Anne-Sophie Bailly

Flexi-jobs, sociétés de management: des fuites à combler? Pas pour tout le monde

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Flexi-jobs, sociétés de management: des fuites à combler pour le ministre du Budget Vincent Van Peteghem. Mais tout le monde ne l’entend pas de cette oreille.

C’est la saison. Celle des conclaves budgétaires, des exercices périlleux, des choix à poser. Et ce, à tous les niveaux de pouvoir. Tous seront compliqués. Et tous feront ressortir les points de crispation entre les différents protagonistes. Si en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), un rapport d’experts devrait permettre d’objectiver les décisions à prendre pour limiter, à défaut d’éviter, l’emballement de la dette, en Région wallonne, la confection de la feuille de route budgétaire fera office de test grandeur nature sur l’entente entre le MR et Les Engagés. Le récent débat autour des allocations familiales est à cet égard parlant. L’accord de gouvernement prévoit en effet la possibilité de les «optimiser». Ce qui dans un exercice de communication se traduit pour les uns par «limitons leur octroi au-delà du quatrième enfant» et, pour les autres, par «un enfant reste un enfant». Ce marquage de territoire qui redéfinit les espaces de chacun –l’individu avant le collectif et la lutte contre les abus versus la famille comme point d’ancrage et l’héritage d’un pilier catholique– dépasse en effet de loin le cadre budgétaire.

Les conclaves budgétaires, à tous les niveaux de pouvoir, feront ressortir les crispations.

Autre échelon de pouvoir, autres porte-drapeaux. Au fédéral, les ballons d’essai se sont cristallisés autour des flexi-jobs et des sociétés de management. Dans son exercice de communication à lui, le ministre du Budget Vincent Van Peteghem (CD&V) a dit tout le mal de ces deux dispositifs qui plombent les recettes de l’Etat. Le système des flexi-jobs, initialement pensé comme un coup de pouce aux retraités et une arme de lutte contre le travail au noir s’est depuis largement institutionnalisé. Sa portée a même été étendue par le gouvernement De Wever. L’an dernier, ce sont 230.000 personnes qui y ont eu recours pour gagner un revenu supplémentaire et, surtout, non imposable. Quant aux sociétés de management et leur dispositif fiscalement avantageux pour les indépendants, elles ne cessent de gagner en popularité. Selon Statbel, elles auraient plus que doublé en cinq ans. Traduction libre du ministre du Budget: «Voilà des fuites à combler», «limitons ces avantages fiscaux abusifs».

Il y a peu de chances, cependant, que cette posture politique trouve un écho favorable du côté de l’aile droite de l’Arizona. Une preuve? La fin de non-recevoir opposée par le MR au projet de réforme fiscale de Vincent Van Peteghem sous le gouvernement précédent qui, pour l’acceptation libérale, comportait trop de nouvelles pistes de taxation. Une législature plus tard, la posture no tax de Georges-Louis Bouchez n’a pas varié d’un iota. Or, réduire les avantages fiscaux, c’est augmenter les impôts.

La saison des conclaves se termine le 14 octobre. D’ici là, les nuits risquent d’être courtes.

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