Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: pourquoi les femmes se brossent davantage les dents que les hommes

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Selon une récente étude de Sciensano, les femmes se brossent beaucoup plus les dents que les hommes. Qui usent ainsi de leur «privilège de saleté».

Bruxelles. Sa Grand-Place, ses gaufres, son Manneken-Pis et… son brossage de dents. Ainsi, 73,5% des habitants de la capitale s’astiquent les chicots au moins deux fois par jour, contre seulement 55,1% et 55,8% de ces petits cochons de Flamands et de Wallons. La récente étude de Sciensano sur l’état de santé des Belges, dans son chapitre consacré à la santé bucco-dentaire, révèle un autre détail intrigant: 64,8% des femmes déclarent se brosser les dents au moins deux fois quotidiennement, contre 49,7% des hommes.

Détail intrigant, mais certainement plus explicable que cette surprenante spécificité bruxelloise. D’autres études ont démontré cette dimension genrée, par exemple aux Etats-Unis ou encore en Roumanie. Sous toutes les latitudes, apparemment, ces dames prennent davantage soin de leur dentition. Y compris en matière de nettoyage des espaces interdentaires, précise ainsi Sciensano («la proportion de femmes déclarant [les] nettoyer au moins deux fois par jour (13,2 %) est supérieure à celle des hommes (8,2 %)»). D’autres analyses établissent par ailleurs que les patientes sont plus assidues que les patients à se rendre chez le dentiste.

Les différences de genre s’immiscent décidément partout, même entre deux plaques de tartre

Cette réalité statistique ne relève en rien d’un hasard: les différences de genre s’immiscent décidément partout, même entre deux plaques de tartre. Ce frottage d’émail plus fréquent, côté dame, rappelle d’abord que «féminité» rime souvent avec «propreté». Pas d’odeur de transpiration, pas de poils, pas de flatulences, pas de cheveux gras, pas d’haleine de chacal. Toujours bien propres sur elles, c’est ce qu’on leur inculque.

Puis de belles dents bien alignées, parce qu’on le leur répète, dès leur plus jeune âge, de toujours bien sourire, partout, tout le temps, en toutes circonstances. Car «sourire, chez les grands primates, chez les animaux, c’est montrer qu’on n’est pas dangereux. Donc les femmes doivent prouver en permanence qu’elles ne sont pas dangereuses», indiquait en 2017 l’autrice féministe Brigitte Laloupe dans un reportage de Franceinfo.

D’ailleurs qui pourrait citer un homme célèbre ayant de piètres canines ou des incisives bancales? Tandis que les dentitions de Céline Dion (avant les implants), Laetitia Casta, Charlotte Le Bon ou Aimee Lou Wood font même l’objet de nombreux articles. Comme s’il était intolérable d’être jolie, célèbre, mais imparfaite buccalement parlant.

Pas étonnant qu’inconsciemment, les femmes brossent plus fréquemment. Le marketing, jamais avare en exploitation de stéréotypes de genre, n’a de toute façon pas manqué de le leur rappeler. Il suffit de taper «publicité dentifrice» dans Google: quasi que des dames sur les affiches, signe qu’elles sont censées non seulement prendre bien soin de leur santé buccale, mais également acheter un tube pour que le reste de la famille puisse faire de même.

Alors que la négligence reste plutôt associée à la virilité. C’est vrai, quoi: les hommes disposent du privilège de la saleté. Roter. Péter. Pisser dans la rue. Peu se soucier d’une barbe hirsute et de cheveux gras. Ne pas être gêné si des auréoles apparaissent sous les aisselles. Sentir le mâle. Porter des vêtements froissés, ou plus très frais. La fameuse blague du slip porté deux jours de suite, à l’endroit puis à l’envers, ne passe bizarrement pas pareil avec un string…  

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