clair, l’ensemble de la procédure judiciaire –de la garde à vue aux plaidoiries, en passant par l’appel introduit par le comédien– a été marqué par l’absence totale de prise de conscience de l’accusé. L’acteur français est de fait resté figé dans une posture de victime du mouvement MeToo, campé dans la peau d’un homme évoluant dans une époque aujourd’hui révolue mais néanmoins regrettée. Cette époque, c’est celle des propos salaces tolérés sous le joug de l’humour ou de la soi-disant bonne farce. C’est celle où claironner «j’aime les femmes» faisait office de blanc-seing aux gestes déplacés. C’est celle où les femmes ne se plaignaient pas, celle où elles n’osaient pas verbaliser la honte d’avoir été victime d’un agresseur sexuel. Encore moins s’il s’agissait d’un personnage public, médiatique, puissant, d’un homme qui «a fait connaître la France dans le monde entier».
De l’amertume, il en restait des traces également après certains propos de l’avocat de Gérard Depardieu qui –(ab)usant de la liberté de parole de la défense– n’a eu de cesse de tenter de discréditer les plaignantes par des coups de boutoir durs et agressifs. Car une telle stratégie de défense qui repose sur la maltraitance des plaignantes conduit autant à une victimisation secondaire de ces femmes qui ont osé parler qu’à instiller de la suspicion chez les victimes encore murées dans le silence à l’égard d’une Justice censée les protéger. C’est grave. Dangereux. Et c’est pourquoi la condamnation au versement de dommages et intérêts au titre de victimes secondaires aux plaignantes est à saluer.
Le verdict de ce procès médiatique en rejoint d’autres qui, successivement, permettent à tout le moins de prouver une chose: l’impunité des harceleurs et des agresseurs n’est pas une fatalité. Car non, Gégé, tu n’es pas une victime de MeToo. Mais Amélie et Sarah ont été les victimes d’un agresseur sexuel. La justice l’a confirmé.
*Prénom modifié
Le procès Depardieu prouve une chose: l’impunité des harceleurs et des agresseurs n’est pas une fatalité.