Derrière ce compromis budgétaire conclu par le gouvernement Bart De Wever émerge la confirmation d’un éloignement du mantra initial de l’Arizona: rendre le travail plus rémunérateur.
Ce n’est pas un bon accord, mais bon, c’est un accord. Et il n’épargnera personne. C’est à peu près ainsi, entre fatalisme et stoïcisme, que Bart De Wever a qualifié le compromis atteint sur le budget pluriannuel par l’Arizona.
De fait, hormis les partenaires du gouvernement qui ont assuré la survie de leur coalition avec la concrétisation de cet exercice budgétaire compliqué et opposé un pied de nez médiatique à la contestation syndicale, difficile de trouver une catégorie sociale ou professionnelle qui ne soit directement touchée par l’accord. Certainement pas la classe moyenne, qui sera largement mise à contribution. Ni la culture ou le sport. Ni les épaules les plus larges, les pensionnés, les banques ou les PME. Ni même les finances publiques.
Mais derrière ce compromis qui ratisse large, émerge la confirmation d’une tendance, d’un éloignement du mantra initial de la coalition en place: rendre le travail plus rémunérateur. Le narratif avait déjà largement évolué sur cette pierre angulaire de l’Arizona. Les «500 euros supplémentaires dans la poche des travailleurs» de campagne étaient progressivement devenus un «différentiel de 500 euros entre les travailleurs et ceux qui ne travaillent pas» une fois le gouvernement en place.
L’accord budgétaire confirme la direction prise de rendre l’inactivité moins attractive.
L’accord budgétaire confirme la direction prise de rendre l’inactivité moins attractive, puisque outre la limitation des allocations de chômage dans le temps déjà en cours, le volet «remise à l’emploi des malades de longue durée» a été validé. La feuille de route acte désormais aussi que les travailleurs ne seront pas épargnés par les mesures d’austérité. En effet, le plafonnement de l’indexation devrait toucher au pouvoir d’achat de près d’un travailleur sur deux. Et pour cette catégorie de travailleurs, le risque existe que la mesure freine la productivité, la mobilité ou l’envie d’avancement de certains collaborateurs. Quant aux secteurs qui proposent généralement des salaires sous la médiane, la question des gains de compétitivité, qui viserait à soutenir l’activité et à rendre le travail plus attractif, reste posée.
Du côté des indépendants et des professions libérales, on savait les sociétés de management être dans le viseur du gouvernement. Mais le tour de vis budgétaire aura été plus sévère qu’attendu et ce sont donc la grande majorité des patrons de PME qui seront concernés par la manière dont ils se rémunèrent.
Et puis, surtout, plus discrètement mais tout à fait certainement, la réforme fiscale a été remaniée. Si le bonus à l’emploi, qui doit permettre de rapprocher le niveau de salaire net du brut, a été avancé d’un an, l’augmentation de la quotité exemptée d’impôt a, elle, été partiellement postposée. Cette mesure devait entrer progressivement en vigueur pour donner son plein potentiel en 2029. Mais cette dernière phase a été reportée à 2030. Or, son exécution devait réduire la charge fiscale de l’ensemble des contribuables, qui devait concourir à augmenter le salaire net en poche du travailleur. C’est désormais à la discrétion d’un prochain gouvernement.
Mais bon, c’est un accord. Et non, il n’épargne personne.