Gérald Papy

C’est la hess

Quand va-t-on prendre les problèmes de santé mentale au sérieux? (chronique)

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Face aux agressions meurtrières de Nantes et de Vancouver, les autorités prônent plus des mesures à la petite semaine que des réponses de fond. Cette inconsistance vaut aussi pour les actes d’islamophobie.

Une fin de semaine ensanglantée par des violences «civiles» à Nantes, Vancouver, et La Grand-Combe, une commune de 5.000 habitants pas loin d’Avignon dans le sud de la France, accroît le sentiment d’un monde de terreurs sans fin, à côté des conflits qui perdurent entre Ukraine et Russie, entre Israël et le Hamas, ou qui renaissent entre le Pakistan et l’Inde. Dans cet effondrement, bien nommer les faits devrait permettre de mieux définir les remèdes.

A Nantes le jeudi 24 avril, un ado de 16 ans pénètre dans le lycée privé où il est scolarisé, poignarde à mort une élève de 15 ans, et en blesse trois autres. Il est maîtrisé. Présentant des problèmes de santé mentale, il est interné en institution psychiatrique. L’enquête encore partielle le désigne comme un garçon «solitaire, suicidaire, et fasciné par Hitler».

A Vancouver le samedi 26 avril en soirée, un homme de 30 ans lance son véhicule SUV sur la foule rassemblée à l’occasion d’une fête de la communauté philippine de cette ville de l’ouest canadien. Onze vies sont fauchées en quelques secondes. Le meurtrier «a un historique important d’interactions avec la police et des soignants liés à la santé mentale», révèle rapidement un officier de police. L’hypothèse de l’action terroriste est aussitôt écartée.

Dans certains cas d’attentats perpétrés ces dernières années, l’explication de la déficience de santé mentale a été avancée et… souvent dénoncée par les plus virulents partisans de la lutte contre l’islamisme comme une excuse facile pour se soustraire à la réalité du terrorisme. Le trouble de santé mentale est pourtant, lui aussi, une réalité pouvant expliquer des passages à l’acte qui, en apparence, conjuguent tous les codes du terrorisme le plus ignoble.

A La Grand-Combe le vendredi 25 avril à 8h30, un homme de 20 ans s’introduit dans la mosquée Khadidja, s’entretient avec le seul fidèle présent, feint de vouloir prier à ses côtés, lui assène une quarantaine de coups de couteau, et se filme sur Snapchat devant sa victime agonisante… L’agresseur s’enfuit en Italie, met en alerte toutes les forces de l’ordre de la région vu sa dangerosité, avant de se rendre à des policiers d’un commissariat de Florence. Nulle indication par les autorités d’un problème de santé mentale dans son chef, même s’il avait exprimé sur les réseaux sociaux le souhait peu courant de «devenir un tueur en série». Il a été mis en examen pour «meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion».

La santé mentale, à Nantes et à Vancouver, et la xénéphobie ou l’islamophobie, à La Grand-Combe, sont les ressorts centraux pour cerner à ce stade ces violences. C’est pourtant pas sur ces défis que portent les réponses que les politiques ont avancées après ces drames. Renforcer la protection des écoles, des lieux de culte, ou des espaces de festivités culturelles est leur priorité, alors que pareilles mesures, qui ne pourraient être vraiment utiles que si elles étaient développées à très grande échelle, devraient être subsidiaires. Mais un grand plan de lutte pour les soins en santé mentale ou contre le racisme est moins immédiatement «vendeur» pour n’importe quel «responsable» politique.

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