Anne-Sophie Bailly

Taxation des plus-values: les débats actuels ne contribuent-ils pas à épaissir le brouillard, à dessein?

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Au sujet de la taxation des plus-values, une question percole: les débats actuels ne contribuent-ils pas à épaissir le brouillard, à dessein? Pariant sur l’idée qu’on peut atteindre une ligne d’arrivée, un caillou dans la chaussure.

Le constat se confirme de sondage en baromètre: les Belges soutiennent majoritairement les réformes socioéconomiques mises en place par la coalition Arizona telles que la limitation dans le temps des allocations de chômage ou la non-indexation des pensions les plus élevées. Une validation postélectorale qui conforte la majorité en place dans son action. Pourtant, un caillou ralentit la marche du gouvernement de Bart De Wever: la taxation des plus-values. Cette caillasse qui avait déjà retardé la formation de la coalition, reste une pierre d’achoppement plus d’un an après les élections.

«Les débats actuels ne contribuent-ils pas à épaissir le brouillard sur la taxation des plus-values à dessein?»

La récente déclaration de Conner Rousseau, évoquant la possibilité de taxer l’épargne-pension, en est une nouvelle illustration. Avec d’un côté, le courant le plus libéral qui rappelle que le système d’épargne-pension a été mis en place il y a plus de 20 ans, sous l’égide d’un ministre des Pensions socialiste flamand. Qu’il avait pour objectif de pallier l’insuffisance de la pension légale. Qu’il s’agit d’un accord entre travailleurs et employeurs pour constituer une épargne complémentaire. Que l’Etat s’est engagé à encourager et à soutenir fiscalement cette initiative. Et que revoir les dispositions inhérentes à cette nécessaire épargne en cours de route s’apparenterait à rompre un pacte social. Du côté des socialistes flamands, on nuance et précise qu’actuellement, une taxe de 8% est prélevée à 60 ans sur le capital constitué. Que ce sont les plus-values sur ce qui serait encore épargné après cet âge qui feraient l’objet d’un prélèvement. Et on veut rassurer: non, l’épargnant moyen ne sera pas concerné.

Cette énième passe d’armes autour de la taxation des plus-values met surtout en lumière une réalité persistante: le flou qui entoure la notion d’«épaules les plus larges». Faute de définition claire, celle-ci peut englober ceux qui peuvent «s’acheter un avion sans sourciller» comme les 10% des Belges qui détiennent des actions. Voire, maintenant, ceux dont l’épargne-pension génère du rendement. Ce flou, toléré voire entretenu pour permettre la formation de la coalition, reste aujourd’hui entier. Et pendant que les mois passent, que les marchés fluctuent et que le déficit se creuse, les recettes potentielles de cette taxation deviennent de plus en plus incertaines.

Aujourd’hui, une question percole: les débats actuels ne contribuent-ils pas à épaissir ce brouillard, à dessein? Pariant sur l’idée qu’on peut atteindre une ligne d’arrivée, un caillou dans la chaussure.

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