L’Institut Albert II à Bruxelles rassemble la cancérologie adulte et pédiatrique au sein d’un même lieu. Une première en Belgique francophone.
Quand le roi Albert II a franchi, le 25 septembre 2025, le seuil de l’Institut flambant neuf qui porte désormais son nom aux Cliniques universitaires Saint-Luc, il ne s’agissait pas d’une simple inauguration. Ce geste résonnait comme une promesse: celle d’offrir, à chaque personne touchée par le cancer, un lieu où l’excellence médicale se conjugue enfin à la recherche, à la technologie et à l’humanité. Dans un paysage hospitalier souvent morcelé, cet institut s’impose comme un modèle d’intégration. En venant compléter l’offre déjà existante, comme l’Institut Jules Bordet, il apporte une réponse complémentaire: celle d’un centre où se rencontre, pour la première fois en Belgique francophone, la cancérologie adulte et pédiatrique au sein d’un même lieu. Cette particularité permet une continuité de prise en charge de l’enfant à l’adulte, et facilite la transition entre les âges, tout en évitant les ruptures souvent douloureuses que connaissent les jeunes patients. Ici, tous les cancers sont pris en charge: des formes les plus communes aux plus rares, des sarcomes aux cancers du pancréas ou du sein, des tumeurs oculaires à celles de l’ovaire ou de l’œsophage, sans oublier les cancers du sang. Chaque patient bénéficie d’un accompagnement pensé dans sa globalité, discuté par des équipes multidisciplinaires où se côtoient oncologues, chirurgiens, radiothérapeutes, radiologues, anatomopathologistes, généticiens et chercheurs. Ensemble, ils affinent le diagnostic et le plan thérapeutique.
Chaque patient bénéficie d’un accompagnement discuté par des équipes multidisciplinaires.
Le système belge, même reconnu pour sa qualité, souffre d’un éclatement structurel: services éparpillés, délais d’attente croissants, complexité administrative, épuisement du personnel. Les patients, eux, se retrouvent souvent à parcourir plusieurs hôpitaux pour un seul traitement, multipliant les trajets, les examens, les angoisses. En réunissant en un seul lieu l’oncologie et l’hématologie adulte et pédiatrique, la recherche clinique et les soins de support, l’Institut Roi Albert II offre ce que la médecine moderne appelle désormais un continuum de soins. Avec 72 lits pour adultes, 18 pour enfants, 71 places d’hospitalisation de jour, 50 cabines de consultation et des espaces pensés pour le bien-être, le centre replace le patient au cœur du dispositif. Ici, la technologie ne déshumanise pas, elle soutient. En intégrant la recherche de phase 1 et des thérapies innovantes, en collaborant avec des réseaux européens, il affirme une exigence d’excellence partagée.
Mais c’est aussi dans sa philosophie du soin que réside sa vraie révolution. Ici, le patient n’est pas réduit à sa tumeur, il est accompagné dans toutes ses dimensions: psychologues, kinésithérapie adaptée à chaque étape d’hospitalisation, diététiciens, spécialistes du bien-être interviennent aux côtés des médecins. Autant de pratiques qui rappellent que la guérison ne se mesure pas qu’en taux de survie, mais aussi en qualité de vie.
Dans le regard du roi, ce jour-là, il y avait sans doute un signal à tous ceux qui se battent pour que la maladie ne soit plus un parcours d’obstacles. Mais un combat pour que l’excellence médicale et la dignité humaine marchent de pair afin de la combattre.