La trêve estivale est souvent synonyme de vacances pour les responsables politiques. Enfin, même en période d’accalmie, on fait passer des messages, d’une manière ou d’une autre. Avec plus ou moins de subtilité.
Le Premier ministre français a communiqué cette petite injonction à son équipe juste avant les congés, rapporte un média français. «En vacances, mais pas trop», a dit François Bayrou. On est en congé, peut-être, mais on a du pain sur la planche.
Et on ne laissera pas circuler cette idée qu’on se tourne les pouces, est-on tenté d’ajouter. Des vacances, peut-être, mais des vacances studieuses.
On ne sait pas si le Premier ministre ou des ministres-présidents ont transmis ce type de message à leurs collègues. Mais en Belgique aussi, on part en vacances, mais pas trop. On a tout donné en juillet, on s’apprête à reprendre de plus belle.
On souffle un peu, c’est bien normal. Mais on ne souffle pas n’importe comment. Souffler n’est pas neutre, on peut le faire nationalistement, écologistement ou libéralement, par exemple.
Sur les réseaux sociaux, on choisit de diffuser des images de soi au 21 Juillet, à tel festival, à la foire agricole, au Grand Prix, en escapade quelque part en Wallonie ou à l’autre bout du monde, en train de bouquiner, de gravir le mont Ventoux ou de siroter un verre. On peut choisir de ne pas communiquer sur ces petites parenthèses estivales, aussi. L’observation vaut pour les politiques, comme pour tout le monde d’ailleurs: nos vacances racontent pas mal de choses de nous.
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Bart De Wever est espiègle, un poil sarcastique parfois. Il en a fait sa griffe. Alors, en vacances en Afrique du Sud, il se photographie aux côtés d’une dizaine de crocodiles et commente, en néerlandais, que lui voulait juste «s’éloigner des (autres) vieux crocodiles», ceux qu’il côtoie le reste du temps.
Il se fait qu’il est nationaliste, aussi. Donc, lorsqu’il croise un lion, il se prend encore en photo à ses côtés et affirme, taquin, avoir retrouvé le Vlaamse Leeuw. Lorsqu’il s’agit de communiquer, même la ménagerie sud-africaine fait l’affaire. Ce n’est pas bien méchant et ça remet les pendules à l’heure.
Il existe d’autres manières de procéder, évidemment. Lorsqu’on est ministre de la Défense et qu’on s’appelle Theo Francken, on peut s’afficher en train de lire le récent ouvrage d’un expert en géopolitique, qui propose de fournir des clés pour comprendre ce Moyen-Orient si complexe. On est en vacances, mais pas trop.
Chez les libéraux? On ne s’affiche manifestement pas trop en vacances, ce qui est assez révélateur, au bout du compte.
Il y a quelques semaines, le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, entre deux réunions parmi les hautes sphères internationales, s’affichait en Vespa et en famille. Dans le Namurois, évidemment, parce qu’il vient de là et qu’il n’oublie pas ses fondamentaux.
On peut aussi être coprésident écologiste et partir le plus sobrement du monde, en Bretagne, pour se ressourcer et profiter des choses simples, mais essentielles. Ou ancien Premier ministre socialiste et retrouver la terre italienne de ses ancêtres, c’est précieux. On être ministre de la Justice, chrétienne-démocrate, et participer au Jubilé des jeunes, à Rome, pour cultiver ses convictions morales et religieuses.
Ce sont autant de petits instants de grande importance qui permettent de souffler. En prenant soin de le faire savoir un peu, mais pas trop.
« Je voulais juste m’éloigner des (autres) vieux crocodiles. »