Momentum et impératifs financiers, volonté politique, l’ouverture du capital de Belfius semble inscrite dans les astres. Mais certains pans de cette privatisation partielle ne doivent pas être éclipsés pour autant.
Evoquer un alignement des planètes, c’est présumer que toutes les conditions sont réunies pour couronner une initiative de succès. Dans le cas de la privatisation partielle de Belfius, la planète finances est assurément bien positionnée. Le bancassureur belge affiche en effet un bilan bancaire solide, les efforts consacrés au volet «assurances» commencent à porter leurs fruits et l’investissement consenti en 2008 et 2011 pour sauver Dexia du naufrage a quasiment été récupéré par l’Etat belge. Même l’évolution des taux d’intérêt ne dépare pas l’ensemble.
«Momentum et impératifs financiers, volonté politique, l’ouverture du capital de Belfius semble inscrite dans les astres.»
Politiquement aussi, on semble désormais sur la même longueur d’onde. Malgré le souhait initial du MR d’adosser d’abord Ethias à Belfius avant de procéder à un quelconque placement privé, N-VA et MR partagent l’idée qu’un Etat, s’il se doit d’être garant de la stabilité du système financier, n’a en revanche pas vocation à rester à la tête d’un opérateur bancaire. Que les deniers publics peuvent être utilisés à meilleur escient. L’orientation politique donnée à certaines décisions récentes témoigne d’ailleurs du cheminement du centre de gravité du bancassureur pour le rapprocher de celui des établissements privés, comme l’assouplissement de la politique de crédit et d’investissement pour les entreprises belges actives dans la défense ou l’armement ou la fin du soutien financier aux grandes villes socialistes comme Liège, Charleroi et Mons, dans le cadre du «Plan oxygène». Enfin, le consensus politique porte également sur le constat qu’hormis la vente d’un paquet d’actions BNP Paribas, un désengagement partiel de Belfius constitue aujourd’hui la vente du bijou de famille la plus évidente pour l’Etat belge. Car les cours boursiers déprimés de Proximus ou bpost nécessiteront de leur redonner de solides couleurs avant même d’envisager de céder la moindre action de ces participations-là.
Momentum et impératifs financiers, volonté politique, l’ouverture du capital de Belfius semble donc inscrite dans les astres. Mais certains pans de cette cession ne doivent pas être éclipsés pour autant. Et certainement pas la finalité de cette opération, à savoir que pour rester au service du contribuable, les quelque deux milliards d’euros espérés de cette vente doivent nécessairement contribuer à réduire l’endettement des finances publiques. Que le partenaire qui sera accueilli à bord permette au groupe belge de sauvegarder l’intérêt de ses clients, de poursuivre sa croissance tout en gardant son rôle de pilier de l’économie nationale. A ces conditions seulement, les planètes seront vraiment alignées.