Anne-Sophie Bailly

Pour Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez, l’occasion fait les larrons

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez s’entendent comme larrons en foire et dessinent un nouvel axe MR/N-VA, entend-on. Mais c’est surtout l’occasion qui fait les larrons.

Ils s’entendent comme larrons en foire et dessinent un nouvel axe MR/N-VA. C’est en substance le décodage qui a prévalu au lendemain de la venue de Bart De Wever à Walibi, où le MR organisait, le 12 septembre, sa journée des familles. D’ailleurs, ni lui ni Georges-Louis Bouchez n’ont fait l’économie de grands sourires ou de petites blagues pour signifier que leurs partis «partagent 95% de leurs programmes». Et cela, même si des motivations nettement plus individuelles sous-tendaient ce coup médiatique.

De fait, pour le francophone, il devenait impérieux de redorer son blason, après une succession de séquences déplorables qui ont terni son image en externe –utilisation abusive d’une carte PMR, menaces à l’encontre d’une journaliste de la RTBF– comme en interne –critiques sur sa gestion autocratique du parti. Apparaître avec Bart De Wever à ses côtés, c’était faire adouber par le Premier ministre sa position de «Moi, président de tous les libéraux francophones». Pour le nationaliste, il devenait indispensable de s’adresser aux francophones, après une succession de réformes prises par l’Arizona teintées de communautaire, au premier rang desquelles l’incidence sur les finances communales de la limitation des allocations de chômage dans le temps. Apparaître à côté de Georges-Louis Bouchez, c’était faire valider sa posture de «Moi, Premier ministre de tous les Belges».

«Un nouvel axe politique MR/N-VA? L’avenir le dira. Aujourd’hui, l’occasion fait les larrons.»

Et puis se présenter en duo, c’était évidemment adresser un message clair aux partenaires de coalition, comme au public: c’est en rangs serrés que nous, l’aile droite de ce gouvernement, avançons vers le conclave budgétaire. Car de l’unité il va leur en falloir dans les semaines à venir. Après avoir fait aboutir l’accord de Pâques et décroché un compromis sur Gaza, la coalition en place doit attaquer l’élaboration du budget 2026 sur fond de dégradation du déficit supérieur aux attentes et d’effets retour chaque jour plus hypothétiques. Dans cette perspective, les positions des uns et des autres sont rappelées avec insistance. Sur la gauche, Vooruit appelle à augmenter les recettes de l’Etat; au centre, Les Engagés refusent de «casser le modèle»; à droite, le MR et la N-VA prônent à l’unisson une réduction des dépenses. Avec une nuance: le refus répété du libéral francophone de lever tout nouvel impôt versus le triptyque réformer–économiser-taxer, prôné par les nationalistes flamands.

Alors, un nouvel axe politique l’alliance MR/N-VA? L’avenir le dira. Aujourd’hui, c’est l’occasion qui fait les larrons.

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