Anne-Sophie Bailly

2025, une année difficile pour la presse et sa liberté

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La Belgique ne fait pas exception à la détérioration de la liberté de sa presse. 2025 a vu se multiplier les recours aux procédures-bâillons et à la censure préalable comme les tentatives d’intimidation à l’égard de plusieurs rédactions.

Elle n’est pas la seule, mais les mutations auxquelles elle est confrontée sont à ce point profondes qu’elles en font un témoin clé de l’époque. La presse est en effet au cœur de basculements aussi divers que majeurs. Parmi ceux-ci et, à double titre, le recours accru à l’intelligence artificielle. Parce qu’en multipliant la diffusion d’informations non vérifiées, voire conçues de toutes pièces, l’IA contribue à gommer les frontières entre le vrai et le faux. A faire entrer le monde dans une ère de post-vérité dans laquelle chacun pourra choisir ce qu’il estime être réel ou artificiel, avéré ou inventé. Et, parce qu’en mettant gratuitement à disposition des contenus produits notamment grâce au travail des journalistes, elle oblige les groupes de presse à revoir un modèle économique déjà mis à mal par la concurrence des Gafam qui, avec leur collecte de données permanente, offrent aux annonceurs des profils de consommateurs plus ciblés que ne peuvent le faire des journaux ou des sites d’info.

Liberté de la presse

Ce bouleversement économique profond contraint les éditeurs à se rapprocher ou fusionner pour générer des économies d’échelle. Et, par voie de conséquence, à réduire le pluralisme comme la liberté de la presse.

Car si le principe d’une presse libre et indépendante semblait coulé de manière inébranlable dans les fondements d’une démocratie, il est pourtant aujourd’hui mis à mal par les difficultés financières de nombreux groupes médias. Avec le risque que la course à l’audience supplante la qualité de l’information, que la recherche d’une survie financière oblige les rédactions les plus précarisées à des compromissions ou à manquer de vigilance face aux tentatives de désinformation, que des caisses vidées transforment un média en proie pour un acteur financier désireux d’y imposer sa ligne éditoriale et son narratif. La Belgique ne fait pas exception à la détérioration de la liberté de la presse. 2025 a vu se multiplier les recours aux procédures-bâillons et à la censure préalable comme les tentatives d’intimidation à l’égard de plusieurs rédactions.

Malgré ce constat amer, nombre de journalistes poursuivent ce métier de vocation. Avec la motivation d’être autant les témoins d’une époque qu’ils racontent et au sujet de laquelle ils informent avec rigueur, que d’être des acteurs de cette société en mutation, en nourrissant le débat public au-delà de la polarisation et en contribuant à davantage de compréhension mutuelle. En rapportant des faits et en arpentant le terrain. En enquêtant et en divulguant. En interrogeant et en s’interrogeant.

C’est dans cet esprit que la rédaction du Vif vous propose en cette fin d’année une foule d’enquêtes, d’interviews, de reportages en format long. Bonne lecture.

La Belgique ne fait pas exception à la détérioration de la liberté de sa presse.

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