Anne-Sophie Bailly

Contrat du siècle de la SNCB: une voie de secours est possible pour Alstom

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La SNCB a choisi l’espagnol CAF. Mais pour Alstom, il reste une carte à jouer, celle de la sous-traitance, pour tenter de faire retomber sur l’économie belge les conséquences de ce contrat du siècle.

Depuis l’annonce par nos confrères de Trends-Tendances du choix de la SNCB de recourir à la société espagnole CAF pour renouveler, comme l’exige son contrat de gestion, la moitié de son parc de rames automotrices d’ici à 2032, les tentatives d’infléchir la position de l’entreprise ferroviaire n’ont eu de cesse de se multiplier. C’est que l’enjeu était majeur pour ce qu’on appelle désormais «le contrat du siècle»: une durée potentielle de douze ans, le remplacement de quelque 600 rames de train et un budget qui pourrait grimper de 1,7 milliard jusqu’à 3,4 milliards d’euros. Et que parmi les autres industriels sur les rangs se trouvait notamment Alstom, avec ses unités de production belges et ses quelque 1.500 travailleurs répartis sur les sites de Bruges et Charleroi.

Après son éviction, Alstom avait introduit un recours devant le Conseil d’Etat et les pressions politiques exercées sur le conseil d’administration de la SNCB s’étaient intensifiées, au nom de la sauvegarde de l’emploi dans le pays (de manière un peu hypocrite, puisque les emplois brugeois semblaient déjà condamnés par l’arrivée à son terme d’un précédent contrat).

«En ne cédant pas aux pressions politiques, la SNCB a assumé son statut d’entreprise publique autonome.»

Fin juillet, le conseil d’administration de la SNCB a donc validé son choix initial, répétant les arguments qui avaient sous-tendu sa première décision: malgré une proposition légèrement supérieure à celle d’Alstom, la réponse apportée par CAF à l’appel d’offres européen pour ce marché public se solde toujours par un score global supérieur à celui d’Alstom. Notamment parce qu’aucun critère géographique ou de maintien de l’emploi local n’est pris en compte dans ce type de processus.

On peut le questionner ou le déplorer. Rappeler des exemples étrangers où de telles décisions ont été suspendues pour tenter de privilégier l’emploi local. Mais, en confirmant le choix de CAF comme soumissionnaire privilégié, le CA de la SNCB a choisi de suivre stricto sensu les règles du droit européen et de valider le scénario du moindre risque. Recommencer la procédure, et donc les négociations avec des soumissionnaires dont les offres sont désormais publiques, aurait été ouvrir grand la porte aux recours et contestations, alors que le calendrier de renouvellement de la flotte ne le permet pas. Ni les attentes des usagers envers une SNCB plus fiable et plus ponctuelle. Les administrateurs ont également confirmé un choix, motivé par des raisons industrielles et techniques, sur la base de données anonymisées, et validé à l’unanimité lors du tour de table. Bref, en optant pour cette décision et en ne cédant pas aux pressions politiques, la SNCB a assumé son statut d’entreprise publique autonome.

Reste maintenant une carte à jouer, celle de la sous-traitance, pour tenter de faire retomber sur l’économie belge les conséquences de ce contrat du siècle. Une voie de secours possible et potentiellement porteuse en matière d’emplois et d’innovation. Cela s’est déjà fait par le passé.

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