En accordant à Elon Musk un bonus potentiel de 1.000 milliards de dollars, les actionnaires de Tesla ont investi dans la vision du monde de demain d’un homme. Dans ses promesses, ses paris, ses utopies.
Mille milliards de dollars. Un, suivi de douze zéros. C’est le montant du faramineux bonus exigé et obtenu par Elon Musk pour rester dans le siège conducteur de Tesla. La partie n’était pourtant pas gagnée d’avance pour le milliardaire. Certains actionnaires du constructeur automobile avaient fait valoir leur opposition à ce montant totalement hors norme. Et notamment l’important fonds souverain norvégien qui, outre ses réticences sur la rémunération proposée, se disait préoccupé tant par la dilution potentielle du capital du groupe que par l’absence de mesures pour atténuer le risque de voir une entreprise si intimement liée à une unique personne.
Or, ce sont probablement justement ces deux derniers points qui ont emporté l’adhésion de 75% des détenteurs du capital du groupe en faveur de la proposition lors de la récente assemblée générale.
Les actionnaires de Tesla ont investi dans la vision du monde de demain d’un homme. Dans ses promesses, ses paris, ses utopies.
En ce qui concerne la dilution qui verrait le fondateur de Tesla progressivement monter jusqu’à 25% dans le capital de la société contre moins de 15% aujourd’hui, elle est conditionnée à une série de réalisations financières qui vont de la relance de l’activité automobile, salement écornée par l’implication politique de Musk et ses prises de position pour le moins controversées, avec une hausse de la production de 50% attendue d’ici à 2026, à la valorisation de l’entreprise à plus de 8.500 milliards de dollars à l’horizon 2035, contre 1.500 milliards actuellement.
La concrétisation d’objectifs chiffrés et d’une croissance exponentielle en guise d’aiguillon, donc, pour le serial entrepreneur libertarien. Mais aussi l’avènement d’un futur technologique et autonome. D’un futur imaginé par Elon Musk lui-même, et dans lequel une armée de robots humanoïdes sera tout à la fois capable de prendre en charge les tâches domestiques les plus ennuyeuses et les plus répétitives, de réaliser des opérations chirurgicales avec une précision dépassant celle des capacités humaines et d’éradiquer la pauvreté sur Terre. Il y aurait aussi dans ce demain prédit par l’homme le plus riche du monde au moins un million de robotaxis et dans cet après-demain de cools buggys qui faciliteront l’établissement de bases sur la Lune et sur Mars.
Avec ce plan de rémunération, les actionnaires ne se sont donc pas simplement assurés que Musk retrouve sa place de dirigeant à la tête de Tesla et qu’il y concrétise ses objectifs stratégiques. Ils ont investi massivement dans la vision du monde de demain d’un homme. Dans ses promesses. Dans ses paris. Dans ses utopies. Ils ont investi dans l’actif qu’ils estiment être le plus important du groupe, Elon Musk. Et ils ont estimé que cet actif vaudrait 1.000 milliards de dollars. Tout aussi fantasque, controversé, travailleur, mégalomane et intelligent que soit cet actif.
