Benjamin Hermann
Le lieu commun de Benjamin Hermann | Yvan Verougstraete ne ressemble-t-il pas (un peu) à Maxime Prévot?
Yvan Verougstraete est devenu le président des Engagés. Succéder à Maxime Prévot: la tâche ne sera guère aisée. A moins qu’il décide de se transformer en Maxime Prévot, un processus qui pourrait avoir déjà débuté.
Président des Engagés, élu avec 89,3% des suffrages. Yvan Verougstraete était finalement le seul candidat à la succession de Maxime Prévot. Ce dernier l’avait déjà adoubé, en le désignant vice-président, puis président ad intérim lors de son départ vers le gouvernement. Tout de même, c’est avec un score plus qu’honorable que le citoyen de Woluwe-Saint-Pierre a accédé à la tête du parti turquoise.
La tâche ne sera guère aisée, à plus d’un titre. Il conviendra d’assumer la présence au sein des gouvernements, en particulier l’exécutif fédéral, tout en affirmant la ligne du parti. Cette «particip-distanciation», comme il le dit, constitue après tout le job d’un président de parti. Ne pas se désolidariser, tout en maintenant la distance nécessaire. Yvan Verougstraete, en tant que Bruxellois, aura aussi pour mission de poursuivre l’essor des Engagés dans sa Région, où la performance électorale de juin 2024 était moins flamboyante qu’en Wallonie.
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Il est défini comme un homme de défis. Issu de la société civile, fondateur des parapharmacies Medi-Market, il fut désigné Manager de l’année en 2019. En 2022, il rejoignit Les Engagés, mouvement politique fraîchement bâti sur les cendres du CDH. Le succès électoral fut au rendez-vous deux années plus tard. Lui a été élu député européen, fort d’un score honorable (mais pas mirobolant). Cela lui a donné l’avantage, sans doute, de faire campagne dans l’ensemble de la Belgique francophone. Voilà une série d’atouts qui font probablement de lui la bonne personne pour maintenir Les Engagés à un étiage élevé, voire les faire progresser.
Sa principale difficulté, en définitive, pourrait bien être de succéder à Maxime Prévot. Pas parce que le Namurois a échoué dans son entreprise de redressement, que du contraire, mais précisément parce qu’il incarne le parti. Malgré lui, peut-être. Il faudra le faire oublier, au moins un peu.
A moins que, soyons un poil taquin, Yvan Verougstraete se transforme en Maxime Prévot, littéralement. Au moyen d’une métamorphose parfaitement mimétique, en quelque sorte. A vrai dire, ses premières prises de parole de président ressemblent déjà à s’y méprendre à celles de son prédécesseur. Potentiellement, cela fait du Woluwéen un excellent président des Engagés.
Il manie lui aussi cet art de la formule centriste, bien sentie, qui laisse transparaître un engagement radicalement modéré, nuancé et équilibré, comme il se doit. «Il faut voir loin, parler vrai mais surtout agir juste», a-t-il déclaré, à peine élu président. Ou encore, «le vrai courage n’est pas de rester bloqué sur des postures mais de s’engager pour le bien commun». Comment lui donner tort?
Et puis, comme il l’a exprimé devant une caméra de télévision, «le plus facile, c’est de définir la destination. Le plus compliqué, c’est, dans ce chemin-là, de ne pas perdre la moitié des wagons». Cette parabole le guidera peut-être au moment de conduire son parti vers les prochaines échéances électorales.
Il ajoutera éventuellement que l’essentiel en politique est «de penser aux prochaines générations et non aux prochaines élections». Alors, la métamorphose sera parachevée.
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